Carole Bouquet est une…
Pour la suite, je vous laisse le soin de vous tourner vers Didier Farré, directeur et pilier fondateur du Festival du film de l'Outaouais. Parce que de délicieuses anecdotes et rencontres privilégiées avec les plus grandes stars du cinéma, il en conserve par centaines dans sa mémoire. Et il ne se laisse pas longtemps prier pour divulguer les facettes biscornues de ces vedettes, comme je pus le constater lors de la soirée de délibération du jury auquel je prenais part lors du 13e Festival du film de l'Outaouais (FFO). Les excès de Carole Bouquet, les caprices de Michel Blanc, le mutisme de Robert De Niro… Je fis la rencontre d'un homme passionnant pour qui le septième art ne se vit pas seulement au cinéma. Je fus charmé.
Force est d'admettre que cette 13e célébration a été gangrenée par un nombre important de ratés qui, un à un, se tolèrent bien, mais qui, rangés les uns à la suite des autres, jettent une lumière peu flatteuse sur le travail de l'équipe tenace mais restreinte qui a mené à bien cette entreprise. Premièrement, le choix du film d'ouverture – Mao's Last Dancer – a fait quelques mécontents, moi le premier. La décision d'ouvrir avec ce drame a été justifiée par Farré comme étant un excellent plan B: Gerry, film sur lequel Farré avait des vues, n'était tout simplement pas terminé. D'accord.
Ensuite, l'éventail des choix posait moult problèmes. Plusieurs des titres sélectionnés se retrouvaient déjà au club vidéo, d'autres allaient paraître en DVD quelques jours plus tard, et ce, dans une proportion probablement supérieure aux festivals antérieurs. À cette critique, Farré clamera que le mandat du FFO s'avère autant de présenter des primeurs du cinéma de répertoire que des films québécois dont la vie en salle s'est révélée trop courte. De plus, la situation géographique de l'Outaouais (trop près de Montréal, lira-t-on entre les lignes) ne permet pas aux distributeurs d'offrir des titres exclusifs pour des raisons de rendement commercial.
Soit. On pourra toutefois difficilement expliquer les défaillances techniques qui sont survenues tout au long du festival: projections entières sans dialogues (Les amours imaginaires nous a vraiment paru pénible, ce jour-là), des cadrages de plan trop serrés qui ne nous permettaient pas de lire les ô combien essentiels sous-titres, des retards et annulations de projections à la suite de difficultés…
Les bureaux du FFO ont pignon sur rue à Montréal, en plein cour de la métropole. Rue MacDonald, pour être précis. Viendrait-on à bout d'offrir un festival plus efficace dans sa mise en branle si l'équipe du FFO déménageait ses pénates dans le Vieux-Hull ou sur le boulevard Gréber? Je vous pose la question. De mon côté, elle me laisse un drôle de goût en bouche. Et je ne parle pas des morceaux de maïs soufflé qui me sont restés entre les dents.
La délicieuse comédie Le Nom des Gens, de Michel Leclerc (récipiendaire du Prix de la critique du FFO 2011), est venue clore ce FFO 13ème édition de jolie façon. Dommage que l'on retiendra de ce festival no pas la splendeur du 7ème art, mais plutôt les cafouillages de projectionnistes.