Sur le fil

En english

Ne vous en faites pas, malgré ce que ce titre laisse entendre, je n'ai pas l'intention d'aborder les sempiternels enjeux de la langue française dans la région que soulèvent les festivals aux communications unilingues anglophones de la capitale, les menus non traduits dans les restos du Marché By ou le service qui «don't speak french» dans les commerces ottaviens et même outaouais (!). Non. (Cette simple énumération en dit déjà assez long…) Je veux plutôt vous faire part d'initiatives qui travaillent à justement renverser cette vapeur. Un fait souvent déploré dans la réalité franco minoritaire: les radios commerciales francophones qui diffusent presque autant de musique dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare. Cette tendance n'est pourtant pas observée dans le Canada anglais, qui consacre très peu de temps d'antenne à la culture francophone.

Mon collègue de l'Ottawa XPress a attiré mon attention sur une émission radiophonique de CBC Radio One où il avait entendu une entrevue consacrée à l'histoire de l'illustre criminel québécois, Lucien Rivard. «Elle a un nom français et il n'est pas rare d'y entendre des entrevues en français», m'a-t-il précisé au sujet de ladite émission. Ces simples mots suffirent à piquer ma curiosité et mes recherches me menèrent sur le site de l'émission nationale C'est la vie, diffusée les dimanches soir à la radio anglaise de CBC. Animée par Bernard St-Laurent – qui en avait été le cocréateur en 1998 et qui tient également la barre de l'émission montréalaise Home Run tout en étant chroniqueur politique à ses heures -, l'émission s'intéresse à la culture francophone au Québec comme partout au Canada, en traitant des médias, des arts et de la culture, des sports et des affaires. 

Mon collègue m'avait aussi glissé un mot à propos des capsules Word of the Week, qui sont ni plus ni moins que des petites leçons de la semaine pour enrichir son vocabulaire français. Tiens, tiens. Intéressant. Voici, à titre d'exemple, la définition donnée du mot bec: «"Donne-moi un bec" means give me a kiss. "Un petit bec" is a small kiss, "un gros bec" is a big kiss, "un beau bec" is a nice kiss. If you like to eat sweets, one could say that "vous aimez vous sucrer le bec". Bec in that case refers to your mouth, like in "ouvre le bec" (open your mouth). If you are picky about what you eat, "vous avez le bec fin". Be careful not to complain too much because your criticisms could lead to "des prises de bec" (squabbles) and you could end up "le bec à l'eau" (to be left high and dry) and have to cook all the meals yourself!»

Joli comme façon de présenter les choses. J'aime bien cette écriture «fluidely bilingual» – comme dirait Elvis Gratton – et je vais écouter d'une oreille attentive la prochaine émission de C'est la vie qui, je l'espère, compte de nombreux fidèles dans notre région hétérogène! Le CD Word of the Week – comprenant le best of des capsules hebdomadaires et une entrevue avec l'auteur Yann Martel et ses parents, qui ont traduit Life of Pi – est aussi disponible à la boutique de CBC pour les anglophones qui désirent améliorer leur français dans le confort de leur foyer ou de leur voiture. Info: www.cbc.ca/cestlavie

Radio One produit aussi des émissions telles que Breakaway, qui traite des arts et de la culture au Québec, sans oublier À propos avec le grand Jim Corcoran, qui travaille à faire connaître la culture musicale franco aux anglos.

Enfin, je ne pouvais aborder le sujet des émissions de radio qui font preuve de diversité sans souligner le travail exceptionnel des bénévoles de la seule radio universitaire bilingue au Canada: CHUO 89,1 FM de l'Université d'Ottawa. Créée en 1975, la station roule 24h sur 24 et poursuit son mandat immense avec plus de 35 000 auditeurs et une programmation multiculturelle de qualité, aussi bien en français qu'en anglais! Info: www.chuo.fm

Prêtez l'oreille!