Sur le fil

Va, vis et deviens

 

On nous avait annoncé sa «laide» mort, mais voilà que le mois dernier, on nous assurait non seulement la tenue de sa 10e édition anniversaire, mais aussi sa pérennité. «Le Festival du film de l'Outaouais est là pour rester», voilà comment se résumait le discours de ses «sauveurs de fonds». «Ouf!» lâchaient en chour les fidèles de cet événement, dont je suis. Comment un tel festival qui rallie tant de Gatinois a-t-il pu se trouver dans la dèche à ce point? Et pourquoi diable l'Outaouais est-il tellement sous-financé pour ses événements d'envergure?

Son fondateur et président, Didier Farré, déplorait depuis longtemps auprès des médias qui voulaient bien l'entendre l'infime participation du gouvernement canadien et la non-collaboration de la ville voisine, Ottawa, qui a presque toujours boudé l'événement.  Mais voilà, après des cris de détresse bien sentis et des menaces de disparition définitive, Didier Farré aura enfin réussi à se faire entendre. Le gouvernement du Québec ainsi que la Ville de Gatineau sauvent les meubles, garantissant du coup leur soutien financier récurrent. Téléfilm Canada est aussi de la partie, comblant 0,5 % du financement (alors que le gouvernement du Québec en couvre 13 % et la Ville de Gatineau, 0,7 %). Ce qui n'est bien sûr pas acceptable aux yeux de M. Farré: «C'est quand même dramatique que le gouvernement conservateur en fasse si peu pour la culture. On constate qu'il a plus envie d'acheter des avions militaires qui ne servent à rien.»

Mais enfin, M. Farré respire quand même déjà mieux. Il a pu déposer les armes en vainqueur, non sans heurts et égratignures. Il est satisfait de la programmation qu'il a réussi à concocter en peu de temps, bien que les tremblements de terre de la foudre financière aient entraîné quelques dommages collatéraux. Le grand manitou du cinéma aurait bien aimé offrir d'autres coups de circuit avec des films québécois en primeur (les Sans point ni coup sûr de Francis Leclerc, Maman est chez le coiffeur de Léa Pool et le nouveau Binamé n'étaient pas disponibles à temps); des films internationaux inédits (Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon). Mais il se reprendra LES prochaines fois! www.offestival.com

Le FFO, l'été?

Bien qu'une épine ait été retirée du pied de M. Farré, il reste qu'il y a encore beaucoup à faire. Il doit notamment trouver des solutions pour attirer plus de spectateurs à son événement – qui accueille en moyenne de 12 000 à 15 000 personnes. «Dans l'avenir, Téléfilm Canada va octroyer des subventions en fonction du nombre de visiteurs payants ou gratuits. C'est un peu dangereux pour nous qui sommes confinés à des salles de 300-380 sièges. Ce n'est rien comparativement aux scènes extérieures du Festival de jazz… Les festivals d'hiver ne pourront jamais rivaliser avec les festivals d'été!» déplore-t-il.

Cela dit, le directeur n'exclut pas de déplacer son événement en été. «On pourrait avoir trois ou quatre écrans de ciné-parc et faire des projections gratuites, à la tombée de la nuit, suggère-t-il. On l'a déjà fait dans le passé au Lac des fées, mais évidemment, on est toujours tributaires du beau temps.» Le FFO l'été? Vraiment?

Pour ma part, j'adore que ce festival soit en hiver. Quelques jours après le Salon du livre, le FFO trouve toujours sa place à l'agenda et promet des voyages mirobolants au cour du septième art, des discussions animées, des repas en bonne compagnie… Bref, un coin chaud au cour de la saison froide qui s'étire. Un événement estival, plus petit, qui serait présenté en périphérie du festival d'hiver serait peut-être envisageable… «Des idées, on en a. Il n'y a pas de problème. C'est l'argent pour les mettre en ouvre qui manque. Nous devons redresser la barre financièrement, c'est la condition de la SODEC. Nous devons réduire notre déficit et être très rigoureux», conclut M. Farré, dans un échange téléphonique.

Meilleure des chances, Monsieur FFO. Nous sommes ravis que vous soyez toujours parmi nous et nous souhaitons que ce rendez-vous hivernal demeure et prenne de l'expansion année après année. Vous êtes ici chez vous.