Il vous faudra acquérir un peu de nouveau vocabulaire pour les besoins de cette chronique. Et comme ce nouveau vocabulaire est anglophone – tout ceci se passant surtout (pour le moment?) dans des universités anglophones –, je vous propose un petit lexique débroussaillant ces nouvelles pratiques qu’on retrouve, à des degrés variables, à l’université.
Un nouveau vocabulaire
Avertissement préventif (trigger warning): cela consiste à prévenir les étudiantes et les étudiants qu’une lecture, un film ou un document contient des idées, des scènes, des passages pouvant les offenser. Exemple: le roman, la pièce ou la nouvelle que vous allez lire contient des passages sexistes.
Microagressions (microagressions): ce sont des insultes et des dénigrements, possiblement involontaires, de personnes et de groupes marginalisés, typiquement commis à travers des actes de parole par des membres de la culture dominante. Exemples: «Tu es asiatique? Tu dois être bon en maths!»; «Je pense que c’est à la personne la plus compétente que l’on devrait accorder le poste» (authentique, cela provient des universités de Californie; voyez-vous pourquoi c’est présumé constituer une microagression?).
Appropriation culturelle (cultural appropriation): c’est l’appropriation, qu’on déplore, par une personne, une institution, une tradition, d’un ou plusieurs éléments d’une autre culture, laquelle, typiquement, est dominée par la culture qui se l’approprie. Exemples: porter un costume amérindien à l’Halloween; l’Université d’Ottawa annulant des cours de Yoga.
Ne pas donner de tribune/désinviter (no platform/disinvitation): cela consiste à refuser la présence, sur le campus, d’une personne ou d’un groupe dont on déplore les idées ou encore certains sujets. La personne, les idées ainsi écartées sont typiquement importantes et disposent d’autres tribunes pour se faire entendre ou connaître. Exemples: la Brandeis University qui annule la remise d’un diplôme honorifique à Ayaan Hirsi Ali, en raison de protestations de gens sur le campus qui déplorent sa critique du traitement des femmes par l’Islam; l’annulation de prises de parole par Condoleezza Rice ou Christine Lagarde; l’annulation, à l’Université d’Oxford, d’un débat sur l’avortement.
Espace protégé (safe space): un lieu dans lequel des personnes peuvent se réfugier pour être à l’abri de ce qui les dérange ou les rend inconfortables (des idées, des mots, des gestes…).
Vous avez deviné qu’il se passe, dans les universités où se déploient ce vocabulaire et les pratiques correspondantes, bien des choses qui font jaser, des choses qui pourraient apparaître ici, voire qui ont commencé à apparaître.
Je ne veux surtout pas donner l’impression que tout cela est anodin ou simple, ni qu’il arrive qu’il soit légitime d’interdire un propos, même au sein de l’université; je veux encore moins laisser entendre que je suis insensible au fait que des idées, des personnes, des pratiques, des propos puissent être offensants pour certains, voire dommageables. Si le cas se présente, il peut tout à fait être opportun d’intervenir.
Cela dit, je veux aussi rappeler pourquoi il ne peut s’agir que de cas extrêmes, rares, et de solutions de derniers recours, et aussi pourquoi l’université anglophone, en se muselant comme elle semble parfois le faire, commet une grave erreur.
Pour une université où l’on débat
La position de base, à l’université, doit en effet être que l’on peut y débattre de toutes les idées – c’est même pour cela que les universités existent –, ce qui implique, pour ceux et celles qui la fréquentent, un devoir de ne pas être ni constamment ni facilement offensés. La protection de la liberté d’expression à l’université devrait en fait y être plus grande encore qu’à l’extérieur de l’université, puisque la liberté universitaire la plus extensive possible est une condition de la santé de la vie de l’esprit.
Pire encore, peut-être: le fait de ne pas accorder de droit de parole à un discours signifie ne pas accorder de droit de parole à sa réfutation. On oppose souvent à cet argument que ces propos qu’on veut interdire sont déjà abondamment entendus. Mais il me semble que c’est là une raison de plus de ne pas se priver de les réfuter et de ne pas laisser à leurs promoteurs la possibilité de prétendre que même l’université a peur de se frotter à eux et préfère les censurer.
De plus, le fait d’être indigné est profondément subjectif, et à défaut d’une définition objective et d’une mesure crédible du tort subi par un propos, un geste, une idée, on court le risque de censurer pour de simples inconforts et même d’entrer dans une sorte de spirale de l’indignation et des revendications de protection, d’exclusion et de censure. Il n’est pas anodin qu’il existe désormais, en anglais, un terme pour désigner précisément cela, un terme qu’il faudra ajouter au précédent lexique, censorship envy, qui est une sorte de jalouse convoitise de la censure obtenue par autrui. Et puis, il faut bien le dire: l’inconfort, l’indignation sont des choses qui font nécessairement partie de l’éducation universitaire et de l’exploration des idées.
Je trouve encore inquiétant, voire troublant, que l’indignation morale tienne à l’université, lieu de réflexion, et je ne peux m’empêcher de voir un déplorable aspect de la gauche politique dans cette substitution des indignations morales souvent faciles de la rectitude politique au véritable travail militant et au travail de la pensée qu’il présuppose.
Reste la question de l’appropriation culturelle. Là encore, je ne veux pas nier qu’elle nous pose parfois des défis éthiques et intellectuels qui ne sont pas toujours faciles à résoudre.
Mais je ne peux m’empêcher de penser que la rencontre des cultures, à l’écart de tout moralisme facile et de tout relativisme suicidaire, est elle aussi une condition nécessaire de la santé de la vie de l’esprit. Je citerai donc mon cher Tagore à ce sujet: «Aussitôt que nous comprenons et apprécions une production humaine, elle devient nôtre, peu importe sa provenance. Je suis fier de mon humanité quand je peux reconnaître et apprécier les poètes et les artistes de pays autres que le mien. Qu’on me laisse goûter cette joie sans mélange de savoir que sont miennes toutes les grandes gloires de l’humanité.»
En lisant votre propos, je n’ai pu m’empêcher de penser au sort que le Québec a réservée à la députée européenne Mme Le Pen. Le gens ont eu peur en l’invitant, d’être coupable des propos qu’elle tient au lieu de les confronter et de discourir sur la position du FNL . Je trouve que c’est une attitude de peureux. Quand nous avons des arguments, ils ne faut pas avoir peu d’en débattre surtout quand on se pense intellectuel!
Le cas de Mme LePen oubplus généralement du fascisme est à mon sens bien différent mais aussi la racine de cette culture du safespace à tout prix. La logique de Madame LePen est simple mais très biaisé et ne tiendrais pas 5 minutes dans un vrai débat. Cependant, son discours n’utilise presqu’exclusivenent que des sophismes émotifs, majoritairement la peur et la fierté nationale, pour passer son point. On sait aussi que peut importe le débat qui se passera, elle en sortira plus forte puisque les gens sont porter à croire c’est propos pour leur simplicité et non leur véracité. C’est ce que Hitler à fait, W. Bush en a abuser, Trump reproduit le même « pattern » et chaque fois qu’un argument logique l’attaque, il s’enfonce dans de plus profonds illogisme que la population préfère croire plutôt que de peser chaque argument.
En bref, donner un droit de parole aux fascisme en citant la liberté d’expression, c’est plutôt contre productif et dangereux pour l’avenir d’une société
Le peuple étant trop con, il est donc du devoir des illuminés de la censurer? Chaque propos mensonger peut être réfuté. Si elle dit des énormités sans sens, détruisons ses arguments, mais si nous la muselons partiellement (car nul ne peut être réellement tu) il restera certainement une bonne base qui la supportera sous prétexte que l’élite manipulatrice veut conserver son pouvoir malsain. Laissons parler les menteurs et ensuite démontrons la stupidité de leur discours.
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AXEL: Vous êtes drôle vous, comme si Marine Le Pen ne faisait pas de vrai débat en France. Elle a débattuavec Zemmour, Melanchon, Juppé et plusieurs des plus grands débatteurs francais…
Le simple fait de parler de «Mme LePen ou plus généralement du fascisme» fait de vous un non débatteur et elle vous mettrait dans sa petite poche comme elle a fait avec Anne-Marie Dussault.
Je me permets de sortir du sujet, en constatant les commentaires sur Marine Le Pen. La réception accordée à cette dernière fut la même pour d’autres: sortir les démons du placard, des mots lourds de sens, pour traiter de l’actualité sans informer la population. Un exemple fut dénoncé par Robin Philpot sur les ondes de CIBL FM. Au lancement d’un livre coécrit avec Normand Lester sur les Commandites, la SRC l’a présenté comme un souverainiste, un candidat péquiste défait, etc. Une impression de vouloir le dénigrer pour dire à la population que son livre, dont le contenu ne fut pas abordé, ou très peu, était une feuille de choux. Pour Le Pen, je me serais attendu qu’on questionne les raisons de sa critique de l’Accord économique commercial global (AECG). Un accord critiqué par un socialiste français (j’oublie son nom), dont la volonté de revoir l’article 33 semble avoir indisposé Philippe Couillard en 2014. Le droit de savoir qu’au Québec et au Canada, le silence qui se retrouve autour de l’AECG semble s’étendre partout, même à gauche, alors que la France bouge sur ce dossier. De là, il faudrait se demander si le traitement réservée à Marine Le Pen fut une tentative pour rester loin de certains dossiers et plus particulièrement de cette tendance à éviter les référendums pour faire entériner des accords par la population. Bref, comme pour des souverainistes, certains intellectuels ou même des artistes de la marge, on prétexte l’allégeance, les associations et les idées, pour se donner le droit de discréditer des individus plutôt que de débattre de leurs œuvres. Et plus cela s’étend, plus nous risquons d’inventer de nouveau mots pour transformer un opposant à un accord tel l’AECG (un exemple) en un indésirable qui doit se retirer du paysage s’il ne veut pas devenir un harceleur aux traits terroristes. Plus nous acceptons de multiplier les moyens pour que les mots puissent s’ancrer dans l’esprit et d’accepter aussi l’idée que des réseaux sociaux servent à démasquer les têtes dures et à tracer leur profile d’éducation qui donnerait le prétexte pour changer le programme de certains cours, éviter certains enseignants, voir opter pour la disparition de cours…
(ceci est une copie d’un post sur FB, dans un débat sur le même texte)
Moi je trouve ce texte plutôt pertinent. Il existe effectivement à mon avis une distance de plus en plus grande entre le discours universitaire et celui pratiqué justement par ceux qui n’y sont pas. Moi, ce recours au « malaise » justement, m’a toujours mis mal à l’aise. Un exemple: dans une dépêche du journal la semaine dernière, le journal métro rapportait que les médias avaient été invité à une AG syndicale du SÉTUE (le syndicat des auxiliaires étudiants de l’UQAM) pour ensuite être désinvité parce que quelqu’un avait un malaise avec la présence de médias. Disons que j’avais été membre du SÉTUE, et que moi j’avais eu un malaise avec le fait d’avoir l’air ridicule dans l’opinion publique d’inviter les médis pour ensuite les flusher, trouvant par là qu’il s’agit d’une stratégie complètement contre-productive, lequel de nos deux malaises aurait eu préséance. Ok, je n’étais pas à cette assemblée et je n’ai pas les détails, mais j’essaie juste d’illustrer que le fait de faire de la politique en fonction des « malaises » de tout un chacun me semble un sacré cul de sac. La politique – et l’université – et je crois que c’est que semble vouloir dire Normand Baillargeon, c’est justement la confrontation et le choc des idées.
Moi je trouve ce texte plutôt pertinent. Il existe effectivement à mon avis une distance de plus en plus grande entre le discours universitaire et celui pratiqué justement par ceux qui n’y sont pas. Moi, ce recours au « malaise » justement, m’a toujours mis mal à l’aise. Un exemple: dans une dépêche du journal la semaine dernière, le journal métro rapportait que les médias avaient été invité à une AG syndicale du SÉTUE (le syndicat des auxiliaires étudiants de l’UQAM) pour ensuite être désinvité parce que quelqu’un avait un malaise avec la présence de médias. Disons que j’avais été membre du SÉTUE, et que moi j’avais eu un malaise avec le fait d’avoir l’air ridicule dans l’opinion publique d’inviter les médis pour ensuite les flusher, trouvant par là qu’il s’agit d’une stratégie complètement contre-productive, lequel de nos deux malaises aurait eu préséance. Ok, je n’étais pas à cette assemblée et je n’ai pas les détails, mais j’essaie juste d’illustrer que le fait de faire de la politique en fonction des « malaises » de tout un chacun me semble un sacré cul de sac. La politique – et l’université – et je crois que c’est que semble vouloir dire Normand Baillargeon, c’est justement la confrontation et le choc des idées.
Vous avez tellement raison de mettre ce sujet sur la table! Comme on peut le lire dans cet autre article récent, la situation risque d’empirer : http://www.secularism.org.uk/news/2016/03/46-percent-in-england-support-legal-limits-on-free-speech-where-religion-is-concerned-poll-finds
Si les jeunes sont convaincus à l’école et par l’école que la discussion elle-même est une agression, comment va évoluer notre société? Et comment pourront-ils se forger une opinion solide? Certains sujets sont ainsi devenus interdits de discussion : islamisme, critique des religions, affirmations des transgenres, immigration, etc. Comme le disait récemment une journaliste dans le Monde diplomatique, maintenant il faut «frémir plutôt que réfléchir» https://www.monde-diplomatique.fr/2016/02/ROBERT/54709
Merci pour ces réflexions qui arrivent à point dans la situation intellectuelle des universités. Dans la suite de la citation de Tagore j’ajoute celle de T. Todorov sur les sciences sociales dans son livre « Les morales de l’histoire » qui développe un tout autre sens de la morale. Plutôt qu’une conception transcendante de la morale, une morale résultante des apprentissages sociaux qui dépassent tant l’ethnocentrisme que l’identification totale à l’Autre afin de découvrir la pluralité des Autres et de soi au fondement de l’individuation sociale (donc non relativiste puisqu’il y a des apprentissages différenciés). Cette position permet d’informer la morale de la constitution relationnelle i.e. sociale de la pensée et ainsi dépassé une conception des êtres en termes strictement substantifs, êtres muent par des intérêts qui s’affrontent, conception qui vient légitimé la réduction de la connaissance humaine au politique voire au contrôle politique de la pensée des Autres. Tout ceci n’est guère compatible à l’espace intellectuelle universitaire qui n’a pas comme finalité le politique mais l’activité de connaissance en soi. Réduire la connaissance au politique comme à l’économique n’est guère mieux.
Ouf, j’croyais jamais que « la gauche » (pour peu ça veuille dire quoi que ce soit) en vienne à considérer comme oppressifs des safe space. C’est trahir une profonde incompréhension de ce que ça signifie un endroit safe et sécuritaire au sein d’une culture du viol, culture qui, eh oui messieurs! se perpétue au sein même de nos beaux établissements universitaires, hauts lieux de savoir et d’émancipation. Mais, malheur, le savoir ne se limite pas à ce que les théoriciens « de gauche » ont à nous dire sur la liberté d’expression; le savoir concerne une compréhension des conditions effectives d’oppression qui ont lieu chaque jour sur les campus et qui ne se réduisent pas seulement à des « t’es asiatique, donc t’es bon en math ». On parle de cas, à l’uqam par exemple, où des agresseurs ont pu continué à côtoyer les mêmes cours que les survivantes et où les menaces de viol sont choses fréquentes et banales. Inquiétant et troublant de dénoncer l' »oppression » de ces formes de résistance quand on ne les vit pas au quotidien et qu’on baigne dans le confort de nos privilèges d’hommes blancs.
Contente de voir que je ne suis pas la seule à être troublée par cette perception des mouvements anti-oppression. Heureuement, elle semble plutôt liée à une incompréhension qu’à une mauvaise foi de la part de monsieur Baillargeon.
Les inter-sectionnels en pleine olympique de l’oppression sont les premiers responsable de cette débâcle intellectuelle.
Vous avez lu le texte sous une lorgnette idéologique, mélangez tout et êtes passé complètement à côté de l’essentiel du texte. Respectueusement, apprenez à accepter la critique de vos idées et de vos concepts. Utiliser les notions vagues et critiquables (encore une fois) de « privilège d’homme blanc et de culture de viol » comme seuls arguments démontrent bien à quel point le problème est bien réel……
MELINA VALCOURT-LASALLE
Je ne sais pas si vous réalisez mais vous parlez d’un militant de longue date, d’un prof universitaire et d’un de nos plus grands intellectuels publics ici. Si vous voulez l’accuser de ne pas comprendre vos idées et vos concepts, libre à vous. Mais faudrait peut-être spécifier ce que vous pensez qu’il ne comprend pas exactement…..
Bonjour Monsieur Baillargeon. Je n’ai pas le temps de vous écrire une réponse bien structurée, en profondeur et rigoureuse à propos de cette article (ni de le relire d’ailleurs). Toutefois, je trouvais important de vous signifier qu’à mon sens la présentation que vous faites des différents concepts tel les microagressions et l’appropriation culturelle est très réductrice. Ceci est d’autant plus triste que ces sujets sont très méconnus dans les milieux francophones. Je me demande d’ailleurs si d’une lecture plus poussée de votre article, on ne pourrait pas y déceler quelques sophismes. Relier les concepts nommés plus haut à de l’inconfort et de la rectitude politique est non seulement réducteur (et à mon avis complètement faux), mais passe complètement à côté des réflexions (et des lectures et des apprentissages) nécessaires sur le racisme, les privilèges blancs et le colonialisme. Vous me direz peut-être que tel n’était pas le sujet que vous désiriez aborder dans votre article. C’est justement un très grand privilège blanc que de ré-orienter constamment les conversations collectives et de pouvoir ainsi toujours au final déterminer ce qui sera, et ne sera pas, débattu collectivement. Avant de pouvoir bien se positionner moralement et éthiquement sur ces sujets, si nous voulons (les personnes blanches) avoir des opinions éclairées qui ne reconduisent pas la domination blanche, nous avons énormément d’apprentissage à faire (et je dirais même de rattrapage et de mise à niveau) au sujet (entres autres) des luttes antiracistes et des enjeux qui y sont associés.
Merci pour votre commentaire, vous mettez en mots ma colère et mon malaise suite à la ecture de ce professeur que j’estime.
« toujours au final déterminer ce qui sera, et ne sera pas, débattu collectivement »
Ironique, considérant que M. Baillargeon veuille ouvrir l’université à tous les débats, pas seulement ceux sélectionnés par une minorité morale, notamment à travers le no-platforming. Si les concepts énoncés dans l’article sont effectivement pertinents à certains égards, souvent ils ne sont pas plus compris par ceux qui les utilisent pour délégitimiser des discours qui les contrarient.
Prenons l’exemple des microagressions. Il n’y a rien de mal à faire ressortir les sous-entendus problématiques de certains discours en les nommant et suggérer aux gens de faire attention à ces pièges dans lesquels ils peuvent tomber sans le vouloir et qui participent de la marginalisation de certains groupes. Un problème survient par ailleurs quand on se sert du terme microagression pour faire taire un débat d’idées sans se soucier des intentions de notre interlocuteur.
Ainsi, quelqu’un qui énonce l’exemple classique : « Je pense que c’est à la personne la plus compétente que l’on devrait accorder le poste » peut le faire dans le cadre d’un débat sur l’action positive. Cette dernière qui, non seulement peut prendre plusieurs formes et se justifier selon différents idéaux, mais peut aussi être remplacée par d’autres dispositifs de manière à répondre du même souci de justice. Quoiqu’il en soi, le sous-entendu voulant que les populations en sous-emploi le soi à cause d’un déficit de compétences est absent et l’université est certainement l’endroit pour tenir ce genre de débat. Mais quand on assume a priori que l’action positive est la seule position morale acceptable, le débat n’a pas sa place comme sa conclusion est déjà tracée et le concept de microagression peut être instrumentalisé à cet effet.
Bref, le débat s’ouvre sur des néologismes qui se sont diffusés très rapidement, surtout comme buzzwords grâce à internet, et dont la compréhension n’est pas de niveau académique pour la plupart des usagers, même étudiants.
Et là on ne parle pas encore de la censure institutionnelle elle-même qui me semble être la cible principale de cet article et sur laquelle M. Baillargeon a parfaitement raison, alors que l’action militante semble se concentrer en partie sur le contrôle effectif de la parole alors que ce n’est et ne doit pas être le rôle de l’administration universitaire.
Ah oui. Il manquait justement le concept prêt à penser « privilège masculin blanc » provenant du vocabulaire des guerriers de la justice sociale.
Merci d’alimenter le stéréotype.
Respectueusement, vous avez fait une lecture de ce texte sous une lorgnette idéologique. Mr Baillargeon critique justement cette idéologie et les concepts qui s’y rattachent. N’oubliez pas que tout ce que vous considérez personnellement comme étant une vérité absolue (notamment la notion de privilège blanc) n’en est pas une pour tout le monde. Mr Baillargeon ne ré-oriente aucunement les « conversations collectives », il exprime son point de vue. Et il n’a pas besoin de se faire donner une leçon de morale sur ce qu’il devrait ou non dire basé sur votre grille d’analyse personnelle, ni n’a besoin de se faire rééduquer pour « bien penser » i.e. penser comme vous.
J’abonde aussi dans ce sens.
Je ne vais pas répondre en long et en large, mais voici un petit article humoristique sur le sujet qui est un début de piste de réflexion:
http://www.cracked.com/blog/5-ways-oversensitive-people-are-ruining-america/
Merci d’avoir aussi bien formuler ce qui pose problème dans cet article! Quand on est rendu à penser insulter quelqu’un en le traitant de guerrier de la justice sociale, on peut se demander si on prend vraiment la justice sociale au sérieux…
Ou bien on pourrait utiliser ces deux articles sur le sujet comme début de piste de réflexion, c’est selon:
https://www.washingtonpost.com/opinions/liberal-but-not-tolerant-on-the-nations-college-campuses/2016/02/11/0f79e8e8-d101-11e5-88cd-753e80cd29ad_story.html
http://heterodoxacademy.org/2015/09/23/how-marcuse-made-todays-students-less-tolerant-than-their-parents/
Je suis sincèrement désolée pour le ton moralisateur de mon premier message et désolée également de ne pas avoir réussi à m’exprimer de manière plus respectueuse.
Bon, dernière exception à ma règle de ne jamais écrire dans les sections commentaires:
Merci Antonis Labbé d’avoir pris le temps d’écrire une critique de ma critique, je l’ai lu avant-hier et j’en avais pris bonne note. Comme vient de si bien le faire remarquer Aziz Djaout dans son excellent texte Les victimes de la tolérance https://ricochet.media/fr/1041/les-victimes-de-la-tolerance
« on ne critique pas ce ou ceux que l’on méprise. Le mépris, quand il ne pousse justement pas à l’insulte, mène tout au plus à l’indifférence. La critique, au contraire, est un don que l’on offre le plus souvent à ceux qui comptent pour nous.»
Donc, merci d’avoir considéré que je valais le temps d’une critique.
Il me semble que cet article, fort intéressant et qui pose de bonnes questions, n’insiste toutefois pas suffisamment sur une distinction fondamentale : l’éthique de la discussion (qui permet de remettre en question les préjugés en exposant des idées) et la propagande (qui impose des réponses via un message formaté).
Pour ma part, même si certains concepts abordés plus haut me semble un brin alambiqués, j’estime qu’ils ont leur place dans le cadre d’un débat honnête. Or, force est de constater qu’ils sont plus souvent qu’autrement employés -enfin, je parle de mon expérience personnelle- comme arme pour excommunier certains individus dans le cadre non pas de discussions, mais de luttes de pouvoir. Toutefois, je me garde de lancer la pierre à ces jeunes qui découvrent et apprennent à vivre en conformité avec les idées de «gauche» pour la simple et bonne raison qu’ils subissent eux-même quotidiennement la violence de la propagande «d’en face».
Dans une société de plus en plus hiérarchisée, il devient presque impossible d’entrer en dialogue avec les «autorités». L’idée d’essayer d’obtenir une réponse honnête de la part d’un politicien (ou de toute autre personne en position de pouvoir) dans le cadre d’une «débat public» trahit, malheureusement, une grande naïveté de sa part. Peu importe la question, on entend toujours le ronron de la cassette… le ton condescendant en prime. Pour contrer cet état de fait, pour plusieurs, la stratégie la plus adéquate devient alors l’affrontement décliné dans un spectre allant de l’utilisation de diverses stratégies d’exclusion à la confrontation pure et simple.
À mon sens, il est impératif de s’interroger sur les causes et les conséquences de cette «montée aux extrêmes» pour nos institutions.
S’il est indéniable qu’une frange dite «gauchiste» pourrit l’atmosphère des universités et tend à l’enfermer dans une dynamique sectaire, à mon sens, il ne s’agit là qu’une réponse plus ou moins consciente à la violence exercée par les hiérarchies en place. Cela dit, il me semble qu’on ne peut pas prétendre à la libération des sujets sans adopter et promouvoir d’abord une éthique de la discussion.
Et si je peux me permettre une dernier commentaire, la place publique (je laisse de côté l’autre question des lieux publics) ne sera jamais libérée de tout danger. Les honneurs qui y sont associés ont pour contrepartie la confrontation. On peut certes travailler pour les civiliser, mais les aseptiser aurait pour effet de les détruire. Non, tous les individus ne sont pas faits, à priori, pour y prendre la parole. La prise de parole publique et authentique demande un apprentissage culturel plus important qu’on ne l’imagine. Peut-être devrait-on valoriser et promouvoir davantage au sein de la gauche cet art et les présupposés éthiques qui y sont associés.
Exactement, ce que j’étais en train de me dire. Débattre est un art qui devrait être enseigné. Il y a effectivement des techniques dans le débat, des procédés rhétoriques qui sont utiles pour argumenter efficacement. Ce qui rendrait sûrement la chose plus attrayante pour les gens qui se sentent démunis pour argumenter.
Pour ma part, moi qui suis un syndrome post-traumatique ambulant, j’aurais plutôt tendance à déconseiller les safes spaces. Ce qu’il faut au contraire c’est s’exposer pour se désensibiliser sinon on ne s’en remet jamais. Par ailleurs, il n’existe dans la vie réelle aucun safe space. Cela fait partie des choses utiles à apprendre et à confronter.
J’ai un peu de difficulté avec le concept de juger offensant les costumes d’Halloween qui relèvent de traditions païennes où le plaisir est de s’autoriser une fois de temps en temps de marcher sur la tête, ce qui nous évite d’avoir à le faire tous les jours. Quand je vois des trans être offensés par le fait que des hommes s’habillent en femmes, je suis un peu perplexe. Si ça avait à être offensant, me semble que les femmes devraient avoir été les premières à s’en offenser. Et non, je comprend même le plaisir qu’ils ont à le faire.
Je suis ouverte à entendre les points de vue différents du mien, je crois qu’on peut se permettre de les ridiculiser (les miens et ceux des autres) le maître en ce domaine étant Yvon Deschamps, mais censurer non. Par contre, ma limite s’applique aux discours qui appellent à la violence religieux ou pas.
Re-Bonjour Monsieur Baillargeon. Je ne sais réellement pas comment sortir de la dichotomie de ce genre de débat, peut-être serez-vous dans la mesure de m’aider. C’est un problème qui pour ma part est entrée dans ma vie sans y prendre garde à l’automne 2013 avec la charte-dont-je-tairais-le-nom. Sur les internets, il semblerait que ce soit le pain quotidien, mais je dois avouer que je m’en tiens très loin (suivant l’adage don’t-read-the-comments). Le message que je vous ai écrit hier était mon tout premier dans le genre (et ce second, mon tout dernier). Je me suis essayée une fois également pendant quelques semaines sur facebook au cours de P15. J’y ai découvert les trolls et j’en suis finalement venue à la conclusion qu’internet pouvait être un merveilleux médium de partage d’informations, mais aucunement un espace favorable aux débats et à la confrontation des idées (et beaucoup trop énergivore). Ce ne serait pas tant un problème si cette impossibilité de sortir de nos éternels monologues juxtaposés ne se retrouvait pas dans la réalité, et ce, il me semble, de plus en plus souvent. La seule solution que j’ai trouvé: arrêter de parler et me retirer. Je peux pourtant vous assurer que j’ai réellement tout essayé avec écoute de l’Autre, reconnaissance de son point de vu et empathie, mais là mes réserves de patience et de gentillesse sont épuisées. Mon but n’a d’ailleurs jamais été que cet Autre pense exactement comme moi, ni qu’il y est consensus, mais de participer à un dialogue dans lequel mes propos et mes analyses sont également pris en compte. Bref, je n’ai pas réussi à trouver le moyen de sortir de la dichotomie dans laquelle nous plonge ce genre de débat, surtout en présence de isme (racisme, sexisme, capitalisme, etc.) et je me disais que peut-être un jour, au détour d’une chronique, seriez-vous à même de m’aider, et ce malgré nos divergences d’opinions et de sens que nous donnons à certains mots, à trouver d’autres pistes de solution pour rétablir des conversations.
Si l’indignation morale est en soit subjective et mène évidemment à de potentielles dérives, la normalisation de la violence ordinaire et surtout l’idéalisation du néo-libéralisme par l’université le sont tout autant. L’article présuppose de l’université qu’elle soit un véritable lieu de partage et d’amalgamation du savoir, un lieu de débats d’idées en somme. Or elle est de plus en plus, au contraire, l’espace cloisonné d’une spécialisation de l’apprenant, spécialisation dont le seul objet est de répondre aux besoins de main d’oeuvre des entreprises. À preuve, tous ces pavillons et salles de cours rebaptisés Abitibi-Price, Bowater, SNC Lavallin etc…
L’université est l’antichambre de l’industrie, antichambre financée à même les fonds publics. Quant aux programmes tournés vers une compréhension holistique (macroscopique) de l’objet de ce savoir dont ces institution se targuent de faire l’économie, ils sont tournés en dérision, sous-financés et aboutissent à des cul-de-sacs sur le plan de la carrière (anthropologie, sociologie, philosophie, féminisme etc). Ce n’est qu’en réaction au dogme consumériste, à son attaque ciblée et constante d’une véritable remise en question des processus sociétaux, que les penseurs paumés issus souvent de ces champs d’études dits mous en sont venus à bâtir leurs propres lieux d’expression »dogmatique » et à s’ériger en censeurs et en éducateurs populaires, de façon il est vrai parfois presque sectaire.
L’université n’est pas prioritairement un haut lieu de débats d’idées générales sur le monde entre intellectuels, elle est au contraire le lieu d’affirmation d’un savoir que la sectorisation rend « multiplement monolithique ». Une jeunesse sur-spécialisée s’y éternise dans l’espoir fallacieux de sa propre élévation intellectuelle tandis qu’on lui présente le contenu qu’on veut bien lui présenter, souvent un brouet de considérations pointues à propos de la discipline étudiée plutôt qu’une mise en situation de cette discipline dans le sociocosme. Et pendant ce temps-là les recteurs, doyens et autres pontes se gargarisent dans l’argent destiné à cette éducation braquée…
Les intellectuels « produits » par l’université ne le sont guère qu’accidentellement. Ce qu’elle cherche à produire, ce sont des experts : des techniciens du savoir qui pourront appliquent une procédure complexe à une situation extrêmement précise et circonstanciée. Point barre…
Alors pour reprendre un des exemples du texte, entendre Christine Lagarde nous vanter les vertus de l’austérité pendant qu’une trâlée de béni-oui-oui issus du gratin universitaire applaudit, ça ne me tente pas, et si ça se passait à Laval je trouverais très bien qu’une bande de manifestants dont je ferais peut-être partie l’interrompe bruyamment par la force. Bien sûr c’est de la barbarie, et soyons en fiers! Dans un monde où la barbarie la plus abjecte ose prendre les traits de la civilisation la plus raffinée, n’est il pas logique que les esprits les plus raffinés en viennent à exprimer par une certaine barbarie ce qui n’est somme toute qu’un pâle et sardonique miroir à l’asservissement dont ils se savent les dupes? Et dans le sillage de tout ce beau monde, ne l’oublions pas, brille une majorité de suiveurs idolâtres n’ayant rien compris mais sentant bien en revanche leur indifférence dérangée par la précarité ou la propagande… Le roi vit… Mort au roi?
Vous avez eu certainement plus de plaisir à écrire que moi à vous lire.
Ne le prenez pas mal mais, vous aimez bien vous entendre parler n’est-ce pas?
Bien d’accord. Ça fait deux fois que je lis le commentaire « vous aimez vous entendre parler, non? » à la suite d’un commentaire qui explique et critique rationnellement (alors qu’on s’arrache la chemise autrement si un commentaire n’est pas « rationnel) un article. C’est une nouvelle insulte? Je trouve ça très intéressant… Surtout dans le contexte où on en appelle à un débat plus intelligent, plus « ouvert »… Je crois que, comme beaucoup de personnes de son âge, M. Baillargeon pense à l’Université d’un autre temps (quoique c’est à voir, était-ce si différent?), et refuse d’écouter la génération qui s’y trouve présentement, et qui est témoin de ce donc vous parlez.
Bien dit! Vivement la barbarie!
Ce gentleman, tout comme Sabrina qui a aussi commenté, ne comprend et ne respecte pas le principe de la liberté d’expression. Il nous sert du charabia de militant endoctriné, fier du poids de ses certitudes, pour justifier son autoritarisme.
Pour lui, aller écouter, débattre, poser des questions dans une conférence où il est en désaccord avec le ou la conférencière, c’est inacceptable: il faut utiliser la force pour l’empêcher de parler. Un vrai petit tyrant manichéen qui va dicter à l’ensemble de la communauté universitaire qui a le droit ou non de venir parler à l’Université et qui va décider pour les autres ce qu’ils ont le droit ou non d’entendre. J’espère pour lui que ça lui passera mais malheureusement, les gens de ce genre sont de plus en plus présents dans l’espace public de nos jours…..
Je m’ennuie de l’époque où nous n’étions pas tous des chochottes hypersensibles.
Lol
La censure et la rectitude politique sur les campus des universités ou les dommages collatéraux du ‘’doctorat pour tous’’. ou la grande naiveté de monsieur Ballargeon.
Il ne faut pas se le cacher, l’idéologie de gauche est en partie responsable de cette atteinte a la liberté de parole sur les campus universitaire.
Le jeune qui est accepté au niveau de l’enseignement supérieur mais qui n’a pas les capacités intellectuelles pour réussir, selon les anciens criteres qui ont régi l’enseignement supérieur depuis la création des académies et lycées des Grecs de l’Antiquité et les universités apparues au Moyen Age, réagi souvent de manière agressive ou particuliere.
Pendant mes 36 années d’enseignement de la philosophie au Cegep de St-Jérome, qui est un cegep avec une clientèle principalement technique, j’ai rencontré au moins une fois par session un jeune qui venait me rencontrer apres mon 3e cours en jetant le livre de Platon ou d’Aristote, a lire sur mon bureau et en me disant : ‘’Monsieur, je ne suis pas capable de lire!’’ Je prenais toujours le temps de discuter en lui conseillant de faire un bon DEP ce qui valait mieux qu’un DEC inachevé. Comment avait il pu réussir son secondaire ? J’ai été témoins de garcons arrachant une porte de toilette, claquant une porte de classe apres un examen trop difficile pour eux.
D’autres sont moins agressifs physiquement. Pour ne pas quitter le cocon des études, ils compensent leurs lacunes cognitives en se lancant dans des luttes utopiques comme de réclamer des toilettes unisexes au Cegep Vanier et a Concordia, ou en demandant l’annulation des cours de yoga a l’université d’Ottawa pour cause ‘’d’appropriation culturelle’’, ou en manifestant pour une cause qui n’a rien a voir avec leurs études ou exigeant que tel conférencier ne puisse parler parce qu’il est droitier, etc.
D’autres vont tout simplement tricher pendant les examens, ou copier des travaux trouvés ou achetés sur internet.
Ces jeunes sont victimes de l’idéologie ‘’Passe-Partout : tous les petits amis sont beaux et gentils’’, tous peuvent réussir. Ils sont appuyés par la Commission droits personne et de la jeunesse CDPDJ. Ces jeunes sont tenus en vie grace a l’acharnement pédagogique et a la baisse draconienne du niveau des exigences des différents curriculum. Meme avec 4 années d’études en ‘’Sciences’’ de l’éducation, plus de 60% d’entre eux coulent un examen minimal portant sur la langue francaise qu’ils devront enseigner toute carrière. Une fois au travail, il vogueront d’un burnout a l’autre jusqu’à leur retraite, parce qu’ils ne sont pas a leur place.
Ces théories nouvelles sont apparues dans les année 70, elles prétendent que tous les enfants sont des ‘’Petits Mozart en puissance’’, elle veut que tous aient acces au doctorat s’ils le désirent, memes les trisomiques, les MSA, les TDAH, etc. a l’aide de cours d’appoint, de programmes nouveaux comme ‘’Tremplin cegep’’, de béquille, de Centre d’aide, de tutorat, d’utilisation de l’ordinateur pour écrire leurs examens, dans un local a part, seuls, avec plus de temps, etc., elle met de l’avant l’intelligence émotive et toutes sortes de théories pédagogiques bizarres, pour valoriser le fondamental dans l’école d’aujourd’hui, l’estime de soi. Un jeune a le droit d’etre fiers de ses erreurs. Il ne doit pas etre comparé aux autres.
Ajouter a cela le fait que les administrations de cegeps et universités recoivent les fonds du gouvernement par tete de pipe. Il faut comprendre que le beurre sur les toasts des cadres du cegep, qui recoivent environ 8000$ par tete de pipe, est fourni par les 200 étudiants les plus faibles qui, autrefois, n’auraient jamais été acceptés au cegep. Ces étudiants n’augmentent pas les frais fixes comme le chauffage, le nettoyage, etc. Ils fournissent le bonus annuel que chaque cadre recoit selon ‘’son rendement’’, soit de 2000$ à 6000$ par année. De plus, ces nouveaux programmes spéciaux permettent de créer des nouveaux poste de spécialistes en éducation et d’engager une multitude de personnels pour surveiller ces étudiants aux besoins spéciaux.
Dans son livre humoristique ‘’Ces impossible français’’ Louis-Bernard Robitaille écrit : ‘’Dans les universités – dont beaucoup sont des parkings pour jeunes, gratuits mais sans débouchés –‘’ La meme situation se répete au Québec.
Ce que je lis est plutôt la récupération par la droite (capitalisation) d’une idéologie de gauche!
(Et je ne parle pas des nombreuses généralisations qui me font douter que vous aviez enseigner philosophie… à moins qu’au final, mais l’éducation d’avant 70 avait ses ratés aussi!!!)
Il y aurait beaucoup à dire sur l’Église de la Sempiternelle Indignation, son mince prophète Stéphane Hessel et sa bible minuscule «Indignez-vous!» (Montpellier: Indigène, 2010). À commencer par cette remarque de Nietzsche: «Personne ne ment autant que l’homme indigné» («Par delà le bien et le mal» II, 26). Ou ce jugement d’Erich Fromm: «Il n’y a peut-être pas de phénomène aussi riche en sentiments destructeurs que l’indignation morale, qui permet à l’envie ou à la haine de s’extérioriser sous les dehors de la vertu» («Man for himself»). Ou cette réflexion de Raphaël Enthoven: «Pourquoi l’indignation est-elle si consensuelle? Parce qu’elle n’est pas une valeur, mais une réaction. Elle ne relève pas de la réflexion, mais du réflexe. Elle est, à cet égard, compatible avec tous les discours, toutes les opinions. L’indignation s’adapte à tous les combats, dignifie toutes les luttes, embellit tous les dogmes. C’est merveilleux. Quelles que soient vos certitudes, il y a toujours une indignation qui leur convient. L’indignation ne prend aucun risque: quel qu’en soit le motif, s’indigner, c’est avoir raison» («L’Express», 23 mars 2011).
Que l’indignation soit susceptible de légitimer à peu près n’importe quoi, c’est ce que prouve mon «Petit dico des raisons de s’indigner» dont j’extrais quelques rubriques particulièrement édifiantes.
AVORTEMENT. «Campagne pro-vie: les Hongrois S’INDIGNENT du diktat pro-avortement de l’Union européenne» (site catholique DroitDeNaitre.org).
BLASPHÈME. «Deux spectacles blasphématoires programmés en France à la rentrée susciteront l’INDIGNATION de tout chrétien digne de ce nom» (la-ligue-chretienne.blogspot.ca).
CARICATURES. «Nous, musulmans du Burkina Faso, sommes choqués, INDIGNÉS par la publication par un journal danois d’une douzaine de caricatures prenant pour cible le messager de Dieu» (lefaso.net). «Ils ont osé souiller l’image du prophète Mahomet! Les foules, de Bamako à Gaza, ne cessent de manifester leur INDIGNATION et leur révolte face à ce blasphème» (Moussa Bolly, journaliste malien).
CHOSTAKOVITCH (DMITRI). «En 1936, Joseph Staline se décida à voir l’opéra «Lady Macbeth de Mzensk», qui lui déplut par la crudité des scènes sexuelles. La voici qualifiée de décadente et dégénérée par le Petit Père des Peuples INDIGNÉ» (resmusica.com).
COUR PÉNALE INTERNATIONALE. «L’Action tchadienne pour l’unité et le socialisme exprime sa condamnation et son INDIGNATION face à cette décision scélérate et injuste de la CPI. Nous adressons au Président Omar el-Béchir et au Peuple frère du Soudan notre solidarité militante et anti-impérialiste» (guineeactu.info).
DALAÏ-LAMA. «La Chine exprime sa vive INDIGNATION et son opposition résolue. Le Tibet fait partie intégrante de la Chine et les questions tibétaines sont purement une affaire intérieure» (Ministère chinois des Affaires étrangères, après une rencontre du dalaï-lama avec Obama).
GÉNOCIDE. «INDIGNATION en Turquie après le vote français sur les génocides» (Reuters, à propos de la loi française qui pénalise la négation du génocide arménien).
HOLOCAUSTE. «Je compris d’un coup que la version officielle d’Auschwitz était une fiction. Mon INDIGNATION ne connut pas de limites et je ne pus dormir de la nuit» (Jürgen Graf, négationniste suisse réfugié à Téhéran).
HOMOSEXUALITÉ. «Nous devons montrer notre INDIGNATION et combattre l’homosexualité par tous les moyens» (Thierno Seydou Mountaga Tall, imam sénégalais). «Les évêques, ayant appris l’octroi d’un important don en argent par l’Union européenne à des associations d’homosexuels au Cameroun, disent leur désapprobation et leur INDIGNATION» (Mgr Joseph Akonga Essomba, évêque camerounais).
IDOLÂTRIE. «Pendant que Saint Paul les attendait à Athènes, son esprit était profondément INDIGNÉ à la vue de cette ville pleine d’idoles» («Actes des Apôtres» XVII, 16).
JUIFS. «Ils font des choses viles, s’alliant avec les infidèles de sorte que l’INDIGNATION d’Allah est sur eux et dans le tourment ils souffrent pour toute l’éternité» («Le Coran» V, 80). «L’insolence naturelle du juif, en s’aggravant, excite l’INDIGNATION; ses richesses éveillent la jalousie» (Adolf Hitler, «Mein Kamp»).
KADHAFI, MOUAMMAR. «Après l’odieux assassinat du Colonel Kadhafi, l’Afrique orpheline S’INDIGNE!» (Mouhamadou Bamba Ndiaye, recteur de l’université islamique virtuelle «La Sagesse»).
LADY GAGA. «Bill Donahue, président de la Ligue catholique pour les droits civiques et religieux, s’est dit INDIGNÉ par cette vidéo [«Judas»]» (hellocoton.fr).
PANTALONS. «Le port des pantalons pour les dames est apparu sur la liste des modes de Paris en 1920. L’année suivante, le Pape Benoît XV exprimait son INDIGNATION: ‘Elles ne voient pas à quel degré l’indécence de leurs vêtements scandalise tous les hommes honnêtes et offense Dieu.’» (Colleen Hammond, journal des Bérets blancs «Vers Demain»).
PISS CHRIST. Œuvre du photographe Andres Serrano. «Pour l’honneur du crucifix, manifestons tous notre INDIGNATION face à la profanation de l’image de Jésus-Christ en Avignon» (pétition mise en ligne par les intégristes de l’Institut Civitas).
PUBLICITÉ. «Les médias officiels et des internautes en Chine se sont INDIGNÉS d’un projet de publicité allemande pour des préservatifs caricaturant Mao en spermatozoïde, aux côtés de Hitler et de Ben Laden» (AFP).
SUR LE CONCEPT DU VISAGE DU FILS DE DIEU. Pièce du dramaturge Romeo Castellucci. «En ma qualité d’avocat, j’ai été appelé à assumer la défense de ces catholiques qui ont manifesté par un courage sans précédent leur INDIGNATION face à une des injures publiques la plus grave faite à l’image ô combien sacrée et chère au cœur de tout chrétien» (Me François Souchon).
TRAITÉ DE VERSAILLES DE 1919. «Je parlai sur ce thème dans des réunions de deux mille hommes. Et trois heures plus tard, j’avais devant moi une masse palpitante, pleine de l’INDIGNATION la plus sacrée et animée d’une fureur sans bornes» (Adolf Hitler, «Mein Kamp»).
J’invite tout un chacun à enrichir ce dictionnaire par la rubrique qui lui plaira, la liste est inépuisable. «Indignez-vous les uns les autres», tel sera désormais notre seul crédo!
Intéressant, non?
http://everydayfeminism.com/2014/08/we-need-safe-spaces/