La saga du Palais des congrès de Gatineau a finalement connu son dénouement cette semaine. La réponse de la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, s'est fait attendre longtemps et voilà que le verdict semble plaire à toutes les parties. La Ville de Gatineau n'aura donc plus à éponger les déficits récurrents de son palais et n'aura plus à en assurer la gestion, remise aux mains du gouvernement du Québec – qui gère déjà les palais des congrès des autres grandes villes de la province. Plus précisément, c'est la Société immobilière du Québec (SIQ) qui exploitera le palais en reprenant son administration dès le 31 octobre. La Ville devra toutefois verser de gros sous (2,35 millions de dollars) pour l'entretien de l'édifice – une somme déjà prévue à son plan triennal d'immobilisations. L'entente permettra en outre d'épargner 6 millions de dollars – des bidous de plus dans les poches des contribuables.
Il faut dire que ce dossier a pris des proportions inattendues. La Ville avait certes le projet de vendre l'immeuble du palais à une entreprise privée afin de se débarrasser de cet "éléphant blanc" (comme le désignaient certains), mais elle n'avait pas de plan pour assurer la pérennité d'un événement culturel majeur se déroulant sous son toit désuet: le Salon du livre de l'Outaouais. Ce qui a bien entendu soulevé la grogne des maisons d'édition et des différents acteurs du milieu du livre en Outaouais. Comment est-ce que la Ville, qui envisageait depuis des lustres de rénover l'édifice de la Fonderie pour éventuellement y déménager le SLO, a pu être aussi peu prévoyante? Plusieurs se le demandent encore.
La controverse s'est amplifiée quand le député de Hull, Roch Cholette, s'est opposé farouchement à cette vente qu'il jugeait précipitée, rappelant que la transaction ne se ferait pas sans l'aval de Québec, qui avait payé les deux tiers de la note de la construction du palais des congrès.
Un sondage Unimarketing-Le Droit est venu confirmer la division de la population quant à ce dossier, révélant que la moitié des Gatinois (49 % des personnes sondées) souhaitaient garder le palais des congrès.
Lorsque la Ville a fait connaître ses intentions, je m'étais prononcée en faveur de cette vente. Mais ce que je déplorais principalement, c'est que la Ville n'avait ni les aptitudes, ni les moyens de gérer, rénover et promouvoir une telle infrastructure. L'édifice est certes flétri. Il tombe en ruine, mais un bon investissement stratégique de rénovation, de modernisation de ses équipements (et qui sait, d'agrandissement?) achèverait de lui donner le lustre nécessaire à la tenue d'événements commerciaux et culturels. Espérons seulement que Québec ne tardera pas trop à faire les rénovations nécessaires.
La Ville ne sort cependant pas gagnante sur toute la ligne dans cette affaire, puisque la vente à la compagnie Westcliff aurait été des plus fructueuses. Elle a aussi été égratignée à plus d'une reprise par d'importantes personnalités de la région lui ayant reproché de s'être hâtée sans trop réfléchir dans ce dossier. La Ville ressort malgré tout avec un boulet de moins à traîner, ce qui lui permettra de se concentrer sur d'autres projets au centre-ville, tels que la rénovation de l'édifice de la Fonderie (on ne l'oubliera pas celle-là!), la future bibliothèque centrale et, à plus moyen terme, l'Espace Dallaire.
Chose certaine, le SLO aura bel et bien lieu du 28 février au 2 mars 2008. Il ne se tiendra en aucun cas de l'autre côté de la rivière (proposition décriée par plusieurs), mais bien au Palais des congrès de Gatineau. Il ne faut pas se leurrer cependant: le temps et l'énergie perdus à élaborer des solutions de rechange au palais auront freiné l'organisation, qui souhaite la collaboration de la Ville pour régler les problèmes que cette agitation a causés.