Solo de clavier

Ferme la radio

Prise deux pour les baladodiffusions musicales québécoises?

Plus qu’un titre de pièce de Dumas, «Ferme la radio» semble être un credo pour de plus en plus de fans du cinquième art. Au-delà de la domination du format «parlé» sur la bande FM, le succès des stations par satellite – offrant autant de chaînes que de genres musicaux – et des services Web à la Rdio (une immense discothèque en ligne) et Songza (une plateforme qui propulse des chansons selon les goûts, mais aussi les émotions et situations des utilisateurs) laisse présager des jours sombres pour les mélomanes toujours branchés sur les ondes hertziennes.

Bien que plusieurs radios étudiantes et communautaires misent sur la découverte musicale ainsi que sur les artistes locaux, celles-ci ont des portées limitées. Du côté de Radio-Canada, lorsqu’on ne programme pas la seule émission radio véritablement destinée aux mélomanes de champ gauche – Bande à part – dans une case horaire où le public cible fait déjà la fête, on tente de cantonner les plus grands communicateurs – Claude Rajotte – sur le Web (d’où son retour à MusiquePlus). Bref, pas de pitié pour les friands de mélodies un peu tordues, mais heureusement, une résistance s’organise… à nouveau.

Alors que les baladodiffusions locales gravitant autour de la zizique étaient plutôt populaires à la fin des années 2000 – pensons à celle de P45, Vu d’ici, ou encore à Midnight Poutine qui perdure –, une seconde génération de curieux s’arme de micros et de bonnes intentions pour produire du contenu original, orienté de près ou de loin vers la chanson. Parmi ces projets, notons Dans le champ lexical (qui s’amuse avec un terme quelconque à chaque édition) ainsi que Les archéologues du rock, une nouvelle série bimensuelle décortiquant certains phénomènes musicaux (à titre d’exemple, le premier épisode portera sur le fameux club des rockeurs morts à 27 ans à la Kurt Cobain).

Outre l’aspect ludique et grisant du projet, les instigatrices de la manœuvre – Hélène Laurin, qui termine actuellement un doctorat sur Mötley Crüe (!) et l’artiste Caroline Bélanger déclarent d’emblée que Les archéologues du rock découle d’un désabusement devant l’offre médiatique du terroir (autant radiophonique que Web et imprimée… ouch!). «Personne dans mon entourage ne trouve son compte dans l’offre actuelle», soupire Bélanger. «Mon premier sujet de thèse était le journalisme rock et le heavy métal», annonce Laurin qui confie ensuite qu’elle a laissé tomber le sujet, car le matériel à analyser lui manquait. «Sauf durant la période dorée des années 1970, le ton des articles est très neutre. Pas même complaisant, juste sans commentaire.»

En plus des deux animatrices, des collaboratrices se joindront à l’aventure pour nourrir le blogue lié au podcast. Est-ce qu’il y aurait une certaine prise de position en constituant une équipe exclusivement féminine pour aborder le rock, un genre particulièrement couillu, selon la croyance populaire? Oui et non. «Ça adonne comme ça, mais j’aurais aussi aimé que ce soit un statement», avance Hélène, faisant valoir que le mansplaining (de l’argot pour une explication macho) demeure d’actualité. «Ça m’est arrivé à quelques reprises de sentir qu’on voulait “m’expliquer” le rock», note la doctorante. Idem pour sa collègue musicienne et charpentière-menuisière de formation. «J’ai l’impression qu’une femme doit toujours ramer trois fois plus fort pour se faire respecter», laissant croire qu’autant du côté de son métier non traditionnel que sur la scène, certains idéaux cock rock sont toujours très présents, malheureusement.

Finalement, en privilégiant la baladodiffusion, le duo voulait aussi s’émanciper de la rigidité du format radiophonique. «Et on ne voulait pas être évaluées ou attendre jusqu’à la prochaine période d’inscription de CISM ou CIBL», lancera Caroline, rieuse, au passage. Tant mieux, car on n’aura pas à attendre la prochaine saison pour «syntoniser» cette nouvelle dose de contenu rock.

La suite sur archeologuesdurock.com

Jour de paie

Quand le corsaire n’est pas là, l’équipage danse. Alors que Cœur de pirate prépare une tournée solo, des musiciens aperçus au sein de son bataillon – Renaud Bastien et Alexandre Gauthier – collaborent notamment avec le groupe rock folk Black Mocassins. Celui-ci sera en prestation le mercredi 27 mars au Quai des brumes en compagnie du collectif rock Nil.

Finalement, les manifestants qui ont été témoins – ou qui ont fait les frais – de brutalité policière au cours des derniers mois sont invités à contacter Antoine Corriveau. Le chanteur folk, graphiste et bédéiste planche présentement sur un projet artistique lié à la problématique et recherche des témoignages, anonymes ou non. On peut le joindre à [email protected].