Solo de clavier

2012: une année pour briser le mur du son

C’est en octobre que le sauteur extrême Felix Baumgartner explosait dans les deux sens du terme. Au moment même où il provoquait un «bang» supersonique, la planète entière googlait son nom. L’année musicale 2012 aura elle aussi, à sa manière, brusqué des phénomènes physiques aérodynamiques.

Briser le son de Montréal

C’est en 2004 que des médias internationaux comme le New York Times montaient en épingle la fameuse scène musicale montréalaise. Des années plus tard, l’effervescence demeure bouillonnante et est même étudiée. Le buzz autour du documentaire local From Montréal, dévoilé plus tôt cette année, en témoigne, d’ailleurs. Bien que la métropole soit toujours considérée comme le porte-étendard de la zizique de bon goût – et les récentes parutions de Leonard Cohen et Godspeed You! Black Emperor, deux trésors montréalais, le démontrent avec aplomb –, le succès abracadabrant de la Britanno-Colombienne Carly Rae Jepsen, la pérennité de l’Ontarien Justin Bieber et le tour de force «grand public» du duo rock vancouvérois Japandroids (proclamé groupe de l’année par Spin Magazine) indiquent que l’hégémonie musicale de Montréal est aujourd’hui menacée. Ses parois eurythmiques s’élident, permettant à des artistes d’autres villes et d’autres provinces de se distinguer (même s’ils sont cruellement fades la plupart du temps). Et c’est tant mieux!

Quand les régions font «bang»!

Prenons le cas de Karim Ouellet, par exemple. En plus d’avoir séduit le Québec entier grâce à son nouvel album – et sa recette de saumon aux agrumes, à en croire sa charmante entrevue à Tout le monde en parle –, l’auteur-compositeur-interprète, apprenait-on récemment, est aussi le chanteur le plus actif sur les planches du Cercle, complexe artistique et culinaire de son patelin, qui soulignait son cinquième anniversaire en novembre. Ainsi, habiter Montréal ne serait plus une «condition gagnante» tant idéalisée par la gent émergente. Tant qu’à mentionner le 418, glissons que la «résistance» – tout pour alimenter cette fameuse rivalité Québec-Montréal, en effet! – s’organise. Le Pantoum, un centre culturel coopératif qui se veut autant un studio qu’une salle de spectacles, quand il n’est pas un «bocal» de répétition, a récolté ses lauriers au cours de l’année. En entretien avec Voir Québec en août, le groupuscule se disait déjà submergé de demandes locales et extérieures.

Bien sûr, cette «alliance» entre les artistes et les lieux de diffusion n’est pas toujours un gage de succès. Parlez-en à Jacques-Philippe Lemieux-Leblanc de Sherbrooke, par exemple, qui fermait sa Petite Boîte Noire l’année dernière pour mieux la déménager et la rouvrir cette année, au grand bonheur des mélomanes de l’Estrie. Ainsi, contrairement à ce que l’expérience de Felix Baumgartner aura démontré, prendre un risque et se lancer dans le vide demeure souvent un geste récompensé par un nez tordu et une dent cassée, mais le thrill, lui, est tout aussi grisant.

Et puis après?

Le 514 fera jaser en 2013 alors qu’Arcade Fire dévoilera un nouvel album et que certaines pistes annoncées au cours de la conférence Montréal, métropole culturelle s’affirmeront en plans d’action. Mon ultime souhait, à défaut de pouvoir le transformer en résolution, serait que cette irradiation musicale se poursuive. Que Le Petit Chicago du Vieux-Hull tout comme le Pub O’Callaghan de Sorel-Tracy, pour ne nommer que ceux-là, persistent et maintiennent une programmation favorisant autant les artistes locaux que les «grands noms» de l’alternatif. En 2013, à chacun son Divan orange. À chacun sa Casa del Popolo, tiens!

Jour de paie

Quelques suggestions intemporelles pour le dernier blitz d’achats avant les Fêtes…

Pour les amateurs d’anthologies, on dévoilait en octobre Le coffret essentiel: un boîtier renfermant 12 albums studio de Julien Clerc, un livret rassemblant leurs textes, ainsi que Les incontournables, un best of. Bien que la présentation de l’objet aurait pu être enjolivée – et bonifiée par un entretien avec l’artiste, sur papier ou sur DVD, revenant sur ces œuvres, par exemple –, le contenu, lui, demeure toujours beau et, mieux encore, le produit final est abordable.

Dans un tout autre registre: Bobcaygeon, un documentaire sur les Tragically Hip dévoilé en novembre qui couvre un concert donné dans la petite ville de l’Ontario ayant inspiré la fameuse pièce du groupe. Quoiqu’intéressant, le film s’attarde beaucoup trop aux critiques dithyrambiques des fans et résidents de Bobcaygeon. Pour l’amateur de Ski-doo dans votre belle-famille, j’imagine…