Sur le fil

Le salon mortuaire

Vendredi soir, 17h30. Les rues du Centretown ottavien sont vides. Quelques fonctionnaires zélés badaudent toujours, rue Sparks, avant de regagner leurs banlieues où, le matin venu, ils se colleront les uns aux autres dans des commerces de villages de béton et de bitume afin de dépenser le fruit de leur labeur pendant leurs emplettes du week-end.

Voilà ce qu’espère changer la Commission de la capitale nationale (CCN) avec son plan Horizon 2067. Le plan de la capitale du Canada. Pourquoi 2067? C’est cette année-là que notre beau pays rouge et blanc célébrera son 200e.

Après une série de rencontres, de discussions et d’appels au grand public, la CCN publiera une révision d’un plan d’aménagement pour la capitale canadienne échelonné sur 50 ans, dont la remise est prévue en 2013.

Dans ces entretiens, on demande l’avis de tout un chacun quant à sa vision d’Ottawa, la grande capitale d’une nation. La chanteuse Florence K, à l’utopisme rafraîchissant: «Nous pourrions exploiter davantage des lieux traditionnels d’échange comme le Marché By et y tenir un marché de Noël comme en Europe. On pourrait aussi encourager l’art de rue et organiser une semaine de festivités entourant la fête du Canada.» Lawrence Cannon, comme un vrai politicien: «La vision de la capitale […] devrait refléter les nouvelles réalités urbaines, de même que les valeurs canadiennes et les principes de durabilité qui nous orientent vers l’avenir.» Bla bla bla.

Ces derniers jours, la CCN déménageait ses pénates à Montréal pour tâter le pouls auprès d’organisateurs d’événements à succès comme le Festival international de jazz de Montréal. Lu sur Twitter: «La capitale est un beau salon… la vie de cuisine est ailleurs!»

Oui, le salon est beau, mais il ressemble de plus en plus à un boudoir tant on ne le visite pas souvent. Parce que le paternel nous interdit d’y entrer avec nos bottes, parce que la télé a été accrochée ailleurs, parce que…

Quand on pense à certains festivals et célébrations qui ont la mine basse depuis les récentes coupures en culture dans la région, les conclusions pleines d’utopisme hédoniste que la CCN semble vouloir émettre se révèlent, pour l’instant, en pleine contradiction avec la ligne de pensée privilégiée par nos gouvernements: la culture ne rapporte pas, alors pourquoi miser sur elle?

Par ailleurs, l’absence de consultations là où les changements prendront vie, c’est-à-dire au centre-ville d’Ottawa et sur sa rive gatinoise, porte à réflexion. Ne devrait-on pas mettre ces acteurs du quotidien à contribution?

Prenez part à la discussion au horizon2067.ca et sur Twitter au @horizon2067.