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<p>Ne vous effondrez pas sur le trottoir de la rue Bank, dès le 1<sup>er</sup> décembre prochain, si vous constatez que les portes du cinéma Mayfair ont été cadenassées. Elles ne seront fermées que temporairement pour mieux rouvrir un mois plus tard… Foi de ses nouveaux patrons!</p>
<p>Effectivement, après des semaines de menaces de fermeture justifiées par la nécessité de rénovations trop onéreuses et une baisse de clientèle – qui eut pour effet d'entraîner la mobilisation de ses adeptes -, voilà qu'on a fait l'annonce de la relance du plus ancien cinéma de la capitale nationale, vieux de 76 ans. Un groupe de quatre «investisseurs amants de cinéma» – l'entrepreneur <strong>John Yemen</strong>, le conservateur filmique et projecteur <strong>Paul Gordon</strong>, les cinéastes <strong>Lee Demarbre</strong> et <strong>Ian Driscoll</strong> – ont ainsi scellé son destin en signant un bail de 10 ans.</p>
<p>L'édifice de briques rouges du sud de la ville d'Ottawa, construit lors de la Seconde Guerre mondiale, avait été menacé d'être rasé pour être remplacé par des condominiums quand – coup de théâtre! – le conseil municipal le désigna bâtiment du patrimoine culturel, en vertu de la Loi sur le patrimoine de l'Ontario. Feu vert pour les quatre entrepreneurs qui présentaient depuis peu les <em>Saturday Night Sinema</em> au Club Saw et au Mayfair et qui cherchaient désespérément un endroit pour s'exercer à longueur d'année.</p>
<p>«La programmation ne laissait pas paraître qu'on mettait du cœur à l'ouvrage dernièrement au Mayfair», fait remarquer Lee Demarbre, joint à Sarasota en Floride alors qu'il procédait à l'achat de nouveaux sièges pour meubler son rêve devenu réalité. «Je ne veux pas critiquer les programmeurs, mais les choses n'étaient plus ce qu'elles ont déjà été au Mayfair, avec ses films commerciaux hollywoodiens; on ne retrouvait plus le programme aux quatre coins de la ville comme avant. Il y avait un petit moment déjà que j'étais triste de la situation.»</p>
<p>Le cinéaste de comédies d'horreur (<em>Harry Knuckles and the Pearl Necklace</em>,<b> </b><em>The Dead Sleep Easy</em>) se surprend d'ailleurs qu'Ottawa ne brille pas davantage sur le plan national, et ce, malgré l'ombre que lui font Montréal et Toronto avec leurs festivals majeurs. «C'est surprenant qu'une ville comme London en Ontario ait des cinémas encore plus excitants qu'Ottawa, la capitale du Canada», constate Lee Demarbre, qui ajoute que seul le cinéma Bytowne propose une expérience cinématographique alternative aux grandes chaînes. </p>
<p>«Aller au Mayfair, c'est comme aller à l'église: il y a cet aspect historique et une tonne de souvenirs rattachés à des épisodes importants. Pour ma part, j'ai vu <em>Killer </em>de John Woo pour la première fois au Mayfair, sans compter <em>El Topo</em>, <em>Eraserhead</em>, <em>Supervixens</em>, <em>Liquid Sky</em>, <em>The Wall</em>… Il est maintenant temps de créer de nouveaux souvenirs pour le jeune auditoire. Dans 20 ans, ils diront: c'est à cet endroit que j'ai vu <em>Audition</em> de Takashi Miike pour la première fois, mais aussi <em>Battle Royale</em>, <em>Ichi the Killer</em>, <em>The Good, the Bad and the Weird</em>, <em>Red Cliff</em>, <em>SPL</em>…» s'emballe-t-il.</p>
<p>En plus de lui refaire une beauté physique et technologique (système de son surround Dolly Digital, nouveau projecteur 16 mm), les nouveaux chefs du Mayfair mettent donc au rancart son type de programmation – films à mi-chemin entre les grandes salles et les sorties DVD – pour présenter des films canadiens comme étrangers, des films classiques, artistiques, expérimentaux, des projections nocturnes et des festivals. «Le Mayfair Theatre conservera son nom ainsi que sa vieille âme, mais avec une bonne dose de Viagra!» illustre pour conclure Lee Demarbre. </p>
<p>Un mois de décembre tristounet attend peut-être les habitués du centre, certes, mais cirez bien vos chaussures pour janvier puisqu'en la deuxième journée de l'année, un grand party conviera le tout-Ottawa à célébrer la réouverture du cinéma avec rafraîchissements, projection spéciale et quelques surprises. Info: <a class="" title="www.mayfairtheatre.ca" href="http://www.mayfairtheatre.ca/" target="_blank">www.mayfairtheatre.ca</a></p>
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<p>Et pour ceux qui trouvent les quatre passionnés complètement sautés d'avoir investi dans le septième art alors que l'économie vacille et qu'Ottawa prévoit mettre la hache dans les arts et la culture, sachez que l'industrie locale du cinéma est plutôt en bonne posture. Tel que rapporté par le <em>Ottawa Business Journal</em> dans son édition du 13 octobre dernier, les revenus en cinéma pour Ottawa se chiffreraient entre 100 et 105 millions $ cette année, comparativement à entre 97 et 100 millions $ l'an passé, selon la Market Research Corp. La tendance semble indiquer que le cinéma demeure une sortie peu coûteuse et permettant l'évasion dans des périodes de ralentissement économique – les citoyens choisissant de couper dans des sorties plus dispendieuses telles que les événements sportifs, l'opéra ou le théâtre.</p>
Le Mayfair est mort, vive le Mayfair!
Mélissa Proulx