Insomnie et autres désastres
Vendredi soir. En bataille, dans mon lit gatinois bleu-beige. Il est 1h20. Morphée est censé m'avoir kidnappé depuis bien longtemps. C'est pas sa faute. Il doit se battre avec mes pensées qui s'entêtent à rester scotchées à ce flot d'images de destruction qui a saturé mon petit monde de rien du tout au fil des dernières minutes.
Asthénie. Seul terme qui pourrait qualifier ce malaise indicible qui tient en otage non seulement mon sommeil, mais qui vient subitement, telle une catastrophe naturelle dévastatrice qui saccagera mon condo semi-bourgeois, déranger ma routine. Cette fichue routine.
Dimanche, 2h47. Au bout de mes doigts, des témoignages d'amis virtuels dans des messages garnis de # et de @, comme pour systématiquement conjuguer au pluriel un vertige cataclysmique qui ne se vit ici qu'au singulier.
Les heures passeront et les catastrophes surviendront les unes après les autres à un rythme effarant. Les minutes s'écouleront et des individus comme vous et moi mettront sur pied moult initiatives et collectes de fonds. Et dans la majorité des cas, on vous invitera à y prendre part en quelques clics d'ordinateur ou de téléphone intelligent. Facile.
Autant que cette aide s'avère primordiale et utile, le citoyen que je suis éprouve le besoin net de se sentir moins cheap, moins choyé.
Après 30 jours de suspension de son compte Facebook en vertu d'un verdict ridicule selon lequel son profil présentait des liens et images inappropriés, le propriétaire de la galerie La Petite Mort, Guy Bérubé, innove.
«La galerie qui a des couilles», telle est la façon dont on décrit l'espace bigarré de la rue Cumberland, dans le marché By. Des couilles et du cour, pourrait-on ajouter, si l'on se fie à l'événement Here for There II, une soirée-bénéfice qui fera appel à plusieurs artistes locaux qui donneront de leurs ouvres.
Lors de cette collecte de fonds, qui aura lieu le 19 mars dès 18h30, vous pourrez vous procurer des dizaines d'ouvres d'artistes locaux à prix modique. La totalité des sommes amassées sera versée à Vision Mondiale et à son fonds destiné au Japon. «Cet événement n'en est pas un d'autopromotion déguisé. Nous voulons tout simplement que les gens se présentent ici», peut-on lire sur la page Facebook de l'événement.
En affichant sur un des murs de ma chambre semi-bourgeoise une ouvre que j'aurai acquise lors de cet événement, je pourrai peut-être retrouver le sommeil. Parce que le contact avec des êtres qui partagent ces mêmes monomanies apaisera ma conscience ou parce que, matérialiste que je suis, je détiendrai finalement entre les mains la preuve physique d'avoir fait la bonne chose. Quoi qu'il en soit, je me sentirai, dès lors, un peu moins inutile.
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