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Faire parler les chiffres

Je suis loin d'être un gars de chiffres. Alain, mon prof de math de cinquième secondaire, peut en témoigner: loin d'être le premier de ma classe, j'étais plutôt le premier à somnoler devant ces obscurs sinus et cosinus et ces damnés théorèmes. Force est d'admettre que mon cerveau n'est pas formaté pour ces choses. Pourtant, c'est avec un malin plaisir que j'ai passé les dernières heures à décortiquer les chiffres du document Excel qui compile les données qui ont permis au magazine MoneySense de dresser son palmarès annuel des 180 villes canadiennes où il fait bon vivre. Canada's best places to live.

Pour une deuxième année consécutive, c'est Ottawa-Gatineau (qu'on cite ici comme étant une seule ville, fait intéressant) qui vole la palme. Pour sa constance dans tous les critères visés par le sondage (précipitations annuelles, revenu moyen par ménage, taux de chômage, etc.). Le raisonnement s'avère facile: notre région offre de meilleures possibilités d'emplois grâce à la présence du gouvernement fédéral dans notre cour. Donc, qui dit plus d'emplois dit meilleur rendement dans le secteur des services, et comme c'est la capitale, la cote d'esthétique urbaine se révèle nettement relevée. Logique.

Encore plus intéressants sont les chiffres qui dévoilent les habitudes de vie des Ottaviens et Gatinois. Par exemple, ce ne sont que tout près de 9 % des citoyens qui affirment se rendre au travail à vélo ou à pied. Comparativement aux 13 % de Kingston (quatrième au classement général cette année), ville dont la température et la situation économique s'apparentent à celles d'Ottawa-Gatineau, c'est bien peu. De plus, la région arrive cinquième quant au pourcentage de citadins travaillant dans le milieu de la culture. Excellent score. Malheureusement, le sondage ne vérifiait pas si les investissements en culture de chacune des villes sont en corrélation exacte avec ce pointage. Il aurait été drôlement intéressant de voir où Ottawa se situe.

Mais à quoi sert un tel sondage, sinon à faire vendre du papier? Une ultime occasion de se péter les bretelles en se vantant que l'herbe est bien plus verte de notre côté?

Par ailleurs, j'aurais adoré comparer les résultats des deux villes: Ottawa d'un côté, Gatineau de l'autre. Parce que, à ce que je sache, les deux villes peinent encore à collaborer l'une avec l'autre, et ce, dans plusieurs dossiers, tirant constamment la couverture de leur côté. Est-ce que cinq ponts interprovinciaux se révèlent suffisants pour systématiquement souder Gatineau à Ottawa et vice-versa? 

Ottawa-Gatineau