Comment peut-on «oublier» l'Outaouais lorsque l'on est ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et que l'on planifie une vaste tournée des régions afin de consulter la population sur une nouvelle loi sur la protection du patrimoine culturel? «L'objectif visé est de recueillir l'avis de toutes les personnes intéressées afin de doter le Québec d'un cadre législatif moderne pour une réalité moderne…», énonce le site de Mme la ministre Christine Saint-Pierre en guise de présentation. Il n'y aurait donc pas de «personnes intéressées» à Gatineau, quatrième ville en importance au Québec nichée dans l'Outaouais, cette région qui a tant à cour la préservation du patrimoine?
En oubliant l'Outaouais dans sa consultation publique sur le livre vert, la ministre envoie un drôle de message aux gens qui y vivent, y créent, y travaillent. À force de se faire dire qu'elle est sous-financée en matière de culture, qu'elle est mal-aimée, qu'elle est oubliée, la région va finir par vraiment croire qu'elle n'est que la pâle copie de sa voisine, madame la capitale nationale, et qu'elle ne représentera jamais plus qu'un territoire où les idées ne se brassent généralement pas.
Quoi qu'il en soit, la ministre diffusait finalement, le 29 janvier dernier, la mise à jour des villes visitées (passant de 12 à 15), et voilà que Gatineau vient d'apparaître – après que la Ville de Gatineau, la Conférence régionale des élus et le Conseil régional de la culture de l'Outaouais se furent finalement fait entendre par voie de communiqué à propos de cette fâcheuse négligence.
L'Outaouais sera donc l'avant-dernier coin du Québec visité par Mme la ministre, le 26 mai, juste avant le Nunavik qui viendra clore la tournée. Les intéressés ont jusqu'au 25 février pour déposer un mémoire afin d'effectuer une présentation lors de la séance de mai. Espérons que ceux qui se feront entendre convaincront la ministre de la place que la contrée de Luce Dufault occupe dans le débat! Plus d'information au www.mcccf.gouv.qc.ca.
Espace Dallaire: pas à pas
La Corporation Espace Dallaire a annoncé cette semaine qu'elle avait reçu l'appui officiel du Musée national des beaux-arts du Québec, par le biais de son directeur général, John Porter, présent à l'ouverture de l'exposition Présences figuratives à la Galerie Montcalm (jusqu'au 30 mars). C'est un pas de plus vers la concrétisation de ce beau projet! Ce nouveau partenariat permettrait incidemment au MNBAQ – qui possède des ouvres de Dallaire et en fait la promotion – d'exposer sa collection au public gatinois au moyen de prêts d'ouvres significatives, tout en enrichissant la qualité et la variété des expositions du futur espace. «Un musée d'art dans une ville, ça joue un rôle majeur de définisseur. Ça crée des pôles d'attraction, c'est une raison du voyage et ça définit une personnalité. Ici en région, vous avez l'honneur d'avoir eu un jour un personnage de grand talent comme Jean Dallaire, un extraordinaire artiste à l'imagination fertile, un fabuleux butineur. Quand l'image d'une ville, l'image d'une région peut s'associer à une image de créativité, c'est important pour son développement économique et touristique», a exprimé M. Porter tel que cité dans le communiqué diffusé. Voilà qui est fort joliment dit! Un dossier à suivre: www.espacedallaire.org.
Je suis pour la réalisation d’un espace Dallaire, mais ailleur dans la ville de Gatineau. Un instant s.v.p. , quand une classe édifiante tente de s’approprier une bonne partie d’un village urbain, qu’est le centre-ville de Gatineau, devrions-nous s’intérroger, davantage sur le lieu choisi ? À mon avis le contenu dans le site web de l’Espace Dallaire, peut s’interprété de plusieurs façons. Il est mentionné que le projet repose sur une esquisse …. »L’esquisse de ce projet »…. Pour une esquisse de plus de 30 M$ , ce sont de gros montants pour un espace vide, surtout quand on pense que dans l’ïle de Hull c’est probablement l’endroit en Outaouais où le taux de pauvreté est le plus élévé. Qu’est-ce qu’en pense la population de l’ïle de Hull ? Un musée ou des habitations ? La ville ne devrait-elle s’assurer d’aider la population en premier et tenter de conserver le ruisseau de la Brasserie, pour des considérations futures. De plus, est-ce que des études environnementales ont été effectuées ?
Suite à cette première esquisse, il est mentionné que ce projet est … »rassembleur et fortement consensuel dans la communauté »… D’une part, je ne trouve pas que ce soit un projet rassembleur de construire un espace muséal, vide de population, l’expérience du précédent Musée sur le ruisseau fût fort brève. Encore une fois, pourquoi ne pas bâtir des habitations durables pour attirer et établir des populations de la péréphérie. D’autre part, malgré ce qu’on en pense, l’art, et plus particulièrement la peinture, est une forme de culture qui s’adresse à une classe spécifique. Est-ce une forme de consensus que d’enclaver une partie de la population du Centre-Ville. Selon moi, ces aspects font en sorte que ce projet muséal, auquel je lui trouve tout-de-même des aspects positifs devrait envisager un autre endroit pour s’édifier et faire son nid.