Si j’avais pu me changer en mouche, je l’aurais fait. De peur de déranger et de corrompre ce qui se déroulait devant moi, songeant à celui qui adopte moult grimaces et simagrées aussitôt qu’une caméra pointe son viseur voyeur sur lui. C’est que je souhaitais saisir un polaroid le plus fidèle possible.
J’ai déjà assisté à de nombreux sound checks, répétitions générales et italiennes dans le passé, mais voilà que j’étais installé dans l’un des bancs du fond d’une salle Odyssée plongée dans le noir, à épier les faits et gestes de musiciens de l’Orchestre symphonique de Gatineau qui se préparaient à présenter le second concert de leur saison 2011-2012.
Probablement très naïvement, je m’attendais à ce que l’atmosphère qui régnerait sur la scène soit empreinte d’austérité et de discipline, comparable à ces rudes parades militaires de mon adolescence d’ancien cadet de l’armée. Je m’étais imaginé un chef d’orchestre et des chefs de section autoritaires, à la forte emprise sur leurs disciples. Or, il en est tout autrement. L’ambiance est désinvolte, des violons rient à gauche de la scène; quelqu’un appelle à l’ordre, tous reprennent position. Disciple signifie en latin «suiveur volontaire». La volonté est là, le plaisir aussi.
La musique jaillit: inébranlable et majestueuse. Je ne reconnais pas la mélodie, mes connaissances en classique étant très sommaires, mais je sais que ça me fait du bien. Les prochaines minutes, je les passerai les yeux clos, calé dans mon siège à me faire bercer par ces musiciens qui s’exécutent et ce, même s’ils s’arrêtent aux quelques mesures, question d’écouter les directives du chef.
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On parle beaucoup de la situation de la musique classique ces jours-ci avec la mise au rancart de la saison 2011-2012 de la troupe Opéra Lyra, justifiée par un manque de financement des paliers gouvernementaux et une difficulté accrue de renouvellement du public. En plein cœur de sa cinquième saison, l’Orchestre symphonique de Gatineau, lui, connaît succès après succès, supplémentaire après supplémentaire.
Faut-il en déduire qu’en cinq années, l’équipe de l’OSG, Yves Marchand en tête, a su non seulement se bâtir un public fidèle, mais est parvenu à soutenir l’intérêt de celui-ci en proposant innovations et surprises de même qu’en lui donnant tous les arguments nécessaires pour qu’une fois de retour à la maison, monsieur et madame Tout-le-monde aient l’envie de retrouver sa bande de pingouins à violons pour la prochaine présentation au calendrier?
L’OSG présente son concert de Noël avec la soprano Natalie Choquette les 9 et 10 décembre à la salle Odyssée de la Maison de la culture.
Bravo! Belle chronique. Malheureusement, le classique reste l’un des arts en marge.