Le spectacle n'est pas commencé mais l'auditoire fait soudainement silence devant le directeur artistique du Festival Danse Canada (FDC), Brian Webb, qui souhaite la bienvenue et fait une courte présentation. Ensuite, un membre du conseil d'administration du FDC relève les difficultés que peut engendrer la mise en oeuvre de ce genre de festival et invite les spectateurs à être généreux à la sortie de la représentation, en déposant des dons dans les funny hats – il précise que les montants supérieurs à 25 $ se verront attribuer un reçu d'impôts. "We are already here", crie une femme à l'arrière de la salle. Bien drôle de situation en effet. Pourquoi demander des dons à ceux qui, déjà, ont fait en sorte de remplir les salles et ont ainsi contribué directement au festival? Le même manège se répétera lors des spectacles suivants situés au Théâtre du CNA, et toujours ce petit malaise plane. À la sortie du Théâtre, comme promis, des représentants du FDC tendent leurs chapeaux style Cat in the Hat avec des sourires "quêteux". Plutôt maladroit comme façon de faire.
Je suis allée à la rencontre du directeur artistique Brian Webb pour m'enquérir de la santé du FDC mais aussi du pourquoi de ces pratiques. Rappelons d'abord que le FDC avait fait face à des difficultés financières en 2004 et qu'une édition "minceur" avait été offerte au public. On avait même craint pour la survie du festival, surtout après la disparition du Festival international de nouvelle danse (FIND) de Montréal en 2003. "Le fait est que toute représentation de danse contemporaine ou autre est très coûteuse et que nous avons besoin de plus de financement du secteur public, de tous les niveaux de gouvernement. Mais je pense qu'on a aussi besoin de faire savoir au public qu'on a besoin de son encouragement et de son soutien également. On a aussi fait beaucoup d'efforts cette année pour développer de bonnes relations avec le secteur privé", explique M. Webb. Conscient que la méthode utilisée cette année pour demander des dons pose problème, le directeur renchérit en disant qu'il souhaite que la communauté d'Ottawa s'engage davantage et soit plus consciente des enjeux du festival et des arts en général. "Je crois que si on veut que la scène des arts continue de grandir et d'être de qualité, on va devoir soutenir ses efforts encore davantage."
Malgré tout, le directeur est confiant que le festival est en "meilleure santé" à présent, même s'il y a encore beaucoup à faire. Au cours des prochaines éditions, il souhaite faire un compromis entre l'édition 2004 et celle de 2006 en matière de "format". Aussi, à partir de l'année prochaine, le festival devrait être officiellement "annuel": une programmation complète alternerait avec une plus petite édition du festival, où une vingtaine de spectacles se placeraient sous une thématique. M. Webb confirme même le thème de 2007: "Pan-Canadian Cross-Cultural Hip-Hop Convergence". Ouille! Pas facile à traduire ça, mais disons que différents styles de danse hip-hop issus de différentes cultures et de partout au Canada vont converger vers Ottawa. À suivre donc…
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TOUT LE MONDE DEHORS!
Les Moutons de Corpus. |
Un des objectifs premiers de Brian Webb pour 2006, et ce qui fait la force de cette édition du FDC à mon avis, était d'amener la danse contemporaine dans la rue. Ainsi, plusieurs représentations ont été données à l'extérieur: je pense bien sûr au grandiose Paul-André Fortier, qui présente son Solo 30 x 30 depuis presque un mois maintenant, mais aussi aux oiseaux du Fujiwara Dance Inventions, aux "hoppenings" de Grasshoppa Dance Exchange, aux cyclistes de Purple Pirate… Mais un spectacle se démarquait entre tous et valait le détour: celui des Moutons de Corpus! Dans un spectacle de danse-théâtre, les interprètes de Corpus – accompagnés de 10 élèves de ballet de l'École de la Salle pour "compléter le troupeau" – reproduisent une demi-heure dans la vie des moutons. Ainsi, ils vont brouter, manger, uriner, s'accoupler, se faire tondre et même… se sauver d'un renard! Mais attention, l'entreprise, bien qu'engendrant le rire, est des plus sérieuses: la compagnie a vraiment étudié le comportement de l'animal pour y être le plus fidèle possible. "Le plus difficile pour mes élèves a été d'apprendre à regarder avec leur odorat, à bouger les narines, à mastiquer, à tenir le corps pour qu'il n'y ait pas de manie d'humain, comme froncer les sourcils", m'a expliqué la professeure de danse de l'École de la Salle, Solange Paquette.
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EXPORT-LIVRES
L'exposition BD d'ici: planches et références bat son plein depuis la mi-mai au Centre d'interprétation de Maniwaki, et ce jusqu'au 2 juillet. Le Studio Premières Lignes y est représenté par sept bédéistes: Ronan Bonette, Frédérick Lavergne, Jérôme Mercier, Yan Mongrain, Christian Quesnel, Pierre Savard et André St-Georges. Info: www.premiereslignes.com.
On apprenait aussi cette semaine qu'une importante délégation outaouaise se rendra au Festival du livre de Nice du 9 au 11 juin prochains, soit Jean Mohsen Fahmy, Michel Fréchette, Guy Jean, Raymond Ouimet et Christian Quesnel, ainsi que la directrice générale du Salon du livre de l'Outaouais, Stéphanie Éthier. Info: www.nice-livre.com.
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PAR LA PORTE D'EN AVANT!
Les fins de semaine des 10, 11 et 17, 18 juin se tiendra la Tournée des ateliers d'artistes du Pontiac, pour une 17e édition. Les panneaux représentés par un coup de pinceau tracent le parcours des 11 ateliers nichés dans ce magnifique coin de villégiature. Info: www.pontiacartists.com
Dans le même ordre d'idées, l'événement Entrez chez l'artiste s'entame les 11 et 12 juin de 10h à 18h à Gatineau, avec 10 artistes de la région qui vous ouvrent la porte de leur atelier. Info: www3.sympatico.ca/pillab/l.html
Curieuse facon de procédé en effet que de demander des dons de la sorte. Il pouvait bien y avoir un malaise, j en conviens. Pourquoi ne pas avoir plutot passé le (funny hat) dans les rues quand il y avait des représentations de danse, un peu a la mode de Paris quand des saltimbanques se produisaient et passaient le chapeau par la suite? Malgré tout , je souhaite longue vie a ce festival, la danse contemporaine demeure la moins connue du grand public et sa viabilité s en trouve menacée.
Il est dommage de voir que notre culture rétricit à vue d’oeil. Comme si le fait de parler de danse pouvait irriter certaines personnes au gouvernement. Je comprends très bien que les organisateurs doivent faire la quête pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs compagnies culturelles. Par contre, je dois admettre qu’il est un peu « boîteux » de quêter encore une fois la main qui te nourrit.
Les campagnes de financements de ces grosses compagnies culturelles devraient se faire par levée de fond. On organise des activités reliés à la compagnie et on amasse des sous!
Je sais que c’est complètement utopique de penser que le gouvernement subventionnera davantage la culture, car s’il est un secteur ou les subventions seraient le bienvenue c’est la santé, et on a peine à recevoir la juste part qui nous revient, alors vous imaginer ce que le gouvernement pense de notre culture?
Que l’on fasse son épicerie où que ces oit sous quelle que banni;ere que ce soit, on se fait demander à la caisse si on veut faire un don pour un organisme de charité. à la sortie, des jeunes nous attendent qui, pour un voyage en Europe, d’autres pour un tournoi de hockey, On reçoit des appels de nos anciennes universités, des hôpitaux où l’on a été traités et là, dans les salles de spectacle. Y’a un problème quelque part. J’aime les arts et je fais ma part pour la création artistique. J’assiste à des spectacles et je paie le montant demandé. Je ne veux pas, ni ne peux pas faire plus. Mes impôts doivent bien servir à quelque chose. Désolée, mais si on n,a pas les moyens de se payer des spectacles somptueux, on va d’abord nourrir les plus pauvres d’entre nous. Ensuite, on dansera somptueusement. Désolée! je suis écoeurée de me sentir coupable de ne pas donner à tous les trois jours.
Oui, les spectacles, l’art est nécessaire à une société, mais une société doit se donner l’art dont elle a les moyens. Un festival de danse, oui, certainement, mais selon nos moyens.
L’Association des auteurs et des auteures de l’Outaouais est une association très présente dans la communauté et très active. Il y a plus de 250 membres, des gens qui écrivent. Du talent à revendre! C’est bien que nos auteurs fassent connaître leur talent et l’Outaouais chez nos cousins français.
Bien malhabile que ce tour du chapeau manqué au Festival Danse Canada.
Avoir été dans la salle, j`aurais été insultée pas à peu près!
C`est de l`intimidation, du harcèlement culturel.
Dansez ailleurs si vous n`avez pas les moyens de vous faire vivre avec la vente de vos spectacles.
Une telle pratique est inacceptable et indigne des artistes de cette discipline .
On aime la culture ah ça oui!On copie des CD,on grave des DVD,on fraude de toutes les façons possibles et après on s’étonne que les artistes passent le chapeau pour survivre!Vrai que l’idéal serait que l’Art soit reconnu à sa juste valeur par les différents gouvernements mais en attendant il faut bien que les événements auxquels on tient possèdent le budget nécessaire à leurs réalisations.Si en plus on joue les vierges offensées en dénonçant les PPP (Mouawad au TNM pestant contre la présence des « sponsors » ou les non-fumeurs se réjouissant que les cie de cigarettes disparaissent du paysage),comment voulez-vous que cette culture demeure accessible à tous?Personnellement,je ne me sens pas du tout insulté par ce tour de chapeau.Ce qui m’insulte c’est que les artistes soient dans l’obligation de mendier.Je n’aurais peut-être pas les moyens de déposer 25$ mais j’y aurais été sûrement d’un p’tit 2$…
Oui nous sommes sollicités par toutes sortes de demandes mais il nous appartient de décider lesquelles bénéficieront de notre encouragement ou de nos largesses.Comme je crois à la culture sous toutes ses formes,je suis d’avis que contribuer à ce qu’elle continue de me faire rêver est la moindre des choses en attendant que nos ministres ait l’illumina-tion heureuse…
D’autant plus que ça diminuerait mon sentiment de culpabilité de savoir que chaque fois que j’achète un CD usagé (probablement copié une tonne de copies!),je contribue à ce qu’un artiste ne gagne pas son dû…
J’ai souvent vu cette manière un peu suggestive de ramasser des fonds que de passer le chapeau. C’est en fait une procédure fréquente dans les théâtres montréalais comme par exemple dans les salles de la Place des Arts. J’aime bien cette formule puisqu’elle incite fortement les gens à donner sans pour autant les mettre devant le fait accompli. On est libre de donner le montant qu’on désir et cette liberté est invitante. C’est sur qu’il y en a (et il y en aura toujours) qui vont se faufiler pour ne pas donner mais en général je crois que les gens participent allégrement. Je déteste les dons imposés comme ceux de certains restaurateurs qui exigent le pourboire directement sur la facture.
Je crois qu’un festival qui ne fait pas ses frais après quelques éditions est soit trop gros ou dépouvu d’intérêt pour le public. Je constate que même si le Festival Danse Canada a suivi un régime minceur, il n’arrive pas à faire aucun déficit. Dans ce cas, faites donc un sondage auprès de la population pour voir si ce n’est pas l’organisation qui est en cause. Vous sauverez peut être du temps et de l’argent.
Demandez encore plus d’argent à ceux qui encouragent ce Festival c’est une bien mauvaise façon de leur dire merci pour leur présence.
J’avoue que cette histoire de funny hat, je la trouve assez cheap merci. Je entièrement pour le fait de d’encourager le développement d’activité culturelles et de financer les arts, mais il faut quand même respecter centaines limites. Lorsque je fait voir un spectacle pour tel ou tel évènement ou les fonds sont versé à une quelconque oeuvre de charité, j’estime que je fait mon don. Je trouve déplacer qu’on essaie de me faire me sentir mal en me suggérant une seconde contribution « volontaire ».
L’idée de présenter un évènement x pour recueillir fond est telle que l’oeuvre de charité en question va récolter plus d’argent de cette façon qu’en faisant toutes autres activités de moindre envergure où l’on accepte seulement les contributions sans rien vendre. Si plus de gens vont faire les spectacles, les fonds amasser seront plus gros, mais n’aller surtout pas leur demander une deuxième contributions pendant le même show. Laissez les participer à un autre de vos événements à la place, sinon votre organisme va tanner la plupart des gens et vous allez perdre de précieuse contribution.
Je pense qu’il aurait été beaucoup plus approprié de vendre des articles souvenirs à la sortie du spectacle pour recueillir davantage d’argent et le tout aurait sans doute offensé moins de gens.
Bonne chance néanmoins aux organisateurs pour redressé le festival