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Lettre au père Noël

<p><span style="FONT-SIZE:10pt;FONT-FAMILY:'Univers 45 Light';mso-fareast-font-family:'Times New Roman';mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-language:AR-SA;">Est-ce que la famille moyenne canadienne renoncera au </span><span style="FONT-SIZE:10pt;FONT-FAMILY:'Univers 45 LightOblique';mso-fareast-font-family:'Times New Roman';mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-language:AR-SA;">Casse-Noisette</span><span style="FONT-SIZE:10pt;FONT-FAMILY:'Univers 45 Light';mso-fareast-font-family:'Times New Roman';mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-language:AR-SA;"> traditionnel (Royal Winnipeg <a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/NutcrackerW.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/NutcrackerW.jpg" align="left" border="0" alt="" /></a>Ballet, du 4 au 7 décembre au CNA)?</span></p>
<p>Cher père Noël (PN),</p>
<p>Je sais que je m'y prends tôt cette fois-ci pour vous envoyer mes souhaits – et que ça en découragera certains à lire cette chronique -, mais je sais aussi que les facteurs jouent dans le trafic des enveloppes en cette période agitée de l'année… J'aimerais vous adresser une demande, une seule – de ma part mais pour le bien du plus grand nombre -, en ces temps de déboires économiques, d'élections à la queue leu leu et de chaises musicales au fédéral. Je regarde les dépêches des journaux depuis quelque temps et cette requête se formule d'elle-même… Aussi laide soit la crise économique qui gronde, faites que les contribuables trouvent encore le moyen de consommer les produits culturels et artistiques locaux… Qu'ils combattent le feu par le feu en encourageant le petit «fabricant de grandiose» de leur patelin – pour paraphraser Fred Pellerin.</p>
<p>Certains résultats me rassurent un brin. Cet automne, les ventes de disques vont bon train au Québec. Les Sylvain Cossette, Cowboys Fringants, Mes Aïeux et Dan Bigras brillent en haut des palmarès aux côtés des Metallica et AC/DC, certains récoltant des disques d'or en seulement quelques semaines. Un article du <em>Journal de Montréal</em> annonçait le 1<sup>er</sup> décembre que la vente de billets allait bon train pour la plupart des groupes artistiques du pays en ce temps des Fêtes. Le «<em>phénomène s'explique par le fait que les Canadiens qui voient leurs économies disparaître en fumée accueillent favorablement la culture comme source de distraction</em>», d'y déclarer Jayne Watson, porte-parole du Centre national des Arts (CNA).</p>
<p>D'autres signes sont moins encourageants. La Société de musique de chambre d'Ottawa a dû annuler son concert <em>Constantinople</em>, présenté avec la collaboration du CNA et du Trio Gryphon, en raison de l'instabilité économique actuelle. Le festival Montréal en lumière annonçait par ailleurs l'annulation de deux concerts grandioses en raison de la faible vente de billets – un concert-bénéfice de l'ensemble I Musici avec Michel Rivard et le concert de l'Opéra de Lyon mis en scène par François Girard. Pour les mêmes raisons, les Ballets de la Colombie-Britannique, compagnie de renommée internationale basée à Vancouver, se voyaient dans l'obligation de couper les emplois de 18 danseurs et 20 autres membres du personnel pour une période indéterminée.</p>
<p>Quelques exemples parmi tant d'autres pour illustrer à quel point le milieu est durement touché par la crise. Le mécénat n'ayant pas la cote en ces périodes de vache maigre, la Conférence canadienne des arts a rappelé que les organisations artistiques majeures allaient aussi écoper – le Conseil des arts du Canada, dont une partie des revenus provient des fonds de placement, pourrait suspendre la remise de certains prix ou diminuer les montants alloués. Des orteils jusqu'aux cheveux, l'engrenage pourrait être fatal pour le milieu culturel si le citoyen ne s'éveille pas au chant du poète…</p>
<p>Quels seront les réflexes du Canadien moyen si crise aiguë il y a? Comment se ventilera-t-il l'esprit? Avec des activités sportives extérieures qui ne grignotent pas le portefeuille? Avec des sorties cinéma – divertissement bon marché dont l'industrie est généralement épargnée en temps de récession? Renoncera-t-il à ses habitudes qui faisaient d'un <em>Casse-Noisette</em> ou d'un <em>Décembre</em> des incontournables familiaux du temps des Fêtes  pour écouter <em>Ciné-cadeau</em> à la maison en mangeant du pop-corn?</p>
<p>***</p>
<p>La question se pose, PN, et je crois que les plus solides du milieu culturel n'auront d'autre choix que de réviser leurs prix à la baisse s'ils veulent conserver un roulement confortable. Vivement les journées gratuites dans les musées, mais comment peut-on convaincre les citoyens les plus durement touchés par la crise de s'évader à l'aide de la culture? Le prix des billets, entre autres – à la hausse ces dernières années -, devra sans doute s'ajuster aux nouvelles réalités du marché. </p>
<p>Enfin, PN, faites travailler très fort vos petits lutins pour que chaque foyer abrite sous le sapin un produit culturel 100 % «fabriqué» ici – disque, livre, billets de spectacles, téléséries DVD… Le choix ne manque pas, suffit de le mettre à la liste du père Noël…</p>