Sur le fil

Les fleurs et le pot

Mère Nature a précipité l'éclosion de la majorité des trois millions de bulbes avant même le début du festival cette année. - photo: Commission de la capitale nationale, 2010 J'ai eu beaucoup de difficulté avec le Festival canadien des tulipes cette année. Pour la simple et bonne raison que, autour de moi, cette célébration annuelle s'est déroulée dans l'indifférence la plus totale. Début mai, je fais un appel à tous: "Y a quelqu'un qui veut venir avec moi aux Tulipes?" Silence radio. Mais pourquoi? La seule réponse que j'ai pu recueillir auprès de quelques amis et collègues est celle-ci: contrairement à d'autres festivals de la région d'Ottawa-Gatineau, les Tulipes n'offrent tout simplement pas assez de nouveautés pour justifier un passage annuel aux parcs Major's Hill et des Commissaires, sites officiels de la fête botanique. Avec son principal attrait manquant tristement à l'appel cette année – mère Nature ayant précipité l'éclosion de la majorité des trois millions de bulbes avant même la fin avril -, une question s'impose: la programmation ne devrait-elle pas s'efforcer de courtiser, année après année, l'Ottavien ou le Gatinois ayant toujours vécu avec ce festival, et ce, tout en offrant le même contenu traditionnel qui plaît tant aux touristes?

Sans attendre une seconde de plus, je fais fi des commentaires rabat-joie et entreprends de me rendre seul – comme un grand! – au Pavillon international du parc Major's Hill, qui grouillait, à mon arrivée, de touristes et de curieux. Sous le thème de la Libération – faisant allusion à la contribution importante du Canada à la libération des Pays-Bas à la fin de la Seconde Guerre mondiale -, l'exposition mettait en lumière, comme lors des années précédentes, la culture de plus d'une vingtaine de pays. La visite m'enchante à un point tel que je me déplogue de mon iPod qui jouait en boucle le dernier Crystal Castles afin de pénétrer au cour de ces cultures étrangères. De façon aléatoire, je saute de l'Afrique à l'Europe, en passant par l'Asie. Même si ma visite me rappelle étrangement celle d'il y a trois ans, la magie opère toujours autant. Mais est-ce suffisant pour monsieur et madame Tout-le-Monde?

Il sera intéressant de lire le bilan que la Commission de la capitale nationale publiera en ce qui concerne l'achalandage de cette édition qui, rappelons-le, donnera le ton à la saison estivale d'Ottawa-Gatineau. Le mandat du Festival canadien des tulipes est clair: rassembler "les institutions nationales, ambassades, interprètes et artistes de la région, ainsi que les membres du public et touristes, à l'un des évènements culturels les plus aimés au Canada". Son mandat est-il rempli cette année? Après la bévue commise l'an dernier par son comité organisateur, alors que l'équipe des communications avait omis d'inviter de nombreux médias francophones au dévoilement de la programmation, qui misait en outre principalement sur l'anglais, la population francophone s'attendait-elle à être une fois de plus laissée pour compte? Par ailleurs, qu'est-il advenu des commerçants du Marché By et du centre-ville qui arboraient, dans les années passées, de géantes tulipes multicolores dans leurs vitrines et sous leurs porches, manifestant ainsi leur soutien au festival? Les célébrations du 60e anniversaire du Festival des tulipes seront lancées sous peu. Il sera intéressant de voir si la CCN compte une fois de plus se concentrer sur un passé glorieux et confortable ou si elle désire s'ouvrir, essayer. Et se renouveler.

 

Photo:  Commission de la capitale nationale, 2010