Petit récit d’une réunion culturelle annoncée
Samedi matin. Je suis au lit. Parce que les samedis matin, quand je ne suis pas au micro de la Première Chaîne de Radio-Canada, je roupille. Si mon sommeil fortifiant fut on ne peut plus apprécié ce jour-là, j'aurais quand même troqué cette grasse matinée pour une participation à la Journée de réflexion sur le plan d'action 2012-2017 de la politique culturelle de la Ville de Gatineau. N'étant visiblement pas un organisme culturel, je n'étais pas invité. Donc, je pris volontiers mon trou, mais tentai tout de même d'en savoir plus à propos de cette journée. Parce que, à l'instar de sa copine Ottawa qui rédige son plan culturel quinquennal, tout porte à croire que Gatineau s'intéresse à la réalité des intervenants culturels locaux. Enthousiasmant!
Qui dit réflexion dit nécessairement adoption de résolutions. Ou du moins, émission d'idées maîtresses. Et ce sont ces desseins qui façonneront – espérons-le bien – cette politique culturelle qui devrait se mettre en ouvre dès l'an prochain. Dans l'ordre du jour auquel j'ai eu accès, on divise les organismes et acteurs culturels en cinq groupes: arts de la scène; littérature; loisir culturel et scolaire; tourisme culturel et fêtes et festivals; arts visuels et métiers d'art. Parmi les participants, on note AXENÉO7, Tourisme Outaouais, le Théâtre de l'Île, l'équipe du Salon du livre et Isabel Thériault, directrice du Festival de l'Outaouais émergent, qui ne s'est pas fait prier pour me faire part de quelques-uns de ses constats à propos de l'initiative de la Ville. «À notre table [Tourisme culturel et fêtes et festivals], nous en sommes venus à la conclusion qu'il fallait assurer la pérennité des partenariats budgétaires entre nous et la Ville. C'est dommage de devoir recommencer à soumettre des demandes chaque année», affirme Thériault. «Nous avons aussi soulevé le point du manque de concertation. Il faudrait se tourner vers les gens qui ouvrent sur le terrain beaucoup plus que demander avis auprès des big boss.»
Parmi les enjeux relevés, celui de la création de pôles culturels pique la curiosité. «Non seulement nous tenons à ce que la rue Montcalm devienne le centre culturel du Vieux-Hull, mais nous pensons également que chaque secteur devrait posséder ses installations permanentes pour les fêtes et festivals. Par exemple, le secteur Buckingham devrait disposer d'avantages semblables à ceux de n'importe quel organisme du Vieux-Hull. Ce faisant, le Festibière [nouveau festival qui se déroulera à la fin mai] n'aurait pas à se tenir au Casino du Lac-Leamy.»
Et malgré les aspects bénéfiques qu'une journée de la sorte peut générer, Thériault reste sur ses gardes: «Il y a une grande différence entre écouter et mettre en pratique. C'est comme le projet de la rue Montcalm. Il a été entendu, il est beau, mais pour l'instant, il dort sur papier dans un dossier à la Ville. C'est ce que j'ai hâte de voir: la Ville passer à l'action.»
Souhaitons donc que toutes ces idées ne se révèlent pas que de la pitance à rapports qui s'endormiront dans des dossiers blanc crème.