Jeunesse d'aujourd'hui
Sur le fil

Jeunesse d’aujourd’hui

Elles sont si insidieuses. Sans crier gare, elles se greffent à votre cerveau et sucent vos facultés intellectuelles pendant quelques jours. Il vous est probablement arrivé, comme ça a été mon cas cette semaine, de vous réveiller avec, en tête, une chanson si sucrée qu'elle fait à elle seule grimper en flèche votre taux de glycémie. Inutile de vous dresser la liste des effets secondaires: vous vous surprenez à la fredonner dans l'ascenseur au bureau, en commandant votre café matinal… Dans mon cas, l'insipide pièce pop Eenie Meenie est à la source de mon calvaire. Je vous entends grincer des dents. Même si elle représente un plaisir très éphémère, je ne cracherai jamais sur LA bombe pop, mais quand on touche au souvent méprisé Bieber, une réflexion est de mise.

Culture pop!

Qu'on parle autant du Canadien Justin Bieber ces dernières semaines est archinormal. Le bonhomme vend! Des billets de spectacle – celui du mois d'août à la Place Banque Scotia affichait complet en quelques minutes -, mais surtout, des disques, fait de plus en plus improbable dans cette ère post-Napster. Si la teen pop vend à la pelletée – pensez à Taylor Swift -, c'est également le cas de son extrême opposé, la pop adulte. Les Bublé, Boyle et, de façon plus locale, Thibert font des affaires en or tandis que les artistes qui se retrouvent malheureusement dans l'abysse créé entre ces deux niches parviennent difficilement à s'en sortir. Le défi? Convaincre les 25-45 ans d'acheter à nouveau leur musique. Ouf, pas évident!

Orléans Idol

Dans la foulée de la Biebermania qui est à son paroxysme, Alex Lacasse, jeune auteur-compositeur de 17 ans qui habite Orléans, a bien l'intention de tirer son épingle du jeu. Contrat avec Universal Music Canada en poche, il propose son premier simple, Like This, Like That – pensez à Get Down des Backstreet Boys à la sauce Auto-Tune -, qui peut déjà être entendu à satiété sur certaines stations pop de la région de la capitale nationale. Aussitôt l'école terminée, Lacasse prévoit passer l'été en studio, question de mettre les touches finales à un premier album dont la parution est prévue cet été. Souhaitons-lui bonne chance, en espérant qu'il ne répète pas les erreurs commises précédemment par d'autres Canadiens. Vous vous souvenez de B4-4 ou des Moffatts? Qui peut vous en blâmer?

La musique, un cycle

Les décennies passées l'ont prouvé à maintes reprises: le phénomène teen pop est cyclique, en corrélation étroite avec l'état de la musique rock. Si l'un se porte bien, l'autre se retrouve dans les bas-fonds. Dans quelques années, il faudra s'attendre à redécouvrir la guitar music par le biais d'une série d'albums qui définiront un genre musical bien particulier – la dernière heure de gloire du rock étant lorsque The Strokes faisait paraître Is This It? en 2001, ce qui a permis à une pléiade de bands aux The variés (White Stripes, Hives, Vines…) de marquer l'imaginaire du mélomane érudit. On arrive donc à cette conclusion: les Justin Bieber et Miley Cyrus de ce monde ne sont que les équivalents des Justin et Britney de la fin du siècle et des New Kids on the Block, Debbie Gibson, Donny Osmond et David Cassidy des générations précédentes qui, rappelons-le, se sont pour la plupart tous révélés n'être qu'une bien pâle réflexion du teen band original: The Beatles. Voulez-vous bien attendre le jour où Bieber aura mué avant de le sacrer Grand Sauveur de la musique? Merci. 

 Alex Lacasse

Avec son premier album de pop-R&B à paraître cet été, Alex Lacasse, originaire d'Orléans, entend courtiser les jeunes filles, quitte à marcher sur les plates-bandes d'un certain Justin Bieber.