La journée du 8 mars a été désignée comme porte-étendard de la femme depuis 1910, moment où une confédération internationale de femmes socialistes l'ont créée comme outil de propagande pour le vote des femmes. La cause féministe en aura fait du chemin depuis! Tellement que plusieurs s'interrogent quant à la pertinence d'une journée en son nom sur le calendrier mondial… "Et pourquoi pas une journée internationale de l'homme tant qu'à y être?" demandent certains de ses détracteurs.
J'appartiens à la génération Y, qui ne pèche pas par excès de militantisme féministe… Malgré cela, je ne suis pas de celles qui tiennent les droits des femmes pour acquis. Nombre de combats sont encore à gagner et nombre de femmes sont encore victimes de discrimination tous les jours. La campagne électorale québécoise actuelle témoigne bien que la question de l'égalité n'est pas gagnée d'avance – pensons seulement aux propos homophobes ou misogynes entendus et dont les médias font leurs choux gras.
Il y a quelques mois, Kimberly Jean-Pharuns, une jeune animatrice à la radio CHUO 89,1 FM de l'Université d'Ottawa, m'a interviewée à son émission Double X, qui se consacre à la musique et à la culture féministes. Après avoir abordé mon travail et la scène des arts locale, l'animatrice s'est enquise de mon rapport au féminisme. Je dois avouer qu'elle m'a prise par surprise. Est-ce que je me considère comme féministe? Comment est-ce que cela s'affirme dans mon quotidien? J'en suis venue à la réponse que je vivais surtout mon rapport au féminisme à travers les arts. Que j'étais particulièrement interpellée par les oeuvres qui touchaient les enjeux et préoccupations de la femme, mais aussi par la parole féminine en général, citant en exemple la pièce Tout comme elle de Louise Dupré, qui était de passage au CNA avec une cinquantaine de comédiennes, dans une mise en scène de Brigitte Haentjens – femme inspirante s'il en est. Sans compter que je suis bien évidemment sensible à la situation des femmes de par le monde et que je me sens concernée par les petites batailles quotidiennes que l'on mène contre le sexisme de tout acabit.
J'ajouterais que l'on juge trop facilement la génération actuelle de jeunes filles, que l'on dit non féministes ou ignorantes de l'histoire féministe. Je dirais plutôt qu'on ne pose pas les bonnes questions et qu'on ne sait pas les écouter. Si on tendait l'oreille véritablement, je suis persuadée qu'on apprendrait beaucoup de ces demoiselles dont les mamies brûlaient leur soutien-gorge sur la place publique. Leur vision nous éclairerait probablement quant aux enjeux de demain pour la femme et aux outils dont elles se prémuniront pour désamorcer les nouveaux bobos de société.
DAMES AUX ALLUMETTES
Et tant qu'à parler de grandes dames… Je suis de ceux qui affectionnent le choix du toponyme "des Allumettières" pour le nouveau boulevard de Gatineau. Même si je n'avais rien contre la suggestion citoyenne de "Bobino", et que j'ai trouvé désolante la façon dont la Ville l'a rejetée, je suis heureuse que la mémoire de ces ouvrières qui ont travaillé dans de terribles conditions et qui ont formé le premier syndicat de travailleuses du Québec soit honorée. Et il se fait si rare que le féminin soit représenté sur les panneaux routiers que je salue cette initiative. Cela dit, j'endosse pleinement la suggestion du nom "Bobino" pour la bibliothèque de la Maison du citoyen, même que je la trouve plus appropriée. Commémorer le nom du personnage mythique du Hullois d'origine Guy Sanche se fera mieux par l'entremise d'une bibliothèque, qui agit comme "propagateur" de culture, que par le nom d'un gris boulevard.
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POUR S'AFFIRMER LE FEMININ!
Événements dans le cadre de la Journée internationale de la femme:
– 8F8M présente Dégaine que je rengaine, 12e édition de son spectacle multidisciplinaire les 8 et 9 mars à la salle Jean-Despréz. www.ville.gatineau.qc.ca
– Impératif français propose Francofemmes en fête, une soirée de danse folklorique avec le groupe Le diable aux corsets et les câleurs Francine Ricard et Louis Racine. Le 9 mars au Centre Aydelu. www.imperatif-francais.org
– Et tant qu'à célébrer la femme!: Grace et Gloria, en rappel au Théâtre de l'Île, une mise en scène de Sylvie Dufour où les talentueuses comédiennes Viola Léger et Danielle Grégoire, se rencontrent à travers deux personnages attendrissants. 819 595-7455
C’est vrai que les jeunes filles ne sont pas des féministes convaincues. Il semble même y avoir un recul dans nos acquis. Les médias, les magazines y sont pour quelque chose. L’hypersexualisation les guette; elles ne voient pas la menace. Elles veulent séduire. À tout prix. Elles revendiquent la liberté de disposer de leur corps. Elles ont raison. Mais le prix à payer, pour certaines sera très fort. D’abord pour elles, mais aussi pour la société qui aura à ramener le balancier tôt ou tard. Des annonces de Kia, on n’a pas fini d’en voir si personne ne dénonce ça. Non, les femmes ne sont pas que des machines à plaisir; elles sont compétentes, intelligentes, autonomes et…belles. Quant aux hommes, ils sont nos partenaires, nos amants, nos frères, nos amoureux. Liberté, égalité!
Bravo à l’initiative de la Ville de Gatineau pour le boulevard des allumettières. Moi aussi, je suis bien contente.
Bon 8 mars !
Ce n’est pas que les femmes et les filles d’aujourd’hui sont moins préoccupées par leur sort je crois. Je pense plutôt qu’elles font tout simplement moins de bruit puisqu’elles n’ont pas besoin d’en faire autant et qu’aujourd’hui, au contraire des siècles passés, et ce, surtout au Québec, la femme s’est construit un statut qu’elle n’est pas sur le point de perdre.
Même que…
Même que parfois, j’entends des garçons et des hommes se plaignant de tout ce que la femme a acquis. Et c’est normal. C’est normal parce que nous, les femmes, nous sommes battues pour en arriver où nous sommes tandis que les hommes ont toujours eu le même statut. C’est plus plate si on veut. Et c’est probablement pour ça qu’ils veulent une journée de l’homme (accordée aujourd’hui le vendredi 9 mars 2007 à la station radio CKTF 104.1). Pas nécessairement parce qu’ils sont jaloux, mais presque.
La journée de la femme, pourtant, n’est pas comme une fête ou une récompense, non. La journée de la femme, tout comme le jour du souvenir, est l’occasion pour les québécois et autres nationalités de se rappeler ce qu’ont fait les femmes il y a déjà plusieurs centaines d’années de cela.
La journée de la femme, c’est une journée pour dire merci à ces femmes et pour apprécier les résultats de leurs longs et durs combats.
La journée de la feme, ce n’est pas une journée pour faire plaisir aux femmes comme à la St-Valentin ou de faire des jokes sexistes sur les hommes, non. C’est plutôt une journée où on agit comme les autres mais qui a une signification.
Aujourd’hui, il est plutôt difficile de s’imaginer tout ce que nos mères, grands-mères et arrières-grands-mères ont vécu puisque nous n’avons vécu aucun changement. Étant de la génération Y, je suis fière d’être une femme mais je dois l’avouer, je n’en connais que trop peu sur notre histoire.
Bref, hier était une journée pour se remémorer, apprécier et remercier toutes ces femmes qui ont changer et qui on fait avancer l’histoire.
« Pourquoi pas une journée internationale de l’homme tant qu’à y être? » Enfin serait venue l’ère de la discrimination de l’homme? Et bien, il était temps! Depuis le début des temps, l’homme discrimine tout ce qui est différent de lui-même. Par la torture, le harcèlement, des meurtres, des épuration ethniques à échelles de centaine de millers de meurtres, l’homme écrase son voisin, son compère, sa compagne de vie… Pourquoi?
Il est bien temps que l’homme goûte à sa propre médecine.
Et oui, il y a des pas énormes à faire, toujours, dans la cause des droits de la femme. Même si l’ablation du clitoris est illégale en Afrique, elle est toujours pratiquée, de façon absolue et totale. Dans plusieurs pays, le viol est toléré, légalement, si c’est fait sans blessures corporelles, comme au Guatémala. La femme Afghane des talibans est la dernière dans la hierarchie des choses vivantes, juste après la mule. J’ai toujours dis que nous, les femmes, au nord, sommes nées dans le bon hémisphère. Nous sommes nées au bon moment, à la bonne place. Il ne faut pas prendre cette chance pour acquis, et travailler pour les oubliées du reste de la planète.
Si les hommes se plaignent, c’est qu’ils sont tellement égocentriques. Pourquoi une fête pour les gays? Une fête pour les noirs? Et une encore pour les femmes? Parce que nous fêtons notre liberté et propageons le message de changement, pour le reste de la planète, et pour ces femmes ici qui en vivent encore de la répression. Ceux qui ne reconnaissent pas le bien de faire l’éloge de la femme, cet être divin, guérisseuse, précieuse aimante, généreuse, source de vie… et bien ne méritent pas d’avoir une femme dans leur vie. Même pas une mère.
Quand on regarde au Canada, on se demande si c’est toujours pertinent de consacrer cette journée annuelle pour la femme, ce n’est pas évident car l’égalité avec les hommes est presqu’atteinte ; en tout cas, les injustices sont de moins en moins nombreuses à leur égard. Par contre, dans d’autres pays, il n’y a aucun hésitation à dire qu’elle est nécessaire pour faire avancer leurs droits qui sont carrément baffoués dépendant de la culture sociale qui y règne. Bravo pour les pionnières qui se sont tenues debout pour faire avancer leur cause depuis 1910 et ça continue.
Il est certain, qu’il y a eu beaucoup de modifications depuis l’époque. Et on doit, s’en réjouir. Ne serait-ce, que par diversité des choix à faire, pour les études. Les portes sont désormais, grandes ouvertes, dans n’importe quelle discipline. Pour, cela il faut quand même justice, à toutes celles qui ont milité, toutes celles que l’on a dénigrées, étiquetées de frustrer : les féministes! Et le combat, n’est pas totalement terminé, loin de là! Sans parler, de la récupération de tous acabits par les médias, il y a encore beaucoup de chemin à tracer, pour nos petites-filles à venir. L’équité salariale, le harcèlement, la sur médicamentation, les maisons d’hébergements et j’en passe! Il ne faudra, jamais baisser les bras! Ne serait-ce, qu’en mémoire de toutes celles qui ont tracé la voie, et pour assurer, une libre voie totale aux futures générations.
Quand les gens abordaient la question de l’appellation du nouveau boulevard, on eût cru la question encore plus cruciale que celle qui a servi à nommer la nouvelle ville. Tant les supporteurs de Bobino que les autres se trouvaient dans des camps retranchés. Soit on supportait l’appellation Bobino et toutes les consultations ne devenaient que mascarade. Soit on accusait les supporteurs de Bobino d’être de mauvaise foi.
Finalement, une voie nuancée. Oui, il est vrai que le processus manquait de transparence. On ne peut pas dire vouloir consulter la population et rejeter d’emblée un nom qui fait un certain consensus. On peut trouver la liste de noms proposée plutôt ennuyante (pas que Bobino aurait été plus adéquat!) sans que ce ne soit une attaque personnelle contre les noms qui en font partie. Mme Proulx soulève bien l’idée que de trouver la liste proposée plutôt terne ne veut pas dire automatiquement que ça vienne endosser le nom Bobino.
Le Boulevard des Allumetières vient souligner un travail trop longtemps ignoré. À force de dire que derrière tout grand homme se cache une femme, on en était venu à oublier que ces femmes pouvaient être nommer. J’aurais aimé qu’on fasse la recherche à savoir si une de ces femmes s’était davantage démarquée que les autres. Y en a-t-il une qui a permis de vraiment déclencher le processus de syndicalisation? Y avait-il une Norma Rae parmi les allumetières? Reconnaître les allumetières est un bon pas en avant pour reconnaître la place des femmes dans notre histoire mais on se retrouve encore avec peu de noms d’individu. Peu de noms de femmes auxquelles les jeunes filles pourraient s’identifier. Encore une fois, les femmes se perdent dans la masse parce que le rôle d’une femme est l’abnégation. Dans ce cas-ci, l’abnégation au profit du groupe. Mieux que rien. Mais quand on aura le choix entre une Philémon Wright, une Jos Monferrand ou une Aimé Guertin, on aura compris qu’un pas plus grand aura été franchi.
Merci d’avoir endossé la suggestion du nom Bobino pour la bibliothèque de la Maison du citoyen. Il faut en effet «commémorer le nom du personnage mythique du Hullois d’origine Guy Sanche» à la hauteur du rôle qu’il a joué pendant si longtemps dans l’éducation et le divertissement de milliers d’enfants au Québec et au Canada.
Le titre a piqué ma curiosité. Premièrement, je suis une femme (on peut dire ca à 18 ans? oui hein) et deuxiement j`étudis en art. Ce n`est pas un domaine facile pour nous. Historiquement, dans un de nos cours d`histoire nous avons vu pour la premiere fois une femme artiste, Berthe Morisot et Mary Cassat dans les années 1800… Avant et après c`est le néant… Pourquoi? Est-ce une question de talent? Pas du tout au contraire. Dans ce cas, quelle est la raison de cette censure? Aujourd`hui heureusement les choses ont changé. Est-ce que ca a vraiment changé? Tout dépendant des religions (ok on commencera pas un autre débat sur les accomodements raisonables svp), de la classe sociale, le statut de la femme varie. Oui même encore aujourd`hui.
Femmes en art:
Je ne vois pas pourquoi on devrait s’interroger sur la raison d’être de la journée de la femme, je pense que c’est tout de même important de commémorer le mérite de toutes ces femmes qui ont fait en sorte que l’on nous donne le droit de vote et certaines égalités au niveau du travail et éducation. C’est bien de ne pas l’oublier. En fait, la pertinence d’une telle journée permettra aussi de ne pas oublier que le chemin vers l’égalité n’a pas été atteint dans tous les pays du monde, et par conséquent, c’est bon de continuer le travail…
Dames aux allumettes:
Moi aussi j’affectionne le choix du toponyme « des Allumettières » pour le nouveau boulevard de Gatineau. Un bel hommage qui leur est rendu!