Église Sainte-Angélique de Papineauville
Nos églises sont désertées… Je n'apprends rien à personne. Changements de valeurs, de pratiques, de foi… les raisons sont multiples. Nous sommes plusieurs à ne pas avoir mis les pieds dans une de ces institutions depuis belle lurette, sauf peut-être lors du baptême de la petite cousine, de la première communion du neveu ou du mariage d'une amie d'enfance… par politesse et affection. Et pour la plupart, nous nous sommes sentis décalés, complètement en retrait par rapport à des rituels jugés rétrogrades, à des sermons obsolètes. Ces visites infructueuses laissent un goût amer de «revenez-y plus!» Et une masse d'individus ont obtempéré. Pas nécessairement par abandon de la foi, mais par délaissement envers ces lieux de culte luxuriants qui ne rallient plus la génération X et encore moins la génération Y.
Or, si ces générations ont été prêtes à dire adieu à la messe, elles ne sont pas pour autant enclines à voir dépérir ou démolir des bâtiments qui ont une valeur historique et patrimoniale à leurs yeux. Un seul voyage dans les grandes villes du Vieux Continent suffirait à convaincre quiconque de l'importance de la préservation et de la mise en valeur du patrimoine religieux! Et si les églises ne paraissent pas toutes comme des joyaux architecturaux aujourd'hui, qui sait ce qu'on leur trouvera demain?
Lieu de culte et de spectacles?
Dans le processus lent de la «patrimonialisation» de certaines églises (alors que d'autres seront fatalement remplacées par des tours à condos), certaines initiatives contribuent à réanimer ces édifices à l'acoustique incomparable. Je pense ici à l'événement Symphonie en église qu'organisent les Fonds des ouvres pastorales de l'Archidiocèse de Gatineau avec l'Orchestre symphonique de Gatineau (OSG) dans trois églises de la région. Le 17 mai à 20h, l'église Sainte-Angélique de Papineauville vibrera au son du jeune et déjà prolifique orchestre, qui interprétera des pièces de Mozart, Mascagni, Dvorak et Beethoven, en plus d'offrir un hommage à la chanson française. Le concert sera ensuite donné à l'église Sainte-Rose-de-Lima du secteur Gatineau le 25 mai à 15h, pour se diriger vers l'église Saint-Paul du secteur Aylmer le 1er juin à 15h. Les profits seront versés au Fonds des ouvres pastorales de l'Archidiocèse, dont les activités visent notamment le soutien aux familles, l'accompagnement des jeunes et la solidarité sociale. Info: www.diocesegatineau.org
Loin d'être menacées de fermeture, ces églises serviront ainsi à attirer un public bigarré, dont une partie mettra peut-être les pieds pour la première fois dans une église de la paroisse voisine, ce qui en réconciliera possiblement certains avec ces beaux bâtiments. Et si les arts étaient une partie de la solution pour conserver nos églises? On se plaint dans la région d'Ottawa et Gatineau qu'on manque de salles de spectacle adaptées… Certaines églises pourraient certes être réaménagées en d'acoustiques et ô combien bucoliques salles! Cette idée n'est pas aussi saugrenue qu'elle en a l'air: je n'ai jamais vu de files d'attente aussi longues devant les parvis d'église que lors des festivals de musique sacrée ou de musique de chambre de la région! Nous pourrions ainsi prendre exemple sur l'église de Saint-Sauveur, une des plus prisées au Québec par les touristes, dont on envisage la transformation afin qu'elle accueille plus de spectacles tout en continuant à servir de lieu de culte pour ses fidèles.
Toutes ne pourront pas connaître ce joli sort, mais espérons au moins qu'avec les valeurs de préservation, de réutilisation et de recyclage qui prévalent de plus en plus dans nos sociétés, on trouvera moyen de préserver l'essentiel de nos admirables chapelles et monumentales églises.
L'archidiocèse de Gatineau compte 57 églises. Une de moins depuis la semaine dernière: l'église Saint-Jean-Bosco du secteur Hull a été vendue à des intérêts privés. C'est la quatrième à subir ce sort sur le territoire de Gatineau. Combien en restera-t-il dans 57 ans?