L'été sera Pop!
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L’été sera Pop!

 Damien Hirst, Daniel Oliver et Christopher Oliver (détail), 2009. Installation présentée lors de Pop Life au Tate Modern, Londres, 2009. Photo: Damien Hirst, avec l’autorisation de Science Ltd., Londres. Avec l’autorisation du Tate.

Deux jumeaux identiques et habillés de la même façon prennent siège et s'activent des heures durant aux mêmes occupations: lecture, tricot, mots croisés, manucure… Derrière eux, les fameuses dot paintings de l'éminent artiste britannique qui signe aussi la performance: Damien Hirst. Par cette entreprise, le célèbre plasticien (l'un des artistes visuels les plus chers au monde) suscitait la réflexion sur les thèmes de l'apparence, de l'individualité, de la mise en scène. C'était en 1992, à la foire artistique Unfair de Cologne, et ça a fait l'événement. Cet été, l'histoire se répète…

Dans la foulée du dévoilement de son exposition estivale, le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) lance un avis de recherche: les jumeaux âgés de 18 ans et plus, de taille, stature et apparence similaire (coupe et couleur de cheveux conformes svp!) peuvent soumettre leur candidature dans l'espoir de devenir une ouvre d'art – un cachet et une photographie signée Hirst en prime (formulaires disponibles sur le site de l'expo). Quel écho aura cette perfo en 2010, à l'ère des médias sociaux, de l'individualité, de la superficialité? Un lot de questions qui feront à coup sûr «l'événement» dans le cadre de l'exposition La Vie en Pop. L'art dans un monde matérialiste. Dévoilée plus tôt cette semaine lors d'une avant-première médiatique, cette exposition organisée par le Tate Modern de Londres sera présentée en exclusivité nord-américaine du 11 juin au 19 septembre prochain.

 

Des affaires en art

C'est toujours dans un état d'excitation mêlée à de l'incertitude que j'anticipe le dévoilement de l'exposition estivale du Musée des beaux-arts du Canada. Est-ce que l'établissement va privilégier une exposition tranquille (De Raphaël à Caracci. L'art de la Rome pontificale en 2009), sans surprise (Les Paysages de Renoir en 2007)? Ou va-t-elle une fois de plus oser innover sur le plan thématique, comme avec la lugubre Les Années 1930. La fabrique de l'homme nouveau en 2008 ou la ludique Grande Parade. Portrait de l'artiste en clown en 2004?

Avec cette grandiose expo qui mêle art contemporain, marketing et médias, pas de doute, il innove! Que ceux qui enviaient les Montréalais de recevoir Warhol Live l'été dernier se réjouissent: une quinzaine des plus rebelles artistes des 20 dernières années seront représentés, dont Warhol, mais aussi Jeff Koons, Richard Prince, Keith Haring, Tracey Emin, Damien Hirst, Takashi Murakami, Martin Kippenberger. Nous y découvrirons comment ces flamboyants personnages (pour la plupart) ont mis leur notoriété et leur talent à profit pour créer leur propre marque iconique – certains faisant usage de stratégies souvent controversées.

«Faire de bonnes affaires est le meilleur art qui soit.» Cette maxime de Warhol ouvre l'exposition. Et vlan! Le message est clair: pour apprécier cette pop-expo, il faut clairement mettre au rancart les codes rigides que promulguent les historiens et spécialistes de l'art pour apprécier une ouvre. On porte plutôt nos lunettes roses, on chausse nos Converse, on enfile notre chandail American Apparel et on traîne notre sac à main Gucci, puis on se laisse manipuler par les tableaux, dessins, vidéos, installations, sculptures et autres ouvres éphémères de ces concepteurs actuels à qui rien n'échappe: de la création à la mise en marché, en passant par quelques heureuses digressions.

Le décompte est commencé sur le www.beaux-arts.ca/lavieenpop. Apparemment, nous ne sommes pas les seuls à attendre avidement!