Il y a d'abord eu cette invitation toute spéciale de la portraitiste Isabelle Regout qui conviait la presse un dimanche dans le champêtre havre du collectif Art en direct à Aylmer, où elle dévoila le portrait du maire Marc Bureau et celui de sa femme. Réalisée selon la technique de peinture sur verre inversé – importée de Slovaquie -, l'oeuvre a été commandée et sera payée par le maire lui-même, qui agit ici à titre de mécène. J'appris ensuite que cette création se joint à d'autres portraits dans le cadre de la collecte de fonds annuelle du centre d'artistes AXENÉO7, dont l'événement et l'exposition s'intitulent Galerie de portraits II. Cette initiative perpétue ainsi la tradition du mécénat ou du parrainage d'oeuvres d'art en proposant ici seize "jumelages" entre des gens d'affaires et personnalités publiques de la région et des artistes locaux. Ainsi, le peintre ou photographe est appelé à répondre à une commande en réalisant le portrait de son mécène ou celui d'un être qui lui est cher, pour une somme de 1200 $. Là-dessus, 65 % des profits iront à AXENÉO7, le reste, à l'artiste. L'instigatrice de l'événement et artiste Mélanie Boulanger souhaite ainsi "mélanger le privé à la culture", ce qui répond à un besoin "immédiat", selon elle.
Ce programme de mécénat est certes un beau témoignage de soutien aux arts d'ici de la part des commanditaires, mais n'est-ce pas un peu ingrat pour l'artiste que de faire le portrait d'une personnalité locale en échange d'un petit montant? Cela amène certainement de l'eau au moulin souffrant des centres d'artistes au Québec, mais est-ce que c'est de cette façon que nous voulons voir rayonner la créativité artistique locale? En faisant une galerie de portraits des généreux donateurs qui pourront ensuite installer leur joli minois au-dessus du foyer de leur maison? Je reconnais que l'initiative est intéressante pour ce centre, qui doit arriver à joindre les deux bouts et à varier ses sources de revenu, mais il n'en reste pas moins que se cache sous ce joli étalage de visages un cri du coeur de ces centres d'art qui manquent de soutien financier et qui sont bien malheureusement de moins en moins fréquentés par le public. "Oui, on veut crier au gouvernement, mais en même temps, c'est tellement positif comme événement… Mais il ne faut pas oublier que la situation est urgente. Je pense que quand les arts d'une ville vont bien, la ville est en santé, et ici ça boite un peu, il y a un petit décalage pour le bon fonctionnement des centres d'artistes", relate Mme Boulanger.
Galerie de portraits II sera en montre à AXENÉO7 (80, rue Hanson, Gatineau) jusqu'au 15 novembre (heures d'ouverture: du mercredi au dimanche de 12h à 17h). www.axeneo7.qc.ca
ooo
L'OCNA TOURNE
Pinchas Zukerman photo: Fred Cattroll |
Le réputé Orchestre du Centre national des Arts (OCNA) dirigé par les baguettes "magiques" de Pinchas Zukerman, entame au Québec une tournée de 10 jours, avec 8 concerts et 60 activités éducatives. Ayant toujours eu à coeur l'éducation ciblant les enfants et les adolescents, l'OCNA se rendra dans les écoles et dans les classes pour inspirer et encourager les élèves, notamment avec des ateliers de maître, des séances d'encadrement et des tables rondes. Chicoutimi, Québec, Trois-Rivières, Montréal et Saint-Irénée sont autant d'endroits où se produira l'OCNA dans le cadre de la tournée. De plus, un site Web a été créé, avec comptes rendus vidéo quotidiens, galerie photo, baladodiffusions, blogue alimenté quotidiennement par Emmanuel Thouin, un étudiant du Conservatoire de musique de Gatineau qui suit la tournée, et plus encore. Le tout à l'adresse www.tourneeocna.ca. À suivre absolument!
En faisant un petit calcul rapide, on se rend vite compte que l’Artiste ne touchera qu’un maigre $420.00 pour l’oeuvre qui lui aura couté de nombreuses heures de travail acharnés. Car il va sans dire que les portraits réalisés par Isabelle Regout ne se sont pas faits tout seuls. Ils ont étés travaillés, paufinés, et retravaillés et repaufinés encore et encore jusqu’à ce que le résultat escompté soit obtenu.
Comment juger d’un partenariat peu orthodoxe quand la seule façon de financer son art est de provoquer les rencontres et les amalgamer à une campagne de financement pour sauver une gallerie ou un centre d’arts?
Il est perplexe comme société de se poser de telles questions, car les arts et la culture devraient être subventionnés haut la main, mais comme dans toute société gérée de façon un peu boîteuse, les moyens de financements sont souvent très peu moyennables!
On voudrait concevoir toutes les formes d’art dans leur forme romantique. Rodin vivant de sa sculpture. Van Gogh croûlant sous le poids de sa richesse. Mais la réalité est toute autre. Et d’accepter de faire une commande quand on est peintre n’est pas plus déshonnorant que de créer cette toile inédite. Chaque milieu est coincé dans des tâches moins agréables pour pouvoir continuer à produire. L’acteur devant faire un théâtre d’été pour aussi se permettre une pièce moins accessible. Le journaliste devant faire du travail de révision pour pouvoir se permettre de rester pigiste pour le journal du coin. Le médecin devant accepter de faire sa garde de nuit pour pouvoir aussi pratiquer des chirurgies. L’éducatrice devant être sur appel pour souhaiter se tailler une place définitive dans la garderie. Tant de compromis que chaque travailleur doit appliquer pour se faire une place. Mais naturellement, on voudrait les artistes exclus de tant de bassesse. Malheureusement, la vie, ce n’est pas le film Ghost. Et tous les sculpteurs n’ont pas Demi Moore entre les pattes.
Bien sûr, dans tous les domaines culturels, nous sommes en droits, de nous questionner, sur la rentabilité de l’art. Que ce soit, par l’écriture, la sculpture, ou la peinture, ou autres! Là, où une personne exprime son état d’être, il y aura toujours quelqu’un, à quelque part, qui est prêt à lui donner un chance, à ses propres conditions $! Bien souvent, l’artiste est coincé dans le dilemme à se faire, tout simplement connaître, et celui de bien vouloir survivre! Malheureusement, c’est là le point culminant, de ne plus avoir vraiment un choix! Et bien entendu, il y aura toujours, des gens sans aucun scrupule, afin d’en exploiter, tout l’art en question! Pendant, que le principal souci, du même artiste, est bien souvent, de pouvoir en explorer toutes les possibilités des sentiers battus! Votre chronique, nous en donne une fois de plus, la plus belle preuve! Je trouve dommage, que le véritable prix à payer, pour faire de l’art soit, l’exploitation en-soi!
À la question de savoir si ce troc est en définitive plutôt réducteur pour le créateur et l’artiste, nous devons répondre par l’affirmative. Ce n’est pas d’hier que le mécénat à permis d’engendrer des ouvres, mais ce sont que fort peu d’entre elles qui en valaient vraiment la peine. Même des artistes aussi talentueux que Mozart ont du se plier à ce mode de rémunération et ce ne fut pas la meilleure partie de leur ouvre qui en a résulté. Que dire alors de ceux qui le sont moins et qui doivent aussi mettre en veilleuse toute une part de leur créativité ! Il y a assurément là un gros risque pour l’artiste et un risque beaucoup moins grand pour le mécène qui tient le gros bout pour imposer ses goûts à l’artiste, lesquels ne sont pas forcément très raffinés ou en avance sur leur époque et cela sans compter la propension du mécène à vouloir paraître sous son meilleur jour parce qu’il se considère comme le sujet de l’oeuvre et non pas comme étant le prétexte pour exprimer des visions du monde, lesquelles n’ont rien à voir avec la joliesse ou la rectitude politique. Prendre des politiciens comme mécènes est donc probablement le pire cas de figure pour un artiste. Nous avions été habitués à voir ce maire dans la peau de celui qui recherche les lustres des gloires populaires du moment en s’associant à leur carrière dopée par des médias aux aguets. De devoir en faire un sujet artistique me semble donc une entreprise des plus périlleuses. Si les sommes ainsi recueillies étaient importantes, nous n’aurions qu’à nous fermer les yeux sur les ouvres, mais cela n’est manifestement pas le cas ici.
Je travaille dans un centre d’artistes d’une autre région. Par solidarité et aussi par souci d’éducation, si minime soit-elle, j’ai envie de vous dire certaines choses.
Les centres d’artistes autogérés comme AXENÉO7 font tous partie d’un réseau, le RCAAQ (Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec). Chaque centre a son orientation particulière mais tous partagent des constantes. Ce sont tous des organismes à but non lucratif. Ils sont administrés par un conseil d’administration, qui est lui-même constitué en majeure partie d’artistes. Donc, un centre d’artistes est fait par et pour les artistes et comprend très bien la situation de ceux-ci.
Les centres d’artistes fonctionnent en très grande partie avec des subventions au provincial et au férédal. Comme organismes reconnus par les gouvernements, ils sont tenus de rémunérer correctement les artistes en respectant les barèmes établis par le RAAV (Regroupement des artistes en arts visuels du Québec) et la CARFAC (Canadian artists representation/ le front des artistes canadiens).
Croyez-moi, si un centre n’accorde pas des montants respectables aux artistes, il le saura lors de l’évaluation au CALQ ou au CAC (évaluation qui se fait par des pairs, donc par des gens du milieu).
Voilà. Un centre d’artistes agit avec le plus grand respect pour les artistes qu’il accueille.
Dans le cas d’une activité bénéfice, le but est de financer en partie le centre d’artistes. Il faut également penser que le centre existe pour les artistes. Ce qu’on lui donne nous revient. L’individu qui décide de participer à l’activité le fait en toute connaissance de cause. Il connaît le pourcentage qui lui reviendra. Il accepte de jouer en connaissant les règles et si elles ne lui conviennent pas, il n’a qu’à refuser.
AXENÉO7 a fait sa campagne de financement. Qu’elle ait été rentable ou non, bien faite ou non ne me regarde pas. Mais je suis certaine qu’elle a été faite avec respect.