Pourquoi ne pas profiter du fait que la présidence d'honneur du 29e Salon du livre de l'Outaouais a été confiée à Stanley Péan pour s'entretenir avec cet auteur, chroniqueur, musicien, mélomane, président de l'UNEQ, collègue journaliste au Voir Montréal, mais aussi fin penseur et orateur?… De quoi parle-t-on avec ce touche-à-tout qui tient la barre de l'émission du matin à Espace Musique en remplacement de Sophie Durocher, qui est rédacteur en chef du mensuel Le Libraire et auteur d'une trentaine de romans et recueils de nouvelles? De musique, bien entendu. Celle-ci jalonne son corpus littéraire, que ce soit par le truchement de l'essai (Toute la ville en jazz), de l'anthologie (Jazzman) ou de ses autres écrits, carrément disséminée à même ses romans, ses nouvelles (sa trilogie qui vient de se conclure avec Autochtones de la nuit) et même son blogue (http://www.stanleypean.com/)! «C'est là où je me trahis, parce que je suis un mélomane obsédé; il y a toujours de la musique quand je travaille. Tout dépendant de ce que j'écris, toute musique ne convient pas. Si je suis plongé dans une écriture laborieuse, je ne le fais pas au son de la chanson par exemple; j'écris plus volontiers au son de la musique instrumentale, qu'elle soit classique ou jazz. Plus souvent jazz, on le dira…» exprimera-t-il sur la question. Ici, là et ailleurs, il met sur papier la musique qui l'habite, celle qui bat aux tympans de ses personnages, celle qui tient lieu de trame sonore à ses écrits, tout en relief, tout en substance, à la plus grande allégresse du lecteur.
On placote aussi avec Stanley de ses 20 ans d'écriture, qu'il célèbre cette année: pour le souligner, le Salon du livre de Montréal faisait de lui un de ses invités d'honneur l'automne dernier, et celui de l'Outaouais, son président. «La dernière fois que je suis venu au SLO, j'étais animateur de Bouquin en ville à la Chaîne culturelle de Radio-Canada. Ce salon faisait autrefois partie de mes incontournables à l'époque où il tombait la dernière fin de semaine de mars. Je fêtais toujours mon anniversaire à Hull. Mais vous l'avez déplacé!» se plaint en riant celui qui a été particulièrement interpellé par le thème de l'évasion du 29e SLO. «La littérature, c'est une forme d'évasion tout en étant une autre manière de regarder le monde; on est à la fois en dehors du monde et collé sur lui.»
On cause aussi avec le président de l'UNEQ de l'état de la littérature qui périclite avec un nombre toujours grandissant de livres et un nombre toujours déclinant de lecteurs: «Il y a cette hypothèse fort populaire chez certains qui veut qu'il y ait trop de livres, qu'il faudrait qu'on en publie moins. J'ai tendance à voir la situation à l'inverse: il n'y a pas assez de lecteurs, faudrait qu'on en trouve plus! Je pense qu'une littérature, pour être dynamique, pour être vivante, a besoin d'une masse critique, a besoin qu'il y en ait trop, a besoin de livres qui vont tomber dans l'oubli. Personne ne veut être l'auteur oublié 10 ans après sa mort, mais il y en a dans toute l'histoire de la littérature. C'est cette masse qui permet aux ouvres importantes d'émerger.»
On bifurque ensuite sur les sentiers de l'instantanéité qu'offre l'alimentation d'un blogue – qui rappelle à son auteur la discipline d'un journal personnel qu'il a tenu longtemps -, mais aussi de son genre chouchou, la nouvelle; ses auteurs de choix étant les Edgar Allan Poe, Anthony Burgess et Harlan Ellison. «Ce que j'aime, évidemment, c'est le côté instantané, c'est le côté "on embarque dans un train qui était déjà en train de rouler et la destination arrive très rapidement". Le lecteur doit comprendre les enjeux dans un espace de temps restreint… L'auteur doit esquisser le monde de ces personnages qu'on ne fait que croiser en très peu de temps, donc c'est un exercice que j'aime autant que celui de la chanson dont il est très proche.»
Autant de sujets qui alimentent une conversation passionnante, qui ne peut être citée qu'en partie ici, mais dont vous pouvez lire l'essentiel sur mon blogue: www.voir.ca/blogs et qui se poursuivra lors du SLO notamment lors de la rencontre Escapade Jazzée que j'animerai vendredi soir, le Face à face: Destination Haïti samedi avec Marie-Célie Agnant, et la table ronde Écrire pour les ados dimanche. http://www.slo.qc.ca/
On peut dire qu'on a eu chaud lorsqu'il était question de déménager notre Salon du livre ou pis encore, de suspendre sa tenue pour un an, faute d'espace, quand on parlait de vendre le Palais des congrès. C'est donc une édition quelque peu réduite que nous proposent cette année ses organisateurs, mais on n'y voit que du feu avec une thématique qui rassemble et un président d'honneur qui rallie!