La francophonie hors Québec. Elle est de ces éternels combats qu'à tout coup on ne s'attend pas à gagner tout de suite, toujours prêts à brandir le drapeau blanc et à battre en retraite… mais pour mieux attaquer par le flanc dans un futur proche. Ce qu'on a appris au fil des batailles, c'est que les populations en situation minoritaire ont la couenne dure et savent essuyer du revers de la main nombre de refus des instances gouvernementales, de sournoises ségrégations par la langue et d'amères demi-victoires.
Depuis maintenant une dizaine de jours, une victoire, glorieuse celle-là, rayonne sur les ondes hertziennes – au 94,5 FM – à travers tout l'Ottawa francophone, Gatineau et l'Est ontarien: CJFO, la toute première radio communautaire francophone d'Ottawa. Ayant pignon sur rue à l'école Vision-Jeunesse, rue McArthur, en plein cour du quartier Vanier, la station se révèle le tout dernier fleuron d'une communauté forte et foisonnante. Étant issu de la radio commerciale et ayant personnellement vécu quelques petites histoires d'horreur radiophoniques sur fond de désagréable country western francophone, j'étais très curieux de visiter les tout nouveaux locaux de cette station.
À mon entrée, quelle ne fut pas ma surprise de constater que les lieux ne sont pas délabrés et que les équipements utilisés rivalisent avec nos meilleures radios dans la région! «C'est surprenant, hein?» me lance avec bonhomie le directeur général, Rémy Paquette, lui qui a travaillé d'arrache-pied depuis maintenant tout près de six mois dans le but de mettre sur pied une équipe on ne peut plus variée, qui allie l'expérience des vieux de la vieille au dynamisme contagieux des jeunots quasiment recrutés sur les bancs d'école.
À commencer par le gros noyau, celui dont l'annonce de l'arrivée à CJFO avait créé une petite tempête médiatique, le monstre sacré de la radio gatinoise, Daniel Séguin. Depuis qu'il avait quitté l'antenne de jadis, le 104,7 FM parlé de l'Outaouais, on se doutait bien qu'il allait retrouver un micro. Mais peu pouvaient prédire que ce serait à la barre de l'émission du retour de CJFO. «Ça a été un beau coup pour notre station, je le conçois. Et c'est un plaisir que de travailler quotidiennement avec lui», confie Paquette, qui s'est allié les services de Cheick Tall comme directeur des programmes et coordonnateur des bénévoles, lui qui avait servi dans des fonctions semblables pendant de nombreuses années à TV Rogers.
Même son de cloche auprès de Caroline Schryer, la jeune et dégourdie animatrice de l'émission matinale F comme Caroline, en ondes dès 6h les matins de semaine. Gros mandat? «C'est clair que j'étais nerveuse, mais je peux maintenant dire que je dors sur mes deux oreilles, ce qui n'était pas le cas avant notre ouverture officielle. Il faut dire que cette station était attendue depuis longtemps.» L'animatrice a bien raison, puisque l'aventure CJFO a connu ses balbutiements il y a un peu plus de 10 ans. Et après avoir essuyé deux refus consécutifs du CRTC, l'équipe a décidé d'aller en appel. Verdict: une décision en sa faveur a été rendue à la fin de l'été 2009.
On ne peut que souhaiter longue vie à ce valeureux projet et bonne chance à toute l'équipe, qui nous a prouvé qu'elle avait du cour au ventre, puisque, communautaire ou pas, elle tentera de faire sa place dans le marché radiophonique le plus achalandé au pays.
Pour en connaître davantage à propos de CJFO ou pour soumettre votre idée d'émission, visitez le http://www.cjfofm.com/.
CFJO, la toute première station radiophonique communautaire destinée à un public franco-ontarien, est en ondes depuis peu, sur la fréquence 94,5 FM.