C’est en déployant la fanfare – trompettes, majorettes et pom-pom girls incluses -, que le Live Lounge a ouvert ses portes en 2007, clamant vouloir faire de cette ancienne taverne étudiante l’endroit où la musique émergente et indé, tant locale qu’internationale, serait entendue et, surtout, vue.
Le Live Lounge vécut, sous la houlette protectrice de sa grande sœur la station de radio Live 88,5, pendant cinq années, le cœur sur la main, cœur sur lequel était aussi tatoué son credo de promotion de la musique. Ainsi, les Tegan & Sara et autres Daniel Lanois sont tous passés sous son plafond en stuc orange, alors que le concours Big Money Shot mettait sur la mappemonde musicale des formations comme Hollerado.
Le Live Lounge n’est plus. Il a fermé ses portes le 5 janvier dernier. Sans raison aucune; un simple «closed» irrévocable dans sa porte d’entrée.
Le Live Lounge est la deuxième salle de spectacle de moyenne envergure à baisser les armes en quelques mois, suivant de près le New Capital Music Hall, qui a rompu les rangs l’automne dernier. Est-ce qu’il y a matière à s’alarmer?
Peut-être. Ou du moins, il appert que les salles de concert de la capitale nationale vivent une petite crise de nerfs: le Barrymore’s, qui peine à reconquérir une offre culturelle lestée par plusieurs années de disette; le centre Bronson, auditorium d’école secondaire aux 32 degrés bien comptés peu importe la saison; le Zaphod’s, qu’un changement à la direction a laissé devant un calendrier rachitique…
Les concerts affichés à la marquise du Mavericks ou du Ritual viennent remplir les trous béants laissés par le quasi-abandon des camarades du marché By, alors que de nouveaux joueurs (le CNA, Elmdale Tavern, Raw Sugar Café) se trempent le gros orteil dans les eaux troubles de la présentation de concerts musicaux dans la capitale nationale. Fort heureusement.
Selon une source de l’industrie radiophonique, 2012 marquait la dernière année, pour Live 88,5, de ses obligations, en vertu de sa licence d’exploitation octroyée par le CRTC, envers la promotion de la musique régionale. On peut subséquemment supposer que le Live Lounge et son Big Money Shot se révélaient autant de lucratives façons de remplir gentiment ce mandat, tout en étant une bonne occasion de se targuer d’être les défenseurs de la musique locale, se créant automatiquement une niche commerciale.
Ce ne sont que des suppositions, mais il y a fort à parier que ces outils de marketing que la station a mis sur pied s’éteindront de la même façon que la station a pu tirer la plug à son lieu de diffusion.
La promotion de la culture émergente est une vocation, beaucoup plus qu’un coup de marketing. Elle se déploie sur des décennies avant de devenir rentable. Il sera triste de voir ces poster boys se commettre et ne s’avérer que de piètres Milli Vanilli de la culture ottavienne. De parfaits imposteurs.