Sur le fil

La bande de filles

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<p><a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_johannaW.JPG"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_johannaW.JPG" align="right" border="0" alt="" /></a>Il y a quelques années déjà, j'ai eu la piqûre pour ce que font les femmes en bande dessinée. Sans vouloir les cloisonner à un style particulier, j'appréciais le ton plus personnel, sensible et vif adopté chez la plupart d'entre elles. Avec un nid florissant pour le neuvième art tel que l'Outaouais – par son Rendez-vous international de la BD et son Studio Premières Lignes -, j'ai pu «rencontrer» plusieurs femmes à travers leurs œuvres autobiographiques ou fictives (je pense à <strong>Iris</strong>, <strong>Zviane</strong>, <strong>Eva Rollin, Catherine Genest, Catherine Lepage</strong> et combien d'autres!). Elles ont laissé en moi des marques indélébiles…</p>
<p>Nouvelle niche des plus productives pour les auteures de bande dessinée prenant du galon ces dernières années: le blogue! Quel divertissement que de suivre les états d'âme, réflexions et explorations des <strong><a class="" title="Iris Boudreau" href="http://monsieurleblog.canalblog.com/" target="_blank">Iris Boudreau</a></strong>, <strong><a class="" title="Zviane" href="http://www.zviane.com/prout/" target="_blank">Zviane</a></strong>, <strong><a class="" title="Eva Rollin" href="http://www.evarollin.com/" target="_blank">Eva Rollin</a></strong>, en plus d'un florilège d'adresses tout aussi pétillantes en Europe (<strong><a class="" title="Melaka" href="http://www.melakarnets.com/" target="_blank">Melaka</a></strong>, <strong><a class="" title="Miss Gally" href="http://missgally.com/blog/" target="_blank">Miss Gally</a></strong>, <strong><a class="" title="Pénélope Jolicoeur" href="http://www.penelope-jolicoeur.com/" target="_blank">Pénélope Jolicoeur</a></strong>) via le Web! D'abord principalement employé comme «terrain de jeu» pour se faire la plume, le blogue BD est presque devenu un genre en soi!</p>
<p>M'aventurant de plus en plus dans l'univers de la bande dessinée au féminin, donc, je me réjouissais l'an dernier de la naissance, en France, du prix Artémisia, récompensant la meilleure BD réalisée par une femme. Alors que je suivais le tout via le Web, quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre que la première récipiendaire du prix était l'une des invités du neuvième Rendez-vous de la BD de Gatineau!</p>
<p><strong>Johanna, femme Artémisia</strong></p>
<p>Originaire de Taiwan et maintenant établie à Bordeaux, Johanna a été récompensée pour Nos âmes sauvages, septième album en carrière. Comme j'ai pu l'apprécier ailleurs, l'auteure ose l'introspection dans cet ouvrage quasi autobiographique qui relate le parcours initiatique de son héroïne vers le chamanisme amazonien. «Travail spirituel» que l'auteure elle-même a réalisé sur plusieurs années. En remportant le prix Artémisia, Johanna enfile bien malgré elle le manteau de militante pour la BD féminine. Or, cette fibre activiste est déjà présente dans son œuvre, qui dénonce les clichés occidentaux envers les peuples indigènes, promeut la biodiversité et traite des questions environnementales. «C'est une reconnaissance de mes pairs puisqu'il y a plusieurs auteures de bande dessinée dans le jury. Par rapport à mon éditeur, ça a évidemment mis beaucoup de beurre dans les épinards, il était content et moi aussi!» s'exclame-t-elle au bout du fil. «Il a été convaincu de continuer à travailler avec moi absolument! Ce qui n'est pas gagné parce que ce n'est vraiment pas un album commercial.»</p>
<p>Diplômée de l'École supérieure de l'image d'Angoulême il y a une quinzaine d'années, Johanna a connu des débuts difficiles. «À l'époque, les éditeurs étaient très réticents à publier l'œuvre d'une femme à moins qu'elle maîtrise parfaitement la bande dessinée de genre, ce qui aurait eu pour résultat de la rendre unisexe en quelque sorte. Mais moi, je faisais déjà des histoires personnelles, je mettais en scène des personnages féminins qui ne correspondaient pas aux codes esthétiques convenus.» Beaucoup de choses ont changé en 15 ans, reconnaît-elle, bien qu'il y ait encore beaucoup de travail à faire. «Dans la profession, on est 7 % de femmes sur l'ensemble des auteurs professionnels. Ce n'est pas énorme et on est loin de la parité!»</p>
<p>«La bande dessinée, comme plusieurs milieux, fonctionne par réseau. Et comme elle est dominée par les hommes, il faudrait qu'une femme agisse comme un mec pour arriver à la même médiatisation, la même mise en avant, le même jeu d'entraide de la bande. Donc, en fait, Artémisia, c'est un peu la bande de filles. Il faut qu'on fasse le travail pour nous, on prend le pouvoir pour que nos succès puissent s'inscrire un peu plus dans la durée.»</p>
<p>Ce serait quand même pas mal que l'association Artémisia étende ses lianes jusqu'au Québec, un peu comme l'a fait le prix Femina! Peut-être le message doit-il être entendu chez nos éditeurs pour qu'ils envoient des candidatures? Le bruit doit courir, et voilà une belle occasion de découvrir la porte-parole annuelle du prix, en la personne de Johanna au RVIBDG! Info: <a class="" title="www.slo.qc.ca" href="http://www.slo.qc.ca/" target="_blank">www.slo.qc.ca</a></p>