Sur le fil

Sauver le Dep

En décembre dernier, l'équipe du Dépanneur Sylvestre lançait un cri d'alarme à sa communauté: pour assurer sa survie, l'organisme avait un urgent besoin de ressources humaines et financières. Grâce à une réponse favorable, le petit dépanneur «pas comme les autres» de la rue Fortier (Hull) a évité la fermeture, mais rien n'est encore gagné. Depuis sa fondation en 2002 par un groupe de citoyens engagés, le «Dep» (pour ses nombreux habitués) n'a jamais perdu de vue sa vocation particulière: offrir un «espace d'inclusion, de diversité culturelle et de solidarité sans frontières». La porte du bâtiment orange a toujours été grande ouverte à tous, et nombreuses sont les raisons de s'y arrêter: repas thématiques, conférences, concerts, ateliers, films, comptoir de prêt-à-manger, service de traiteur, service Internet, mais aussi, aide aux gens vivant de l'exclusion (problèmes de santé mentale, de consommation, sortie de prison, dépression, solitude, etc.).

Jusqu'à maintenant, ces services à la communauté ont été rendus possibles sans la moindre subvention. Or, à l'aube de sa neuvième année, les fondateurs du Dep – à bout de souffle – doivent se rendre à l'évidence: une restructuration majeure s'impose pour permettre d'obtenir un financement récurrent pour ces services d'inclusion uniques dans la région. Le Dep entreprend ainsi l'imposante valse des demandes de subvention aux bailleurs de fonds, parmi lesquels l'Agence de la santé et des services sociaux de l'Outaouais. «Les fondateurs ont voulu conserver une pleine autonomie, mais on est maintenant dans un cul-de-sac: c'est ça ou la fermeture. Je pense qu'il y a moyen de garder l'esprit du Dépanneur avec les subventions», de préciser Nadia Fleury, membre du comité administratif.

Autre mesure envisagée dans la restructuration: le développement et la rentabilisation de la coopérative en transformation agroalimentaire. En plus d'offrir son service de traiteur, le Dep songe à prêter ses cuisines à ceux qui aimeraient développer une entreprise ou une gamme de produits, comme l'ont fait avant eux les Baraka et La Belle Verte – qui volent maintenant de leurs propres ailes. Un appel serait en outre lancé aux maraîchers, dont les surplus de récolte pourraient être transformés et revendus.

Vagues d'amour

Bref, bien des projets dans le collimateur pour un Dep qui n'a cessé de recevoir des vagues d'amour de sa communauté – comme en témoigne les dons et la vingtaine de personnes qui ont récemment joint l'équipe -, mais aussi d'ailleurs. En plus des prix et distinctions remportés et des visites de délégations extérieures qui souhaitent démarrer des initiatives similaires, le Dep peut compter sur l'appui d'ambassadeurs inestimables. Richard Desjardins est de ceux-là. Le 16 mars prochain, il offrira un troisième concert au profit du Dépanneur. Les billets du spectacle, présenté à guichets fermés, se sont envolés en seulement trois semaines! «Le lien avec Richard est devenu indélébile. Il fait partie de notre famille. Il est dans nos tripes. Un lien de sang s'est créé. Il fait un peu partie de nous…» commente Mélissa Desjardins, du comité de soutien du Dépanneur.

C'est tout ça, le Dep: de la chaleur humaine, de l'entraide, de la créativité…

Consultez le www.depanneursylvestre.net pour connaître le calendrier de ses activités, pour faire un don ou pour joindre l'équipe de bénévoles.