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<p>Le livre: un produit de luxe dans les foyers canadiens en période de récession? La question brûle de plus en plus alors que le journal papier subit de violents revers; que les salons du livre se déploient aux quatre coins du pays – en baromètres approximatifs -; et que l'arrivée des livres électroniques, en forte demande aux États-Unis, font trembler les éditeurs canadiens.</p>
<p>Dans la région, les Associations d'auteures et auteurs de l'Outaouais et de l'Ontario français n'ont pu <a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_champlainW.jpg"></a>que se réjouir à la suite du 30<sup>e</sup> Salon du livre de l'Outaouais, qui a connu un achalandage historique en <a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_champlainW.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_champlainW.jpg" align="right" border="0" alt="" /></a>mars dernier avec plus de 32 000 visiteurs (hausse de 7,2 % par rapport à 2008). Mais comme toute bonne nouvelle ne vient jamais seule, leur ciel s'est vite assombri à l'annonce de la fermeture de <a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_gatineau/pop_champlainW.jpg"></a>l'unique librairie francophone à Toronto. Après 49 ans de loyaux services, la librairie Champlain se verra contrainte de mettre le verrou sur la porte dès le 30 avril; la chute des ventes des dernières années aura finalement eu raison de cette institution. Alors que la capitale ontarienne s'appauvrit d'un important vecteur de la littérature française, la province, elle, peut encore compter sur sept librairies francophones: quatre à Ottawa, deux à Sudbury et une à Hearst. Il est à craindre que l'industrie du livre francophone en Ontario, déjà très fragilisée, pourrait pâtir sérieusement de cette crise…</p>
<p>La province voisine, le Québec, semble maintenir la tête hors de l'eau pour le moment. Selon les dernières données de l'Institut de la statistique du Québec, le marché du livre ne connaît pas de baisse significative de ses ventes. Peu coûteux à l'achat, l'objet relié semble profiter du fait qu'il constitue un divertissement accessible, à l'instar des sorties, en plus de s'inscrire dans la durée. Heureusement, les Québécois ne semblent pas le considérer comme une dépense superflue dans le contexte actuel où on sabre dans le budget.</p>
<p><strong>La revanche des nerds</strong></p>
<p>L'autre menace à l'horizon est aussi colossale qu'abstraite: l'Internet. Si les jeunes quittent de plus en plus les journaux au profit du Web, ils pourraient très bien faire de même pour les livres avec l'avènement de sa numérisation.</p>
<p><em>Le livre se meurt (et ce n'est pas grave)</em>, titrait <strong>Patrick Lagacé</strong> dans une chronique de <em>La Presse</em> peu avant Noël, soulevant de nombreuses réactions. Autrefois lecteur boulimique, le journaliste y déclare que le Net (surtout depuis l'arrivée du portable plus abordable et du Web sans fil) est coupable d'avoir tué cette passion (pulsion?) qui lui faisait autrefois dévorer les livres. Est-ce que les arbres peuvent enfin pousser un soupir de soulagement après des siècles d'exploitation? La Toile prendra-t-elle le dessus sur la ferveur des lettrés? Au même titre que l'objet disque, tout semble indiquer que l'on va tranquillement quitter l'objet livre, autrefois gisement de connaissances, pour googler avidement le dernier sujet d'intérêt.</p>
<p>Que va-t-on faire alors de tous ces livres usagés et attrape-poussière qui meublent nos bibliothèques personnelles, municipales, scolaires? On va les accumuler encore et encore, pardi! Pour en faire collection, ou en tant que vestiges d'une époque révolue. Si le livre a trouvé sa place dans nos vies depuis 500 ans, il y a fort à parier qu'il mettra du temps à faire ses adieux. Alors d'ici là, prenons plaisir à les aimer, à les épousseter et à les entasser!</p>
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<p>Si le livre prend quelques rides, dans quel état se trouve le livre usagé? Si vous êtes de ceux qui chassent encore l'objet rare, sachez que la Bibliothèque publique d'Ottawa (BPO) tiendra sa 14<sup>e</sup> vente monstre annuelle les 18 et 19 avril prochain au Sportsplex de Nepean. En plus de faire le plein de bouquins à prix modique, vous viendrez en aide à la BPO, qui n'avait pas réussi à écouler quelque 350 boîtes de livres lors de l'édition 2008. Symptomatique?</p>
Le livre à l’âge d’or
Mélissa Proulx