Les plaines LeBreton: nouvel habitat naturel du Bluesfest d'Ottawa! © Peter Waiser
C'était en 1994, année des grandes turbulences culturelles et artistiques à Ottawa. Trois festivals – forgeant aujourd'hui l'identité même de la capitale fédérale – voyaient le jour. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis, le canal a gelé et dégelé à maintes reprises et plusieurs événements culturels sont apparus pour ensuite tomber dans l'oubli. Mais ces trois «navires» tiennent toujours le cap, bravant la tempête à travers des restructurations, des déménagements, des changements de direction et tutti quanti… De quels «fêtés» s'agit-il? Le Bluesfest d'Ottawa, le Festival international de musique de chambre d'Ottawa et le Festival folk d'Ottawa ont 15 feux de Bengale sur leur gâteau cet été, et ils s'inscrivent plus que jamais comme des institutions solides et innovantes dans la région.
Le Bluesfest d'Ottawa tient cette édition anniversaire du 3 au 13 juillet avec des artistes de renommée mondiale – James Taylor, Ray Davies, Brian Wilson, Donna Summer -, mais aussi avec des chouchous canadiens – Feist, Martha Wainwright, Sam Roberts, Metric, etc. Sixième au classement Billboard en matière de nombre de tickets vendus, le Bluesfest est également l'un des plus grands festivals urbains en Amérique du Nord, après celui de Chicago. Se trouvant trop à l'étroit à la plaza des Festivals attenante à l'hôtel de ville, le festival a eu le bon goût l'an dernier de déménager ses pénates dans le nouveau parc des Plaines-LeBreton, à l'ombre du Musée de la Guerre. Non seulement ce site de 3,6 hectares ravit, mais il constitue le plus grand lieu de rassemblement culturel de la capitale. Et cela a certes un effet d'entraînement, puisque 300 000 personnes se sont massées devant les sept scènes du festival en 2007! Et dire que le tout a commencé avec un festival de trois jours, sur deux petites scènes… Partageant plusieurs de ses têtes d'affiche avec le Festival de jazz de Montréal et le Festival d'été de Québec, l'événement, qui se consacre à la musique blues, world, alternative, rock, jazz, funk, rap, folk, urbaine et à tous ses dérivés, est certes l'un des plus courus, enlevants et jubilatoires d'Ottawa… www.ottawabluesfest.ca
Le Festival international de musique de chambre d'Ottawa squatte les églises et salles de la région pour une 15e fois du 25 juillet au 9 août. Chapeauté par la Société de musique de chambre d'Ottawa – récipiendaire sept fois (!) du Prix du lieutenant-gouverneur pour les arts -, il tient le rôle du grand paternel en tant que «plus grand festival du genre au monde». Il revêt aussi le beau jeu de réinvestir les splendides lieux de culte de la région – délaissés par plusieurs malgré leur acoustique exceptionnelle -, leur conférant le temps de quelques douces notes une tout autre vocation. Pour cette 15e, on a confié au Trio Gryphon la programmation artistique, qui compte parmi ses étoiles la soprano Isabel Bayrakdarian en ouverture; Augustin Dumay et Louis Lortie; le Quatuor Keller; André Laplante; Matthew White; Daniel Taylor; ainsi qu'Omar Daniel – qui se produira jambes en l'air, tête en bas. La série de concerts «Cabaret-Légion», présentée en fin de soirée, proposera des rencontres et des discussions alors que les artistes interpréteront les pièces les plus obscures de leur répertoire. On aime! www.chamberfest.com
Enfin, le Festival folk d'Ottawa installe son événement des plus zen et conviviaux au parc Britannia pour une 15e édition du 14 au 17 août. Il mettait d'ailleurs son horaire en ligne la semaine dernière, sans tambour ni trompette. Mais qui dit modeste festival ne dit pas simplissimes invités, puisque les Rufus Wainwright, Broken Social Scene, Sarah Harmer, The Sadies, Colin Linden, Genticorum, Odetta et encore d'autres passeront par là cet été. Figurant au palmarès des 50 meilleurs festivals ontariens selon Festival & Events Ontario, le Folkfest plaît par son esprit «à la bonne franquette». www.ottawafolk.org
Ces trois «embarcations» ont toutes en commun de mettre à l'avant des artistes de renommée internationale, nationale, régionale, sans toutefois négliger le local, ça non! En outre, ces trois organisations sans but lucratif reposent en grande partie sur des bénévoles qui donnent sans compter. Par passion. Une ferveur émane certes d'eux puisqu'un 15e anniversaire n'est pas monnaie courante dans cette industrie… Et encore moins un trio de 15es anniversaires dans une même ville! Malgré cette ardeur, il ne faut pas omettre de formuler un vou quand viendra le temps de souffler les bougies, messieurs dames! Pour que le bon sort persiste et que toujours de nombreux festivaliers se fassent le cadeau du divertissement et de la bonne «muse» l'été venu.