Sur le fil

Joli conflit d’intérêt

Récemment, on m'a gracieusement invité à assister à un vernissage – ses instigateurs préfèrent l'humilité du terme accrochage de toiles; c'était vraiment, dans les faits, un vernissage -, celui d'un artiste que je connais bien. Le créateur dont il est question est le genre de gars qui gravite dans les mêmes sphères que moi, il est mon ami Facebook, on se croise de temps à autre lors d'événements divers. Ayant répondu «Volontiers!» à l'invitation, je me demandais toutefois comment je pourrais bien traiter de cette liminaire présentation pour cette connaissance bourrée de talents. Le défi étant, notamment, de ne pas tomber dans la «plogue» dite gratuite, un créneau déjà achalandé par plusieurs médias locaux qui abusent des «tapes dans le dos soi-disant sympathiques» données tour à tour et à qui mieux mieux, sans aucun remords ou même un seul timide questionnement.

Cette interrogation professionnelle en tête, je me pointe à l'exposition présentée au resto Piz'za-za du Vieux-Hull, avec la ferme intention de trouver un filon qui me permettrait d'en faire mention en ces pages.

Les premières ouvres me frappent de plein fouet. Des pastels criants, des bandelettes dorées, ce que je vois m'interpelle et vient mettre en doute toutes ces connaissances de base que j'ai accumulées par rapport à ce créateur-ami. Sans que le constat ne soit une révélation criante, je réalise que le bonhomme se révèle doué, passionné et sérieux, sans doute plus que je l'aurais cru initialement. Et que je ne le connais visiblement que très peu.

Au cours de la douzaine de toiles, on découvre un monde merveilleux peuplé de créatures étranges, bigarrées: des animaux terrestres et aquatiques disloqués qu'on verrait facilement graviter avec joie au sein d'une version hardcore de Bob l'éponge, des oiseaux au plumage rose et aux yeux labyrinthiques… Je suis subjugué. 

Pas que j'en sache beaucoup sur les arts visuels. Je dois me rendre à l'évidence: j'aime beaucoup!

C'est à cet instant précis que j'ai laissé tomber mes doutes. L'art local, par son côté consanguin si intrinsèque à son statut, fleurit par ses collaborations, par les accointances qu'il tisse au fil des rencontres, des 5 à 7 inopinés et d'un amour commun pour l'art. Il est donc normal que les artistes et artisans développent des liens avec ces alliés par lesquels l'information est diffusée.

Cet automne, ne vous surprenez donc pas de voir en nos pages certains noms familiers ressurgir. Un acteur hullois met en scène une poète au cour qui décape, un musicien de Buckingham réalise l'album d'une chanteuse franco-ontarienne, une icône de la chanson collabore avec un producteur local pour la promotion de ses nouveaux airs. On tisse abondamment, on tricote serré et, au final, on ne peut que s'envelopper avec grande joie des châles réconfortants que ces amitiés créent.

Bon automne.

Voyez les toiles de YUGZ, alias Hugo Sabourin, au Piz'za-za jusqu'à la fin octobre.