Solo de clavier

Bordeaux culturel

Tout comme l’amour et les chansons abordant la vie de tournée, les prisons occupent une grande place sur la planète musicale. On n’a qu’à penser au classique The House of the Rising Sun, popularisé par The Animals (et par Johnny dans la francophonie), au fameux Folsom Prison Blues de l’Homme en noir ou encore au vitriolique Le screw de Desjardins. Pour Mohamed Lotfi, journaliste et pilote de Souverains anonymes, émission produite en compagnie de détenus de Bordeaux depuis 1989, le pen’ n’est pas qu’un sujet inspirant, mais bien un lieu de création.

«Y a pas de limite à l’inspiration dans une prison!» lance Lotfi qui, après avoir dépouillé le milieu carcéral des clichés et préjugés que l’on connaît, ira jusqu’à qualifier le bagne «d’usine d’inspiration». «On est forcément plus créateur lorsqu’on est limité dans sa liberté», explique-t-il par la suite. «Lorsqu’on veut survivre et que l’on veut conserver ce que l’on est, on n’a pas le choix que de se recréer, et ça peut passer par plusieurs formes, dont l’écrit, la musique et le dessin.» Le porte-parole de ces hommes dans l’ombre glissera même que le centre de détention peut amplifier l’inspiration de certains. «Devant tant de murs et d’autres symboles de privation de la liberté, beaucoup se réinventent ainsi. J’en connais même qui créent plus en dedans que dehors!»

Mohamed Lotfi prendra pour exemple le cas de Michel, un des Souverains de Bordeaux, qui participe à La vie devant soi, un nouveau projet de capsules vidéo où les détenus laissent tomber le masque de l’anonymat et parlent de leur avenir. «Michel, avant d’entrer à Bordeaux, travaillait dans la construction et faisait de la musique, mais la consommation dominait tout de même son parcours. Depuis qu’il est à Bordeaux, il passe le temps autrement: en créant constamment. Il écrit, il dessine et va jusqu’à fabriquer des guitares avec des matériaux recyclés!»

À l’image de l’émission de radio où, au fil des années, des personnalités et des artistes de la trempe des Céline Dion, Michel Chartrand et la ministre Christine St-Pierre se sont mêlés aux cellulaires le temps d’un enregistrement, La vie devant soi compte aussi sur la complicité de créateurs, dont les comédiens Sylvie Moreau et Mario St-Amand. «Autant les Souverains anonymes que La vie devant soi ne pouvaient avoir de sens sans la collaboration et la contribution de gens de la communauté qui amènent leur regard, leur écoute et leur soutien à ces détenus qui tentent de s’en sortir par leurs témoignages ou encore par leurs créations, fait valoir Mohamed. D’où l’importance de maintenir ce lien entre l’intérieur et l’extérieur. C’est important pour les prisonniers de savoir qu’on les attend dehors. On travaille beaucoup avec la symbolique et je trouvais ça important qu’on voie un détenu, sur le point de partir, et une artiste, quelqu’un de l’extérieur, côte à côte», explique-t-il ensuite avant de mentionner que des cinéastes pourraient bientôt contribuer au projet en réalisant certaines capsules. 

Pour visionner La vie devant soi ou pour avoir plus d’information sur Souverains anonymes: souverains.qc.ca.

Jour de paie

Les chasseurs d’aubaines sont invités à se rendre au Divan orange où aura lieu, ce jeudi, une vente-débarras: différents exposants offriront, au rabais, instruments, disques et autres articles associés de près ou de loin à la musique de Satan. Pour vous accompagner dans vos achats: les sélections de DJ Pâté et Izi La Terreur.

Krief chauffera les planches pour la première fois de l’année sur la scène de la Casa del Popolo, ce vendredi. Pour l’occasion, il sera secondé par Sean Foster & the Vaqueros, un projet folk rock plutôt planant. Les fans de The Dears seront ravis d’apprendre qu’en plus de Krief, un autre membre de la confrérie sera de la soirée, en la personne de George Donoso III (l’un des Vaqueros).

Le lendemain, à L’Esco, l’épatant collectif post-rock Videoville lancera son troisième album – À la recherche de la femme féconde – en compagnie des tonitruants Crabe. Sûrement le concert le plus excitant du lot, à mon humble avis. Pour un avant-goût: videoville.bandcamp.com. Dans un tout autre registre: la princesse pop britannique Ellie Goulding allumera les garçons sensibles au Métropolis le même soir. 

Puis, pour ceux qui voudraient une solution de rechange à La voix ce dimanche, la troupe pop-rock californienne The Growlers nous ramènera à la Casa del Popolo. Le quintette vient y présenter son quatrième CD, Hung at Heart, paru ce 22 janvier. En première partie, on pourra voir le quatuor psychédélique local The Breezes