<p><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_campementW.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_campementW.jpg" border="0" alt="" /></a>© ScienceDuck</p>
<p>Quand sonnera la 19<sup>e</sup> heure de la journée du 2 octobre à Ottawa, 70 tentes d'expédition blanches s'illumineront au parc Major's Hill… Soixante-dix tentes porteuses d'une mémoire collective enfouie sous les pavés unis, ternis, rabougris des contrées canadiennes… Soixante-dix tentes proposant chacune une histoire intime: celle de l'intolérance, de l'exclusion, de l'aliénation dont ont souffert les personnes vivant avec une déficience intellectuelle. Soixante-dix tentes qui éclaireront les nuits noires d'automne, dans l'ombre du parlement, du 2 au 4 octobre, de 19h à minuit.</p>
<p>Cette installation singulière intitulée <em>Le Campement</em> est l'œuvre de l'artiste torontois <em>Thom Sokoloski</em> et de sa collègue <strong>Jenny McCowan</strong> (tous deux de Studio SM), en collaboration avec l'Association canadienne pour l'intégration communautaire (ACIC) dans le cadre de son 50<sup>e</sup> anniversaire et de sa campagne <em>On se rassemble</em>. Avant Ottawa, cet objet d'art évolutif avait été inauguré à la Nuit Blanche 2006 de Toronto, pour ensuite visiter l'île Roosevelt de New York en octobre 2007. La nouvelle «version nationale» présentée ici retournera à Toronto au début de l'été 2009.</p>
<p>En juillet dernier, Studio SM lançait une invitation à la population canadienne – avec des visites ciblées à Moncton, Vancouver, Whitehorse ,Winnipeg, Toronto et Ottawa – à participer à ce projet d'envergure. La mission confiée à ces «collaborateurs créatifs»? Recueillir des récits du passé liés à la déficience intellectuelle; se baser sur l'un d'eux pour construire une installation visuelle qui aura pour logis une tente illuminée de l'intérieur. Une communauté virtuelle a d'emblée été créée sur le Web afin de récolter et de mettre en circulation des histoires et des ressources pour l'ensemble des gens impliqués. Des ateliers d'installations créatives avaient d'ailleurs été organisés par le groupe local de l'ACIC dans chacune des villes, guidant ainsi les participants à «transposer leur histoire en expérience visuelle».</p>
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<p><strong>Fouilles collectives</strong></p>
<p>Pour Sokoloski, l'installation se veut la métaphore d'un campement archéologique dont les fouilles seraient consacrées à la «<em>mémoire collective d'un espace public</em>». Chacune des tentes correspond ainsi à une personne retenue dans la prison de sa maladie – en jouant avec les notions d'absence-présence -, qu'on découvre par l'entremise des mémoires de placement dans des institutions, d'internement, de ségrégation, de quarantaine… </p>
<p>Une œuvre d'art optique, deux points de vue: à partir du théâtre de l'Astrolabe (MBAC), de l'ambassade des États-Unis ou du Château Laurier, les petites tentes de lumière s'apparentent à un réseau électrique moderne qui bourdonne, alors que la visite sur le terrain place le visiteur devant des témoignages individuels et leur contexte historique. </p>
<p>Tel qu'observé dans les villes hôtes, ces petites expositions narratives où les objets parlent suscitent une impulsion chez leurs visiteurs, celle du dialogue. «À New York, les gens se promenaient et échangeaient les uns avec les autres, se remémore M. Sokoloski. Des groupes se formaient pour regarder le ciel et entretenir des conversations basées sur ce qu'ils avaient vu. Il y a toujours cette qualité sombre à l'installation, avec ces tentes et ces lumières qui brillent à l'intérieur, où on voit les ombres d'objets, de personnes.» Des ombres témoignant d'un passé trouble, honteux et dissimulé où une collectivité a fait preuve d'intolérance et d'exclusion envers ses contemporains aux prises avec un handicap intellectuel. Des ombres qui prouvent que chaque individu détient l'immense pouvoir de la créativité comme arme de communication massive. Des ombres qui agissent sur notre mémoire collective, provoquant un sain questionnement sur les principes d'intégration et d'inclusion aujourd'hui. À voir, du 2 au 4 octobre, dans l'arrière-cour de la capitale fédérale.</p>
<p>Pour en savoir plus sur cet exceptionnel terrain de camping nomade, visitez le <a class="" title="www.theencampment.net" href="http://www.theencampment.net/" target="_blank">www.theencampment.net</a>.</p>
Nuits blanches
Mélissa Proulx