Une nouvelle voix dans la cité
Une webradio qui donne un micro à ces voix originales, pertinentes,
fortes qui méritent d'être entendues dans la cité, voilà l'entreprise de
Stéphane Vigneault, qui lance ce mois-ci Gatinorama. Sans critiquer ce que font déjà les médias de masse, le Gatinois, qui
travaille dans le domaine des communications et de la culture comme pigiste,
souhaite surtout profiter d'un média où le facteur temps n'est pas une
contrainte absolue. Une formule où il a la liberté de discuter longuement avec
un invité pour ensuite réaliser une émission constituée de morceaux choisis,
totalisant une vingtaine de minutes. «Je suis toujours étonné de constater que, contrairement à ce que
plusieurs croient, les enjeux sociopolitiques de notre ville soulèvent beaucoup
d'enthousiasme. En discutant avec ces gens, du voisin épris de sa ville au
spécialiste universitaire, je me prends souvent à penser "ces opinions
mériteraient une large diffusion". C'est comme ça que Gatinorama est née», écrit sur son site l'instigateur de la webradio bimensuelle, disponible
gratuitement en baladodiffusion.
L'épisode no 1, qui a été mis en ligne le 4 février dernier,
donne le ton. Stéphane Vigneault y interviewe Lise Bissonnette, ex-directrice du
Devoir et présidente de Bibliothèque et Archives nationales du Québec de 1998 à
2009. Celle qui a parcouru le Québec pour convaincre du bien-fondé d'une refonte
des bibliothèques au Québec a étudié à l'école normale Saint-Joseph de Hull. En
faisant état de son expérience à Montréal et dans la province, elle y explique
pourquoi Gatineau ne devrait pas hésiter à se doter à son tour d'une grande
bibliothèque.
Est-ce que Gatinorama contribuera à faire mousser le projet «tabletté» par la Ville de Gatineau? L'avenir nous le dira, mais déjà, les
internautes réagissent sur le site et alimentent un forum sur le
sujet…
Stéphane Vigneault a aussi mis en ligne l'épisode no 0 – où
il tend le micro à Alexandre Dumas, un sociologue qui se penche sur la santé des
populations défavorisées de l'île de Hull et de Pointe-Gatineau. D'abord projet
pilote, l'épisode avait récolté de si bons commentaires lors des focus groups qu'il a été mis en ligne.
Avec une liste d'invités potentiels encore à
contacter, Stéphane Vigneault souhaite entre autres se concentrer dans les
semaines à venir sur les sujets de l'urbanisme (notamment du Vieux-Hull), de
l'architecture ainsi que du développement de Gatineau depuis les années 70
jusqu'à aujourd'hui.
À piloter le projet depuis quelques mois, le résident de Val-Tétrault
arrive à ce constat: plus il creuse ses sujets et rencontre les intervenants,
plus il donne un sens pluriel à son slogan, «Rendre audible un autre Gatineau». «Avec l'épisode de la grande bibliothèque, c'est un Gatineau possible,
alors que dans celui d'Alexandre Dumas, c'est un Gatineau que l'on a sous le nez
mais que l'on ne connaît pas ou peu. Les épisodes futurs vont sans doute donner
d'autres significations.»
Organique et franche
Fait étonnant: Stéphane Vigneault n'avait pas de connaissances
particulières dans le domaine de la radio, et encore moins d'Internet – il se
qualifie lui-même de «technouille» -, avant de se lancer dans le projet. Il a appris sur le
tas, en s'inspirant notamment de la populaire émission This American Life et de son animateur Ira Glass, qui a publié beaucoup de documentation
sur la public radio, comparable ici à la radio communautaire. Pour meubler ses épisodes de quelques «respirations» musicales, Stéphane
Vigneault pige dans le site freemusicarchive.org, où les pièces sont téléchargeables légalement et gratuitement. Il
n'exclut pas d'inclure des pièces musicales d'artistes locaux éventuellement,
soucieux qu'il est d'offrir un produit «100 % Gatineau».
Son approche a pour effet de conférer à l'émission une facture
organique, artisanale, quoique sincère et fort bien exécutée. «Mon souci
premier, c'est d'avoir soit des sujets soit des invités gatinois. Je cherche des
individus qui ont déjà un discours articulé, bien informé, sur des sujets
d'affaires publiques ou autres. Je ne produis pas une émission d'enquête. J'agis
plutôt comme un porte-voix», rappelle celui qui invite les internautes à lui suggérer des invités
via le site.
Visitez le www.gatinorama.com pour en savoir plus sur l'abonnement gratuit (très bien expliqué) à
la
baladodiffusion. Une nouvelle voix se fait entendre dans la
cité… Suffit de prêter une oreille attentive.
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le logo est une création de Simon Guibord