Oni, «la sensation haïtienne» lancera les Rendez-vous du Slam de l'Alliance française d'Ottawa le 13 février prochain.
Le blues d'hiver vous a déjà pris aux tripes? Les journées sont longues, grises, froides, mornes? Qu'à cela ne tienne, si certains trouvent refuge dans la lecture, le sport, la queue de castor ou le chocolat chaud de saison, d'autres prennent les mots (maux) par les cornes et déclament leur désarroi – ou leur quiétude (qui sait?) – publiquement! C'est le cas notamment des aficionados du slam. Cette forme d'art d'expression orale, en pleine ascension au pays, a réinventé la formule des soirées open mic de poésie en invitant les sculpteurs du verbe à lire, scander, chanter ou interpréter un texte de leur cru. Une compétition amicale s'installe alors devant un jury – habituellement issu du public – qui commente les performances.
Longtemps associée au mouvement hip-hop comme forme d'art issue de la rue et digne héritière de la tradition nomade des troubadours, cette pratique fait maintenant des adeptes chez les poètes de tous genres, tous milieux, dans sa volonté de «démocratiser» la poésie. Voyez juste les événements, festivals et compétitions de spoken word et de slam qui se créent au Québec, les FrancoFolies de Montréal consacrant même une soirée complète à cette forme d'art l'été dernier, attirant les célébrissimes slameurs français Grand Corps Malade et Abd Al Malik.
Suivant la cadence, le mouvement a depuis longtemps fait sa niche dans la région. Les soirées mensuelles Capital Slam à Ottawa ont été créées en 2004 par Elissa Molino et Greg Frankson et n'ont eu de cesse d'attirer les foules depuis avec leurs membres actifs appréciés. La prochaine soirée slam à l'horaire se déroulera au mois de mars au Mercury Lounge. Surveillez le site pour plus de détails: http://www.capitalslam.com/
De l'autre côté de la rivière, l'Association des auteures et auteurs de l'Outaouais fondait l'automne dernier SlamOutaouais, en collaboration avec la Ligue québécoise de slam, réunissant des poètes établis ou amateurs et proposant trois premières soirées corsées. Trois «joutes» sont à l'horaire de SlamOutaouais cette saison: la première aura lieu le 31 mars à 20h au Café Le Troquet; la seconde prendra place à la Maison des auteurs le 23 avril et la dernière, au même endroit, le 19 mai. Info: www.aaao.ca/SlamOutaouais
Enfin, l'Alliance française d'Ottawa a aussi décidé de surfer sur cette même vague et présentera désormais des Rendez-vous mensuels du slam, ouverts aussi bien aux poètes anglophones que francophones. L'inauguration des soirées se tiendra le 13 février prochain à 18h en présence d'Ivy, connu comme le fondateur du mouvement slam au Québec, et d'Oni, «The Haitian Sensation», très certainement l'artiste slam la plus en vue d'Ottawa, aussi reconnue internationalement dans le cercle slam. Info: www.af.ca/ottawa
Plaintes lyriques
Enfin, si vous n'êtes pas familier avec le mouvement, je vous conseille fortement d'utiliser ce purgatoire comme remède contre la mélancolie hivernale. Les plus extrémistes peuvent aussi fonder leur propre chorale plaintive en se basant sur le modèle des complaints choirs, lancé au plus creux de l'hiver à Helsinki et à Birmingham en 2004. Une vingtaine de ces chours ont ensuite poussé un peu partout dans le monde, dont la As It Happens Complaints Choir de Toronto. Une de ses missives chantées se lit comme suit: «I just think that you ought to know, Canada leaves me feeling low; Winter slush; People who don't flush; Passport applications that are slow…» et ainsi de suite pour quelques couplets et refrains grognons. Cela vous inspire un récital morose? Visitez le www.complaintschoir.org pour la marche à suivre afin de fonder votre propre chorale de bougons et pour participer au forum sur le sujet!