Sur le fil

Pour en finir avec le 1 %

La campagne électorale municipale bat son plein à Gatineau et je me réjouis de constater, à la lecture des journaux, de communiqués et de courriels, que la culture occupe une place plus acceptable dans les débats. Il semble bien que tous les candidats, sauf exception, se soient prononcés à au moins une occasion sur les projets culturels d'envergure ou sur l'avenir culturel de la ville. Rien à voir avec les dernières campagnes électorales, où on devait presser le citron des candidats pour connaître leur vision sur le sujet! De la poudre aux yeux, diront certains? Qu'à cela ne tienne, les citoyens et acteurs du milieu culturel se font entendre et ils comptent bien brasser quelques idées d'ici le 1er novembre.

Amorphes, sans âme et peu fiers, les Gatinois? Que nenni, répondent les membres de ces groupes! En soutenant leur cause avec pareille fermeté, ils lancent le message que leur prise de parole ne s'arrêtera pas au simple vote consciencieux: ils comptent bien faire leur devoir de citoyens au lendemain de l'élection afin de s'assurer que les élus respectent leurs engagements.

Deux voix se sont élevées au-dessus de la mêlée pour traiter de culture depuis le début de la campagne. Il y a d'abord eu celle de Projet Gatineau qui, après le premier forum de 2008, a fait valoir clairement ses priorités lors d'un deuxième rassemblement le 19 septembre dernier. Deux cent cinquante personnes s'y réunissaient pour causer revitalisation du Vieux-Hull, densification démographique et sentiment d'appartenance. Les projets de l'Espace Dallaire et de la Grande Bibliothèque de Gatineau se classent troisièmes dans la liste de leurs cinq grandes priorités (à consulter au www.projetgatineau.org).

Plus récemment, le Conseil régional de la culture de l'Outaouais (CRCO) a publié son Cahier platine de la culture, une édition spéciale de 36 pages de son magazine Au fait (téléchargement gratuit au www.crco.org). Les grandes lignes se rapportent à l'importance d'investir dans le secteur culturel et ses infrastructures (en augmentant le maigre 1 % du budget total), à la préservation du patrimoine, à la mise en ouvre des grands projets, à la muséologie, etc. La Ville de Gatineau s'est dotée d'une politique culturelle? Il est grand temps qu'elle la mette en action, y résume le président du CRCO, Richard M. Bégin.

Ce document a reçu l'appui de cinq candidats de district qui font front commun dans la présente élection: Stefan Psenak (Aylmer), Mireille Apollon (Orée-du-Parc), Pierre Ducasse (Hull-Val-Tétrault), Maxime Pedneault-Jobin (Buckingham) et Nycole Turmel (Plateau-Manoir-des-Trembles). «Nous adhérons aux positions de principes et aux propositions énoncées par le CRCO. Nous nous engageons à ce que la culture soit une question permanente à l'ordre du jour du prochain conseil», ont-ils fait savoir par communiqué. Ils ont aussi fait valoir que le développement d'un vrai centre-ville passe par l'Espace Dallaire, la Grande Bibliothèque et un véritable quartier culturel le long du ruisseau de la Brasserie.

Avec ces vagues de fond vigoureuses, les candidats à la mairie ne peuvent faire autrement que de se prononcer sur les enjeux culturels. Huit ans après la fusion municipale, il est grand temps que Gatineau revendique véritablement son sceau de «ville d'art et de culture»!

Le CRCO tiendra un débat public portant sur la plate-forme culturelle entre les candidats à la mairie le 26 octobre à 19h au pavillon Lucien-Brault de l'UQO.

Des artistes au conseil?

Une autre tendance observable dans l'actuelle campagne municipale: la présence de candidats issus du milieu des arts. À Patrice Martin, conseiller qui se présente pour un deuxième mandat et qui se fait aussi auteur à ses heures (Un chapeau pour Kafka), s'ajoute Stefan Psenak, poète, auteur, éditeur bien connu, qui a longtemps été à la tête des éditions L'Interligne et de la revue Liaison. Retenons aussi la présence de Maxime Pedneault-Jobin, militant bien connu qui a ouvré comme chroniqueur et conférencier.

Est-ce que de telles voix compétentes en matière culturelle auraient une incidence accrue à la table du conseil? C'est ce que nous verrons.