Sur le fil

Laisser parler le silence

Le silence. Celui qu'on réserve à ceux qui sont disparus. Les clichés qui se trouvent devant moi me hurlent tant de propos si chargés de sens que je dois me détacher de mon iPod, qui crachait quelques secondes plus tôt les vers syncopés du récent Kanye et Jay-Z (le disque Voir de la semaine, d'ailleurs). Là où je me trouve, on chuchote à peine, possiblement par crainte d'éveiller la colère de ces images qui semblent herculéennes. Assurément, ces protagonistes méritent qu'on leur prête une oreille attentive. Et par notre rétine, ils nous racontent volontiers des tas de célestes et difficiles récits.

Je visite l'exposition World Press 2011, présentée au Musée canadien de la guerre. Dans cette sélection des photographies de presse les plus saisissantes de la dernière année, on porte bien sûr un regard sur quelques-uns des événements ayant marqué l'actualité. Les grands séismes dévastateurs – certaines des photos cataclysmiques sont empreintes d'un espoir si palpable que de multiples frissons me parcourent l'échine; les parias issus des différentes guerres – un cliché de Javier Manzano illustrant la tête d'un homme qui gît aux abords d'une route bordée de barbelés m'assomme complètement; des portraits de gens ordinaires dévoilent des secrets labyrinthiques…

J'aurais souhaité inclure, dans cette chronique, une ou deux photos pour apposer un clou final sur mon argumentation vous commandant de visiter à tout prix cette exposition. L'espace me manque. Et c'est probablement mieux ainsi; il m'aurait été impossible de choisir laquelle représente le mieux la collection. Nous vivons dans une société qui met tout en ouvre pour passer rapidement sur ce qui vient apposer une cicatrice sur notre visage planétaire collectif. Les photos, qui incarnent le parfait album Facebook de la terre, agissent comme une mémoire collective, comme témoignage tangible que ce que ces personnes ont vécu s'avère bel et bien réel, comme une preuve accablante que la Vie, la vraie, ne se vit pas dans les pages glacées d'un magazine de mode. Au Musée canadien de la guerre, jusqu'au 28 août.

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Tout le contraire de l'entreprise menée par les deux animatrices radio Julie Yacoub et Marjorie Vallée (respectivement des stations gatinoises NRJ et CKOI), qui s'opposent dans le duel virtuel J'enlève le O? Sur la Toile, les deux sympathiques et dégourdies animatrices convoitent les votes qui détermineront celle qui aura le privilège d'enlever le «O» de son jersey de hockey. Et c'est la folie sur nos réseaux sociaux locaux. La gagnante posera-t-elle topless? Est-ce une initiative pour faire mousser la popularité de deux stations pourtant rivales? On devine toutefois aisément que le «O» en question se révèle être, en fait, les nouvelles couleurs des Olympiques de Gatineau. Tempête dans un verre d'eau? Plus de détails dans les semaines à suivre au jenleve.com.