Sur le fil

Ottawa, c’est nul!

Vous vous souvenez de l’Ottawa d’il y a 10 ans? Celle du bogue de l’an 2000, de Chiarelli, de l’après-fusion… Non? Jetez un coup d’œil par la fenêtre de votre voiture et vous aurez, grosso modo, une image de ce qu’était Ottawa il y a une décennie.

Car bien peu a changé en 10 ans. Trop peu, pourrait-on ajouter? Or, le Ottawa bashing, ou parler en mal d’Ottawa, s’avère une discipline dans laquelle bien des citoyens de cette ville excellent, le discours récurrent attribuant une aura sexy à Montréal ou adulant Toronto comme plaque tournante économique, et conférant à Ottawa le statut de petite fille laide qui pue.

Cette semaine, sur Twitter, la discussion s’est poursuivie, par l’intermédiaire du hashtag #ShitOttawansay (ou, en français #MerdequelesOttaviensdisent — bon, ça sonne un peu moins bien en français, j’en conviens). Outre les clichés du genre «Allons manger une queue de castor sur le canal» et autres «Dieu que la Place Banque Scotia est loin!», on trouvait dans une effarante proportion de jolis exemples de haine envers notre ville. «Montreal rocked my world this weekend, too bad I gotta go back to old, boring Ottawa.»

Avec sa série City Debates, la Galerie SAW proposera tout au long de l’année des panels de discussion s’articulant autour de problématiques liées à la vie ottavienne. Premier débat: la ville d’Ottawa et son développement urbain. Le débat sera précédé du visionnement du documentaire Urbanized, qui s’intéresse aux différentes conséquences que la migration vers les centres urbains – dans ce cas-ci, New York – peut engendrer en fait de planification urbaine et de design architectural.

Puis, ce sera au tour d’Andrew Cohen, journaliste au Ottawa Citizen, et de Barrie McKenna, reporter au Globe and Mail, d’orienter la discussion sur l’Ottawa paraissant morne et tristounette lorsqu’on la compare à des villes analogues. Peut-on faire différemment? Et si tel est le cas, comment peut-on s’y prendre?

«C’est une ville sans ambition, qui échoue lamentablement par rapport à ce qu’elle devrait être si l’on tient compte de sa superficie, de sa richesse, de sa géographie, de son histoire», de clamer Andrew Cohen à notre publication sœur Ottawa XPress, dans sa parution intitulée Ottawa Sucks!.

Étonnant qu’un tel débat ne s’ouvre que quelques jours après l’acceptation par la Ville d’étudier avec sérieux le Plan d’action renouvelé pour les arts et le patrimoine élaboré par plusieurs responsables, dirigeants et acteurs de groupes culturels variés, et auquel j’ai participé lors d’une rencontre-entrevue, il y a un peu plus d’un an. C’est au début février qu’on saura si la Ville adoptera ce plan échelonné sur six ans, esquisse qui voudrait faire de notre capitale nationale une capitale culturelle, un porte-étendard de la culture canadienne.

À écouter Andrew Cohen et son discours rabat-joie, mais somme toute réaliste, on ne peut qu’espérer que cedit plan ne devienne pas qu’un coup d’épée dans l’eau, comme l’ont été plusieurs mesures culturelles mises sur pied au cours des 15 dernières années.