Je reviens du salon funéraire.
Mine de rien, il y a beaucoup de beauté et de chaleur dans un tel événement. Des dizaines de personnes aux parcours différents qui s’agglutinent pour célébrer, souvent pour une dernière fois, l’œuvre d’un être passé à une autre étape : une idée, un idéal, etc.
Je ne sais pas si c’est l’ergomane en moi ou ma propension à constamment avoir le pied droit qui pointe vers la sortie, mais ça m’a fait penser au Café Chaos.
Le cheminement de la nouvelle annonçant sa fin imminente sur les réseaux sociaux ressemblait en tout point au travail de deuil. Certains sont en colère, d’autres tristes puis il y a celles et ceux qui en sont déjà à l’acception et préfèrent se rappeler d’agréables souvenirs, comme l’illustre Mononc’ Serge, par exemple…
L’intervention la plus désarmante à ce jour, par contre, demeure celle du Chaos lui-même.
Pressé de commenter la nouvelle, quelqu’un du Café a répondu ceci…
Intervention à l’image de l’établissement s’il en est une, non?
Après tout, outre le sympathique et très bref délire «bar de pirates», le Chaos semblait préférer mettre de l’avant ses soirées musicales contre vents et marée. Plutôt que de surfer les tendances du moment («bookons des concerts d’ersatz de Karkwa, organisons des soirées “quiz night”; bref, récupérons ce qui se fait ailleurs!»), le Chaos ramait à contre-courant, tanguant à la gauche de l’émergent. Ce qui pourrait avoir précipité sa perte, bien sûr, mais — avouons-le — est-ce qu’on se serait davantage pressé au portillon de cette institution si elle avait tenue des happenings dénaturant l’endroit? Des événements «deux-pour-les-filles-alors-qu’on-joue-du-brostep-pis-qu’un-gars-d’Occupation-Double-fait-des-pushups-derrière-le-bar» dont l’unique but serait de faire tinter la caisse enregistreuse? Voyons don’!
Trop tard.
C’est toujours trop tard qu’on se désole. Autant au salon funéraire qu’en lisant la chronique nécrologique qu’est devenue notre province culturelle.
J’aimerais nous prier d’être plus constructifs que rébarbatifs, d’être plus présents que de «liker» à distance, mais nous savons — vous et moi — que ça n’arrivera pas de si tôt.
Que dire de plus sinon que… mes sympathies?
Autant j’ai aimé toutes mes expériences au Café, autant c’est dur d’y aller souvent. Pour un métalleux qui a un groupe d’ami(e)s qui écoutent du Karkwa, c’est souvent dur de convaincre des gens « aux goûts musicaux socialement respectable » que c’est au Café Chaos qu’il faut passer la soirée pour tripper.
Dommage, la culture a toujours été très péjorative envers le métal, et ça surement pas aidé le Café.
Merci pour cet excellant article. Ayant grandit pendant 16 ans avec ces gangs de fou (car il y en a eu plusieurs tout au long de sont existance) je peux te dire que tu as frappé dans le mil …. nous sommes plus d’une centaine d’anciens travailleurs plus souvent qu’autrement bénévole à être dans le deuil !!!! Le Chaos est mort !!! Vive le Chaos !!!!