Tout a commencé aux États-Unis, où un mouvement pour la hausse du salaire minimum à 15$ l’heure des employés du secteur de la restauration rapide est apparu, puis s’est amplifié.
Bientôt, cette même demande est arrivée au Québec. Notons qu’elle est moindre ici, compte tenu du fait que le salaire minimum est chez nous de 10,75$ l’heure alors qu’il est de 7,25$ aux États-Unis – en vertu de la loi fédérale, les montants diffèrent. Là-bas, le salaire minimum, en dollars constants, a été à son maximum en 1968: il était alors à 10$ l’heure.
En moins de temps qu’il n’en faut pour crier «Lutte des classes!», les habituelles voix, celles-là mêmes qui n’ont jamais rien à dire de l’évasion fiscale, des paradis du même nom, ou des subventions aux BS corporatifs, celles-là, oui, se sont aussitôt fait entendre pour nous expliquer que la science économique, rien de moins, est formelle et unanime: hausser le salaire minimum est une bien mauvaise idée.
Leur argumentaire repose essentiellement sur l’impitoyable loi de l’offre et de la demande. En bout de piste, elle nous montrerait que si on augmente le salaire minimum, les employeurs vont embaucher moins de travailleurs, devenus plus coûteux. Le résultat net de l’opération sera donc la création de chômage et la diminution globale de revenus, bien entendu parmi les gens au salaire minimum.
Vous vouliez les aider en invoquant l’exigence morale d’un salaire décent, permettant à chacun de vivre correctement? Vous avez empiré leur situation!
Fixer par législation le salaire minimum est donc, en fait, une très mauvaise et aussi paradoxale affaire, parce qu’elle nous rappelle qu’en matière de politiques publiques, la morale et les bons sentiments sont de bien mauvais guides.
Personne n’a dit tout cela mieux que ce bon vieux Milton Friedman. Écoutez-le: «De telles législations [sur le salaire minimum] sont un exemple aussi clair qu’on peut le souhaiter d’une mesure dont les effets sont précisément à l’opposé de ceux que cherchaient à provoquer les personnes de bonne volonté qui les ont promues. […] Si tant est que des lois sur le salaire minimum aient un effet quelconque, c’est clairement celui d’augmenter la pauvreté [ma traduction]» (Capitalism and Freedom, Fortieth Anniversary Edition, p. 180).
Dossier clos? Affaire suivante? Un tout petit moment, je vous prie…
Derrière le consensus allégué…
Il y a au moins trois contre-arguments à la position de Friedman et consorts.
Le premier est que les faits sont bien loin d’être unanimes à leur donner raison. Surpris? David Card et Alan B. Krueger, par exemple, ont examiné aux États-Unis ce qui se passe quand au même moment un État augmente le salaire minimum et un autre pas (le New Jersey et la Pennsylvanie, en un cas).
Leur conclusion, en un mot, est que l’influence de la mesure est négligeable, voire positive. Paul Krugman résume ainsi la situation: «Avant les travaux de Card et Krueger, la plupart des économistes, moi compris, pensaient qu’une hausse du salaire minimum aurait un réel effet négatif sur l’emploi. Mais ce qu’on a observé, c’est plutôt un effet positif. Ce résultat a depuis été confirmé avec des données de diverses sources. Il n’y a donc pas de preuve que hausser le salaire minimum va entraîner des pertes d’emploi, à tout le moins quand le plancher est aussi bas qu’il l’est aux États-Unis.»
Il y a là matière à débat et à nuance, mais un fait demeure: la dramatique relation prédite est au moins bien loin d’être avérée.
Le deuxième argument est que, comme on le devine avec ce qui précède, l’unanimité alléguée des économistes n’existe pas.
En 2014, l’Economic Policy Institute des États-Unis publiait une lettre signée par plus de 600 économistes, parmi lesquels quelques «prix Nobel», demandant qu’on hausse le salaire minimum. Ils écrivaient notamment que des hausses du salaire minimum n’ont que peu ou pas d’effet négatif sur l’emploi des travailleurs concernés, même quand le marché de l’emploi est faible, et ajoutaient que cette mesure pourrait même avoir un léger effet de stimulation de l’économie, puisque ces travailleurs dépenseront leur revenu additionnel.
Le troisième est que cet argument est un troublant aveu: il nous dit que ce système économique, selon ses promoteurs, n’est pas en mesure de faire en sorte qu’en travaillant les gens sortent de la pauvreté, et ce, même après des années de croissance économique. Aux États-Unis, par exemple, la productivité de l’économie, selon Paul Krugman (2013), a presque doublé depuis un demi-siècle. Or, toujours selon lui, le pouvoir d’achat que confère le salaire minimum est aujourd’hui plus faible (je répète: plus faible) que durant les années 1960!
Et que dire de cette tendance, devenue spontanée, à vouloir faire de l’économie le seul et décisif arbitre de ces questions qui sont pourtant politiques. Le type de société au sein de laquelle nous voulons vivre est une question qui ne se réduit pas à l’économie et qui ne se résout pas que par elle. Entre aussi dans cette équation, par exemple, la valeur (pas le prix!) que nous accordons au maintien d’une certaine égalité de condition, sans laquelle la pleine participation politique de chacun est un objectif difficilement atteignable.
Une petite énigme
Au total, on est confronté à une sorte de petite énigme qui mérite réflexion: pourquoi donc les effets pourtant prédits par la théorie économique semblent-ils ne pas se produire?
Une explication courante dit en gros ceci.
La loi de l’offre et de la demande ne dit pas exactement que si le prix d’une chose augmente, la demande pour elle diminue. Elle dit que cela n’est vrai que si on ne tient compte de ces deux seules variables, sans prendre en compte une foule d’autres faits qui peuvent influer sur les prix. Or, justement, le marché du travail est extraordinairement compliqué, il est plein de distorsions et constamment en déséquilibre. Les gens décident de travailler ou pas, de travailler à quel endroit et combien de temps, pour une grande variété de raisons, qui ne sont pas toujours rationnelles, du point de vue de la rationalité de l’Homo economicus.
Il en va de même pour les employeurs, qui embauchent leurs employés pour toutes sortes de raisons, elles aussi parfois bien étranges, toujours du point de vue de cette rationalité.
Si les employeurs sont tenus de mieux payer leurs employés, ils vont chercher sans doute des manières de les rentabiliser davantage en les faisant mieux travailler. De plus, ces mêmes employés, jouissant dorénavant d’un meilleur salaire, vont ainsi travailler mieux, prendre plus au sérieux leur travail et tenter de le conserver.
Henry Ford, rappelle Joseph Heath (dans son ouvrage Filthy Lucre), se félicitait d’avoir augmenté grandement le salaire de ses ouvriers: c’était, disait-il, la meilleure décision qu’il avait prise pour… réduire ses coûts de production.
Le salaire minimum qu’il change ou qu’il ne change pas, le gouvernement aurait augmenter jusqu’à temps qu’il puisse aller chercher le plus d’argent. Pour les employeurs, il en engage déjà moins ou sinon il donne du juste du temps partiel et les industriel américain comme par exemple Walmart qui on un chiffre d’affaire énorme juste pour une succursale est capable de verser le salaire de 15$ de l’heure etc. Une étudiant ne peux pas vivre juste des prest,bourses! Un jour va arriver le temps que personne va réussir à survire parce que présentement on survie déjà. Pour les gens qui chiale parce que ils sont diplômée et le salaire va les rejoindrez, cela ne leur regarde pas en raison que justement sont diplômés et leurs salaire concerne leur syndicat etc… Le gouvernement de toute façons il ne va pas l’augmenter, les citoyens sont des esclaves pour eux !
Il s’agit d’un sujet débattu en économie (contrairement à ce que vous laissez entendre). Une revue exhaustive de Neumark et Wascher (2007) tire comme conclusions que deux tiers des dernières études sur le sujet, dont 85% des plus crédibles, ont trouvé qu’il y a baisse d’emplois sur les travailleurs peu qualifiés (low-skilled) lors d’une augmentation du salaire minimum.
En Californie, la proposition d’augmentation du salaire est de 107% (vs. 24% sur l’étude que vous mentionnez). Les résultats d’une variation de salaire pourraient facilement différer, car le choc serait bien plus grand. Il est vrai qu’il existe beaucoup d’autres facteurs à prendre en considération avant d’établir des conclusions, tel que mentionné, beaucoup de variables influencent l’emploi.
Sans avoir fait de recherches exhaustives sur le sujet, je crois qu’il est important de nuancer. Il est loin d’être certain qu’une augmentation du salaire minimum de plus du double serait bénéfique pour les gens à faible revenu en Californie. De plus, transposer l’idée pour le Québec serait trop simpliste, la Californie et le Québec ne sont pas comparables sur beaucoup d’aspects.
Par contre, le débat est intéressant et le message est bon, bon article!
Antoine
Étudiant en Économie
Neumark et Wascher, (2007). Minimum Wages and Unemployement. http://ftp.iza.org/dp2570.pdf
Je trouve le point de vue de Nick Hanauer interessant sur le sujet :
https://www.bloomberg.com/view/articles/2013-06-19/the-capitalist-s-case-for-a-15-minimum-wage
Cet autre article de Nick Hanauer est aussi intéressant :
http://www.cnbc.com/2015/08/12/billionaire-new-york-should-raise-minimum-wage-to-15-an-hour-commentary.html
Bravo pour le commentaire: argumenté et source à l’appui. Si on pouvait en avoir plus de même. =)
Tout ce qui stimule l’économie relance l’emploi et l’augmentation de salaire, tout comme un pas de plus vers plus d’équité stimule l’économie…
@Benton Vous ne commentez que deux lignes sur un commentaire qui a donné un article scientifique comme source et pour vous votre pente savonneuse est suffisante pour démontrer votre point ???
@Jacques
Je me méfie toujours des études qui « démontre » que plus d’équités dans la société n’est pas bon pour l’économie!
L’on vit dans une société qui est de plus en plus riche mais donc l’inéquité ne cesse d’augmenter depuis plus 35 ans. (Sans parler des programmes sociaux) Dans un démocratie, le rôle du gouvernement est de prendre des mesures pour plus équités et non pas de faciliter l’enrichissement des plus nantis. (Dans une logique de ruisellement de la richesse… qui en fait nos gouvernements soustraitent leurs tâche d’équité aux entreprises et aux financiers… alors que leurs but premier de ces derniers est le profit!!!)
Nous sommes dû pour un retour du balancier… avant que la balance n’éclate!
@M. Royer:
Venant de vous, c’est très apprécié!
@Benton:
C’est un point intéressant!
L’Allemagne a introduit un salaire minimum le 1 janvier 2015 alors qu’il n’en existait pas auparavant malgré l’opposition des économistes à la Friedman et des regroupements d’employeurs analogues à notre conseil du patronat. Le montant fixé est de 8,50 Euros.
La catastrophe annoncée a-t-elle eu lieu? Il semble bien que non. Si 128 000 mini-jobs auraient été perdus, 700 000 emplois réguliers ont été créés dans le même temps (Janvier-septembre 2015).
http://www.slate.fr/story/112195/salaire-minimum-allemagne
Monsieur Baillargeon, il faudrait expliquer bien des choses aux lecteurs. Un excellent ouvrage de micro-économie édité en 1986 de Baumol, Blinder et Scarth (traduit par Michel Lessard)faisait une grande différence entre la théorie économique classique et le néo-libéralisme de Milton Friedman dans son ouvrage phare que vous citez,il va plus loin que le libéralisme économique classique ou que la simple théorie de l’école néo-classique issue des travaux de Walras et Marshall. Citons la page 544 en partie : »Le néo-libéralisme est davantage une philosophie qu’un système de pensée économique. Les néo-libéraux placent nettement les libertés individuelles au-dessus de tous les objectifs sociaux. Ils ne tolèrent de restrictions aux libertés individuelles que dans très peu de cas; si peu, en fait, que la plupart des observateurs jugent parfaitement incongrues les théories les plus extrémistes de la doctrine néo-libérale. (…) » C’est une définition donnée par des auteurs en 1986.C’est la droite politique et ils citent aussi David Friedman qui est le fils de Milton et Wikipédia, le présente aujourd’hui comme un libertarien. Voilà, une philosophie plutôt que des représentants de l’école néoclassique. L’ouvrage de Baumol et compagnie parle de d’autres écoles, il passe par Galbraith classé comme iconoclaste et pour finalement parler de la théorie économique radicale de la nouvelle gauche qui sont des héritiers du marxisme. Puis oui,leur pensée est plus holiste ce qui vous séduira plus c’est ben évident, par contre, rien n’empêche de bien expliquer ce que dit l’école néoclassique en économie et ce n’est qu’un modèle,une abstraction de la réalité mais qui permet quand même de mesurer pas si mal, surtout si on part de la théorie sans faire une étude précise, il faut comprendre la théorie avant de s’embarquer dans les calculs.
Je ne crois pas que les travaux de Card et Krueger contredisent la théorie classique, il faut tout simplement bien expliquer ce que dit la théorie classique, cela est toujours, toutes choses égales par ailleurs, ce que Krugman oublie de mentionner dans la citation faite plus haut. Le modèle s’applique que sous certaines conditions. Une excellente démonstration de base de la théorie néoclassique est faite dans l’ouvrage de Gilles Gauthier et François Leroux » Micro-économie théorie et applications, deuxième édition. » Ouvrage paru en 1988. Le salaire minimum est très bien traité aux pages 443 et 444 soit l’annexe un de l’ouvrage. Pour que le modèle s’applique , il faut poser des hypothèses. La réalité est plus complexe que le modèle et on peut revenir à la nouvelle gauche mais écoutez pareil la théorie classique et qui n’est pas l’école libertarienne.
Page 443 : » Si l’on pose l’hypothèse que sur le marché du travail (dans son entier ou par segment), on est dans une situation se rapprochant de la situation de concurrence, une augmentation du salaire, toutes choses étant égales par ailleurs, se traduira par une diminution du volume de l’emploi. » Ne jamais oublier le ceteris paribus et les situations de marché.
On continue avec une autre citation mais il serait plus simple pour les lecteurs de lire les deux pages avec les graphiques. Tu essayes de comprendre la théorie et ses limites, tu ne critiques pas à ce moment là, tu apprends le modèle. Continuons pour avoir le point de vue théorique de l’économiste néoclassique, faire une étude sur le terrain ne contredit pas forcément la théorie.
Page 444 : » L’imposition d’un salaire minimum s’est traduite par une réduction de l’emploi. L’ampleur du phénomène dépendra bien sûr de l’élasticité-prix de la demande de travail.
Pour que le passage du salaire de w0 à w1 se fasse sans perte d’emploi il faudrait que la courbe de demande se déplace. Ceci peut se faire si le prix des biens produits par les travailleurs augmente, et qu’ainsi la courbe de valeur de productivité marginale se trouve déplacée vers le haut .Mais elle se déplacera également s’il y a des gains de productivité.
Ainsi, toutes choses étant égales par ailleurs, l’augmentation du salaire minimum ne se traduira pas par une diminution de l’emploi si elle est compensée par des gains de productivité. »
Toujours le ceteris paribus et le prix des biens produits et les gains de productivité et n’oublions pas l’élasticité-prix de la demande de travail. Alors même si vous n’êtes pas d’accord avec le modèle théorique, il prenait déjà en compte certaines de vos objections. En pratique tout va bouger… Comment voulez-vous bien isoler chacune des variables ? Puis non, vous n’avez pas forcément démontré que le modèle n’était plus pertinent, il n’est qu’imparfait mais comme le dit l’ouvrage de Raynaud et Stringer, Problèmes et politiques économiques, édition de 1990 à la page 23 : » L’analyse économique recourt abondamment aux modèles. Un modèle est une construction de l’esprit qui met en relief les aspects essentiels d’un problème pour en simplifier l’analyse. Il ne sert pas à décrire la réalité,mais plutôt à la comprendre et à l’expliquer. La réalité est complexe : un modèle retient seulement les éléments indispensables à la compréhension du phénomène étudié. Un modèle repose donc forcément sur des hypothèses, puisqu’il se veut, par conception même, une représentation partielle de la réalité. » Cet ouvrage est aussi le reflet d’une époque et d’une pensée… Si vous consultez »l’économie du québec » par Fréchette, Jouandet-Bernadat et Vézina avec introduction par Jacques Parizeau paru en 1975, la page 208 n’accepte pas le postulat théorique de la souveraineté du consommateur qui ne fonctionne que dans un modèle théorique. Le rôle de l’État est mis de l’avant,évidemment un ouvrage avec une introduction par Jacques Parizeau. Pour le salaire minimum ,c’est une mesure pour faire face au problème de la pauvreté mais qui est insuffisante. C’est l’interventionnisme économique qui est prêché, le modèle théorique du libéralisme classique peut encore être utilisé mais vu que que les conditions ne sont pas remplies, cela prend une intervention bien mesurée. Cela reste un cours de macro-économie. Prenons la page 398, parlant de l’information parfaite,dans le modèle de la concurrence. Ce n’est pas atteint ? Cela prend une intervention de l’État sinon c’est la faillite du marché. Ils disent pratiquement tout le contraire des professeurs venus après eux tout en se servant du même modèle théorique de départ. Bien oui… C’est politique !!! Un plus au centre ou de droite va minimiser ces différences et dire que le modèle s’applique toujours. L’autre va dire qu’il faut que l’État intervienne sinon cela ne reflète pas les vrais désirs des consommateurs car ils sont pas suffisamment informés.
Un modèle est avant tout une vue d’esprit….
Ce commentaire n’est pas tellement pertinent, nous sommes en 2016, bien que certaines notions peuvent être retenue, il faut se rendre compte que l’économie à énormément évoluer en 20 ans. Difficile de bâtir un opinion juste sur des faits daté.
@Leny La théorie économique libérale classique reste la même et les idéologies de gauche,centre et droite pour justifier les écoles de pensée aussi. On ne fait que mettre en perspective, l’évolution des idéologies avec l’interventionnisme dans les années ’70. Mais pour la vraie question on explique très bien ce que l’école néoclassique dit dans le cadre du modèle prévu. Un économiste qui applique comme il faut la théorie va faire cela sauf qu’en pratique cela est plus complexe qu’en théorie. Ceteris Paribus, toutes choses égales par ailleurs, ne l’oubliez pas… si la productivité augmente ou les prix augmentent.. Bien cela atténue ou élimine l’effet… Il faut faire les graphiques toujours… Mais comment bien mesurer les déplacements comme il faut ? Les économistes ne font que des ajouts à la théorie , ils ne la remettent pas totalement en question. Et même dans les années ’70 sauf qu’ils arrivaient à une conclusion différente favorisant l’interventionnisme. Le modèle approxime bien la réalité selon les uns alors que selon les autres, il faut que le gouvernement intervienne absolument.Cela est très daté ici au Québec mais c’était la façon de penser.
L’économie ? C’est comme le profit. Il faut que tu vendes plus cher que ce que tu as payé.Alors ? Les concepts fondamentaux ne changent pas mais vous pouvez avoir plusieurs écoles de pensée. Monsieur Baillargeon, idéologiquement je crois qu’il se réclame de l’anarchisme. Ce qui est plus la politique que la science économique mais tout est relié. Lui aussi aura une vision holiste de la chose comme la gauche dite radicale dans le manuel cité alors que l’école du marginalisme c’est très analytique. La théorie économique de l’école dite orthodoxe est pas mal enseignée de la même façon à quelques nuances près, ce sont juste les exemples qui vont changer. Les chercheurs ne changent pas vraiment la théorie économique, pas celle enseignée mais pour le travail des praticiens là cela peut aider à mettre des nuances ou encore ceux faisant le doctorat et poussant très loin… Et encore là,l’économiste qui fait une étude , il faut voir de quelle école de pensée, il est ! C’est cela le problème au Québec, on fait débattre deux personnes qui ne sont pas de la même école de pensée et qui ne s’entendent donc pas sur les postulats de base à appliquer. Cela ne peut donner qu’un dialogue de sourds.
Maintenir des gens sous le seuil de la pauvreté en les faisant travailler est inadmissible. C’est de l’esclavagisme. Les maintenir sous le seuil de la pauvreté en les empêchant de travailler est tout aussi inadmissible. Le point de vue économique oublie systématiquement le point de vue social et le point de vue environnemental. Il est grand temps d’inventer de nouvelles solutions pour une société durable respectant ses membres et la nature qui la supporte. Cette nouvelle économie sera différente de l’économie actuelle. Elle commence à apparaître. Ça se passe aussi ici. Un groupe citoyen s’organise pour créer la monnaie locale complémentaire de Montreal. Et plein d’autres initiatives à suivre.
Ivan P. Fellegi, statisticien en chef du Canada (septembre 1997) : « La notion de pauvreté est intrinsèquement liée à l’atteinte d’un consensus social à un moment particulier dans un pays donné. Une personne qui s’en tire passablement bien selon les normes d’un pays en développement pourrait très bien être considérée comme désespérément pauvre au Canada. Et même à l’intérieur d’un pays, la perspective change avec le temps. Ainsi, un niveau de vie jugé acceptable au siècle dernier pourrait très bien sembler inacceptable aujourd’hui. (…) Faute d’un consensus social, sanctionné par l’appareil politique, sur les personnes qu’il y aurait lieu d’appeler « pauvres », certains groupes et individus utilisent les seuils de faible revenu de Statistique Canada comme une définition de facto de la pauvreté. Nous n’avons rien à redire tant et aussi longtemps que cela représente leur propre opinion de la façon dont la pauvreté devrait être définie au Canada : tout le monde a droit à ses idées. Mais cela ne représente certainement pas le point de vue de Statistique Canada sur la façon dont il conviendrait de définir la pauvreté. » (http://www.statcan.gc.ca/pub/13f0027x/13f0027x1999001-fra.htm).
Il me semble qu’il manque deux éléments dans cette chronique et dans les commentaires postés.
D’abord, l’augmentation du salaire minimum a un effet réel et direct sur les dépenses de l’employeur: elles augmentent, donc, les profits diminuent. Aussi simple que ça. Ça explique la réticence des entreprises à toute augmentation salariale.
Et deuxièmement, c’est la notion d’élasticité des prix qui n’est pas mentionné et qui complémente la loi de l’offre et de la demande. Si vous augmentez le prix du caviar, la demande diminue car c’est un article de luxe. Si vous augmentez le prix du papier toilette, il n’y a pas d’impact sur la demande car on ne peut pas s’en passer. Le prix du papier toilette est inélastique par rapport à la demande.
Le prix de la main d’œuvre est élastique ou pas? L’augmentation du prix fera diminuer la demande en créant du chômage? La réponse plate est: ça dépend. Dans la région de Québec (avec un taux de chômage très bas et une population active d’à peine 300.000 personnes dont beaucoup d’étudiants), le salaire minimum pourrait être augmenté sans que du chômage se crée, car les entreprises ne peuvent pas s’en passer d’employés.
Mais dans une région où l’offre de main d’œuvre dépasse la demande (disons le Pakistan), le contraire arrive: l’employeur peut offrir des salaires très bas car il y aura toujours quelqu’un pour accepter ces conditions.