Sur le fil

Le pavillon convoité

La Galerie d'art d'Ottawa (GAO) est à la recherche depuis plusieurs années déjà d'un nouvel emplacement plus propice pour abriter ses deux collections permanentes et tenir ses activités. Trop à l'étroit dans ses locaux de la Cour des arts, la galerie souffre aussi de sa localisation qui, bien que centrale, n'encourage pas le passage touristique ou piétonnier en raison du trafic dans le secteur.

Celle qui est considérée comme la "galerie municipale officielle" d'Ottawa a donc commandé une étude à une firme de consultants, qui suggérait en priorité d'identifier un lieu, un terrain d'aménagement ou un projet d'agrandissement. C'est finalement sur l'ancien pavillon Canada-Monde que la galerie a jeté son dévolu, un édifice laissé vacant par la CCN depuis octobre 2005.

Situé rue Sussex entre l'ambassade de France et la résidence du premier ministre, le bâtiment encore tout récent avait été conçu pour abriter un musée; il est donc tout à fait adapté à l'accueil de la collection d'art canadien Firestone sur laquelle veille la GAO, ainsi que de son musée d'art moderne contemporain, dont la collection grandit d'année en année (elle compte actuellement plus de 200 oeuvres d'artistes de la région ou liés à la région). Ces deux trésors ne sont actuellement que partiellement accessibles au public en raison du manque d'espace. En faisant l'acquisition du pavillon, la GAO aménagerait deux galeries pour les mettre plus en valeur.

Et les projets de l'équipe de la galerie ne s'arrêtent pas là. Jointe au téléphone, la gestionnaire des communications de la GAO avance qu'en plus d'offrir ses expositions thématiques temporaires, la GAO pourrait en recevoir d'autres institutions. Des camps d'été et un jardin d'art public contemporain seraient aussi envisageables selon elle. Bref, les idées pleuvent et l'enthousiasme est au rendez-vous, mais cela ne suffira évidemment pas…

C'est que la CCN devrait ordinairement offrir l'édifice en premier lieu aux ambassades ou à la famille fédérale. Il semblerait toutefois qu'elle est prête à considérer la candidature de la GAO, à condition qu'elle recueille l'appui de la Ville et de la population.

Le maire Larry O'Brien aurait déjà donné son appui, ainsi que quelques conseillers de la Ville. Victoria Henry, directrice de la Banque d'oeuvres d'art du Conseil des arts du Canada se serait aussi prononcé en faveur. Le candidat conservateur dans Ottawa-Centre, Brian McGarry, aurait écrit une lettre à Stephen Harper en défendre le projet. Les résidents du quartier New Edinburg auraient également signifié leur soutien à la GAO.

L'organisation de la galerie se donne maintenant un mois pour récolter le plus d'appuis possibles de la part de la population. Des feuilles de signatures circulent à la Cour des arts et dans d'autres institutions culturelles d'Ottawa. La GAO a aussi mis un formulaire en ligne sur son site, par lequel le public peut manifester son soutien: www.ottawaartgallery.ca/pavillon.

L'étape suivante sera bien entendu de consolider des partenariats financiers afin d'acheter ce coûteux édifice situé dans le magnifique parc des chutes de la rivière Rideau.

Si l'ancien pavillon ne finit pas entre les mains de la GAO, il sera sans doute confié à une institution fédérale, et donc ce superbe lieu sera fermé à jamais au public. C'est en fait toute cette partie de la promenade Sussex et de la rivière qui ne serait plus accessible et qui se trouverait entre des mains fédérales. Cela entraînerait aussi la perte d'un bâtiment muséal à Ottawa… En contrepartie, son acquisition permettrait de faire (re)connaître les artistes contemporains de la région auprès de la masse touristique comme de la population locale, en plus de faire mieux rayonner cette capitale fédérale aux institutions parfois quelque peu froides et hermétiques.