J’avais peur, j’étais anxieuse, il me faisait des menaces, il me traitait de christ de folle. Je ne me sentais jamais en sécurité à la maison. L’enfer. Ça m’a pourri la vie pendant des années.
Il y a, dans notre existence ici-bas, toute sorte de loteries: l’amour, la santé, l’argent. On peut tirer le bon ou le mauvais numéro. Nos vies sont tissées de hasards. Dans la série des plaies d’Égypte aléatoires, il y a le tirage du voisin pénible, harcelant, malveillant. Un mal répandu contre lequel on n’a pas trouvé de traitement, pour lequel il n’y a pas de thérapies de groupe. Et pourtant…
J’étais complètement désemparée. Je ne savais quoi faire, qui appeler, je me sentais toute seule dans cette galère, m’explique une lointaine cousine qui s’était acheté un appartement dans le Plateau Mont-Royal et qui vient de le vendre à perte avant de devenir folle.
Je préférais perdre des sous que perdre la tête. Dès que je faisais du lavage, mon voisin venait cogner à la porte pour m’invectiver. Il trouvait que ma machine était trop bruyante. Il voulait que j’en achète une autre. Ça a commencé comme ça. Après, il s’est mis à dire que je ne devais pas marcher dans mon appartement après 11h, que je marchais trop fort! J’étais comme une femme battue. Quand des gens venaient chez moi, j’avais tellement peur qu’il fasse une scène, que je suppliais mes invités de ne pas faire de bruit, de fermer les portes avec délicatesse. Si je prenais une douche le soir, il faisait venir la police. Quand je le croisais, il me traitait d’éléphant. Moi aussi, j’ai commencé à faire venir la police, et puis j’ai pris un avocat. On a envoyé une mise en demeure qui n’a rien changé à l’affaire. Mon avocat m’a dit qu’un procès me coûterait 25 000$. Je me suis dit: la vie est trop courte. J’abandonne. J’ai laissé cet appartement que j’adorais.
Des histoires comme celle de cette cousine, j’en ai entendu tellement. Pourtant, on n’en parle pas souvent. C’est rare que ces petites misères, petits faits divers et petits drames fassent les manchettes s’il n’y pas de sang versé. Ce sont des histoires perdantes, parce que le méchant a le plus souvent gain de cause. Il gagne à la fin. Et on aime bien se faire raconter des histoires où le persécuté finit par triompher du mal. Or, ces récits cauchemardesques nous racontent l’histoire d’une société où ça, ce n’est pas vrai: où le gentil perd, où l’impunité règne et où la justice est parfois, surtout, au service de gens malveillants.
Il y a quelques années, une de mes amies achète, à l’Île-des-Soeurs, l’appartement dont elle a toujours rêvé. Un soir, elle me demande si je suis libre pour souper. Au restaurant, elle me dit qu’elle est contente que j’aie accepté l’invitation. Elle ne veut pas rentrer chez elle avant 20h. Son voisin, me dit-elle, a une entreprise avec une dizaine d’employés qui travaillent de 8h à 19h30, au-dessus de chez elle. Il y a pas mal de bruit associé aux activités commerciales de l’endroit. L’entreprise a un site Internet et annonce ses services et la localisation de ses bureaux. Ma copine leur a d’abord parlé gentiment dans le corridor.
Pourriez-vous s’il vous plaît baisser le niveau de bruit? C’est un immeuble résidentiel… Elle s’est plainte à la copropriété. Les autres voisins ont aussi déposé une plainte au propriétaire de l’entreprise. Résultat: ces derniers ont poursuivi l’agent d’immeuble en disant qu’il ne leur avait pas dit que l’immeuble était résidentiel. Ils ont aussi poursuivi la copropriété pour harcèlement, prétextant qu’il y avait un traducteur et un écrivain dans l’immeuble qui y travaillaient aussi. Je ne vous donne pas la fin de l’histoire. Cela pourrait révéler l’identité des personnes en cause. Et si je ne nomme pas de noms, ne donne pas de détails, c’est que les victimes de ces voisinages toxiques sont craintives. Les gens qui contournent la loi, qui intimident les autres, semblent toujours si bien s’en sortir. Ils distillent la crainte autour d’eux. On écœure le voisin, et puis? Et puis pas grand-chose. L’impunité.
Il y a ce couple de retraités que je connais. L’automne, ils ramassent les feuilles sur leur terrain et, au printemps, ils plantent des géraniums. Les géraniums, ils sont de la même couleur que les volets de leur maison. C’est une jolie maison, toute coquette. Une fermette en zone verte. Le rang sur lequel ils habitent tombe sous la juridiction de la Commission du territoire agricole. Et, en principe, on ne fait pas ce que l’on veut en territoire agricole. Le nouveau voisin qui a acheté, ça doit faire deux ans, s’est fait un site Internet et il loue la maison pour des évènements. Bals de finissants, mariages, etc. Des trucs qui impliquent de la musique jusqu’aux petites heures du matin, des cris, des feux d’artifice.
Au début, le couple croyait que le nouveau voisin célébrait un truc spécial puis, les semaines passaient et, naïvement, ils se sont dits: il a une grosse famille qui vit beaucoup de chose cet été. Puis ils ont pitonné l’adresse sur Google. Pour se rendre compte que cette adresse était commerciale. Ils ont contacté le ministère du Tourisme. Le propriétaire de cette maison a-t-il un permis pour faire ça? Non. Ils ont contacté la Commission du territoire agricole, la municipalité, et ils ont attendu et enduré les grandes fêtes de l’été en se demandant s’ils allaient vendre leur propriété où ils n’étaient plus du tout bien et où le mot paisible s’évanouissait de façon récurrente.
Il y a quelques semaines, vers minuit, ils ont téléphoné à la police. Ils ont fait une plainte officielle. La police leur a dit: On va émettre un constat, mais ça nous étonnerait que ça change quelque chose. Les règles, les lois, le respect des autres ne sont-ils faits que pour les petites gens?
Malheureusement très peu surprenant ce que l’on lit dans cet article. Étant donné qu’un grand pourcentage de la société éprouve des problèmes sérieux avec le mot RESPECT, il faudra appliquer des lois ridicules (mais nécessaires) pour enfin pouvoir vivre dans un monde plus harmonieux! Il serait plus que temps que l’on s’occupe de ce genre de victimes car, à priori, il y en a une quantité désastreuse.
J’ai vécu un cas semblable où mon voisin faisait du bruit la nuit dans la pièce en dessous de ma chambre juste pour me réveiller… la police, le syndicat et la mise en demeure n’ont pu stopper cet énergumène. Et j’ai dû déménagé après 6 mois de calvaire.
A lire l’article, je ne pouvais pas m’empêcher de commenter. Eh seigneur! Mets en que ça te pourrit la vie! On a vécu la même chose avec des voisins qui n’avaient aucune notion de la vie en société! Je suis solidaire avec toutes les personnes qui vivent ce calvaire! Un seul mot d’ordre dans ces situations: get out of there! Déménages sans y penser deux fois!
J’ai lu avec émotion votre texte, car il m’est arrivé une histoire de voisin cet été qui implique aussi la ville de Disraeli.
Le voisin se construit un muret sans me faire part des ses intentions et de me demander la permission de passer chez-moi, un muret qui se trouve être la limite des terrains. Il s’installe sans permis, et avec une arrogance incroyable, des insultes à pu finir et ce même bien avant les travaux, car chaque fois que j’ai essayer de lui parler à ce gars là ( ça fait 4 ans que j’habite ma maison ), il m’invectivait pour tout et rien et évidemment pendant les travaux interdits ( mon osti de cabochon de tabarnac, etc.etc.), prenant mon entrée d’auto tout en gazon pour mettre leurs blocs de ciment et en faire un chantier. Le muret est terminé, j’appelle la ville l’inspectrice vient vérifier; vous êtes sur votre terrain monsieur ? Oui madame, mais sans être certain à 100%, son terrain n’étant pas borné. Vous n’avez pas de permis, il répond » nonnnnn », elle regarde l’ensemble d’un coup d’oeil et ajoute, très bien monsieur, je vais faire votre permis pour demain, tout sera en règle. Les bras m’ont tombés. Donner un permis de construction après que les travaux soient terminés et sans inspection au préalable, ( les gouttières sont proches et il y a risque d’érosion ). Le muret est super laid en plus d’avoir enlever de la verdure et de créer des écoulements dans mon entrée.
Les faits sont là, je dois poursuivre en justice. Faut dire que depuis j’ai fais venir la police pour qu’il ne m’adresse plus la parole.
J’ai pris soin de prendre plusieurs photos et noter par écrit les faits nécessaires pour la poursuite. C’est terrible comment je me sentais les jours suivants, c’est comme si je sortais de chez-moi, le muret en face car lui ne le vois jamais, sa maison arrive trop près de la ligne, et de ne pas me sentir chez-nous. Bien drôle de sensation de colère et de résignation. Je le poursuit avec une bonne assurance, mais le fait d’être devant un fait accompli sans pouvoir réagir et devoir attendre assez longtemps pour avoir justice demeure un stress toxique et certainement évitable si les crétins n’existaient pas . Merci.
Sans parler du coloc psychopathe… Expérience malheureusement vécue. J’en ai longuement gardé des séquelles. Il avait contacté mon employeur pour le mettre en garde de mon danger potential… Ouf
Ayaye. L’enfer. Après être déménagée, enceinte, d’un appartement bon marché du Centre-Sud car les voisines du dessus recevaient toujours 56 amis jour et nuit, la musique dans le tapis, je suis maintenant déménagée à St-Jean-sur-Richelieu : le centre-ville, pas loin des bars et de la track de chemin de fer. Là où j’ai grandi, près de ma famille… Comble de malheur, dès notre déménagement, des travaux ont été amorcé en face de chez-nous (ILS NE SONT PAS ENCORE FINIS), commençant parfois très tôt le matin, même la fin de semaine. Aussi, combien de fois ai-je appelé la Compagnie de chemin de fer parce que la putain de cloche sonne pendant des heures ! Aussi, la police, car les « bars » prennent un malin plaisir à mettre la musique dans le tapis pour attirer la clientèle dès qu’arrive une heure décente pour tenter d’aller se coucher. Pis c’est toujours la même musique poche qui joue en boucle tout l’été (Green Day, AC/DC, Queen, ark!)
Les policiers interviennent parfois, ils sont même venus mesurer le niveau de décibel dans l’appartement une fois (??), mais la plupart du temps ils disent qu’on a choisi d’habiter là et qu’on doit endurer. AYE ! J’habite pas au-dessus du bar, sti. Dans toutes les villes, que ce soit Montréal, Québec, même des petits villages, on demande aux gens bruyants des bars de respecter les voisins ! Je ne parle pas non plus des gens qui sortent des bars et qui font crisser les pneus !!
Un jour, un jour, les humains se respecteront et auront une meilleure conscience des autres ???
Bonjour Mme Dubreuil,
Je vous félicite pour votre article sur « Le cauchemar habite la porte d’à côté ».
Je vis une situation semblable depuis 4 ans. J’habite un condo qui est très mal
insonorisé et le voisin d’en haut s’en fout complètement. En plus comme il est
d’origine Arabe, personne ne veut rien faire de peur d’être taxé de raciste…
Vous avez tout à fait raison, il n’y a aucune justice et nous aussi nous devons
vendre notre condo à perte si on arrive à le vendre… Je ne vous raconterez pas
toute mon histoire car ce serait trop long mais je voulais vous remercier d’avoir
aborder ce sujet car on se sent bien seul quand on vit ça.
Merci encore.