Chausser les lunettes 3D
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Chausser les lunettes 3D

© Marie-Joël Turgeon

La technologie 3D stéréoscopique aurait été découverte en 1838. Pourtant, il aura fallu attendre les années 2000 pour qu'elle fasse une réelle percée et devienne accessible à monsieur, madame Tout-le-monde, non plus juste aux scientifiques, chercheurs et autres Walt Disney de ce monde. 2010 sera sans doute l'année où explosera le cinéma 3D alors que plus d'une centaine de films tridimensionnels seront lancés, en comparaison d'une quinzaine en 2009.

Pour admirer cette nouvelle cuvée, la région d'Ottawa-Gatineau n'est plus en reste puisque la plupart des complexes de cinéma ont fait l'achat du système de projection numérique nécessaire à les présenter. À la liste: le Cinéma 9, le Cinéma des Galeries Aylmer, le Théâtre IMAX du MCC, South Keys, Coliseum, SilverCity, Kanata 24.  Ainsi, pour une moyenne de 3 $ de plus par billet, le spectateur pourra enfiler une paire de lunettes pour découvrir les images de synthèse informatiques que l'on trouve présentement dans le célébrissime Avatar de James Cameron.

Est-ce que cet avènement annonce une révolution cinématographique? Sans doute, oui, mais je doute fort que le 3D devienne un jour la norme.  Au même titre que le livre électronique ne tuera pas de sitôt les bons vieux bouquins à reliure, je doute fort que les films 3D fassent trop d'ombre au film traditionnel. Pour l'heure, l'accès à la technologie est nouveau, excitant, flamboyant. Or, à long terme, fort est à parier que le format se cantonnera au cinéma de genre, par exemple aux films d'aventure, de science-fiction ou pour enfants. Voir le nouveau Almodovar en 3D? Très peu pour moi, merci. Serais-je devenue vieux jeu? Mon expérience des films 3D m'a fait l'effet d'un pétard mouillé… impressionnante au premier abord, mais qui se révèle finalement comme une coquille à moitié vide. L'oil s'habitue après quelques minutes et comme toujours, c'est l'histoire racontée qui tire notre expérience vers le haut ou vers le bas… D'où mon exaspération devant un film comme Avatar, qui avait tout pour plaire, qui est une réussite esthétique vertigineuse, mais dont le scénario s'avère bien mince et banal. Dommage.

Peut-être la technologie m'impressionnera-t-elle davantage lorsqu'elle servira véritablement le propos d'un cinéaste visionnaire…? D'ici là, comme dirait l'autre, «on ne peut pas arrêter le progrès», alors c'est toutes lunettes sorties que j'observerai ce que le 3D a à nous offrir en 2010 puisque, si on en croit les promesses répétées des grands fabricants d'électronique en concurrence, il envahira tous nos écrans: consoles de jeu, ordis, téléphones, et même télévision! Rendez-vous chez l'optométriste non compris…