Sur le fil

Le jour D

Vous vous en doutez, le job de rédac’ chef d’une publication comme celle que vous lisez se détaille comme suit: passer le plus clair de son temps derrière l’écran à lire, recevoir des courriels, écrire ces mots quotidiens, analyser les objets culturels, sombrer dans l’abysse de l’analyse du calendrier culturel, et j’en passe. Mais voilà que, parmi les événements auxquels j’ai pris part au cours des derniers jours, un seul occupait un carrefour prépondérant dans l’agenda: le déménagement de nos bureaux.

Ainsi, exhorté par Céline, l’affable directrice générale, à «“clairer”, faire le ménage et ne conserver que l’essentiel», j’ai dû faire le tri de ces disques que l’on garde empilés «au cas où», de ces romans vieux de quatre ans qui n’avaient pas bougé de leur niche depuis autant d’années. Faire table rase. Pour mieux recommencer. Soutenu par un vieux Kelly Clarkson, fossile de culture pop trouvé sous un classeur de métal – un choix que j’assume pleinement -, j’ai terminé de mettre en boîte cinq ans de culture amoncelés sur nos murs, locataires des surfaces planes ou entassés à même le sol.

Un constat: il s’en crée, de la culture, ici, et de l’excellente de surcroît. Et elle mérite qu’on l’archive avec soin.

Alors, Kelly s’est retrouvée à la poubelle. Tout le contraire de, mettons, D-Track. Ou The Goodluck Assembly. Pour vous donner une idée.

Notre nouvelle adresse: 704, rue Somerset.

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C’est la musique de Whitney Houston, grande disparue des derniers jours, qui a servi de trame sonore à ces premiers jours dans nos nouveaux locaux. Vous auriez dû nous voir beugler I Have Nothing (un moment pas très glorieux)! En dehors des illustres power ballads telle la chanson susmentionnée, l’industrie perd une interprète jadis adroite dont le lustre s’était considérablement terni depuis plus d’une décennie. La chanteuse aurait lancé un album de nouveau matériel cette semaine qu’il aurait reçu un accueil plutôt tiède, peut-on supposer.

Qu’une société se réapproprie une vedette à la suite de son décès relève-t-il de la nostalgie plutôt que du chagrin lié au deuil? Est-ce que cette fièvre marchande post-mortem, qui pousse un tel à passer quelques minutes sur la Toile à visionner des vidéos, ou qui en incite un autre à se procurer une compil de grands succès mise en vente expressément pour mettre un baume sur ses plaies de mélomane, traduit un rappel collectif exposant haut et fort que nous sommes tous condamnés à mourir, un jour ou l’autre? Se martèle-t-on le message à coup d’I Will Always Love You, question d’en aseptiser le contenu et de le rendre plus digeste, quitte à le rendre si commun qu’on finit par l’oublier?

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À l’hiver 2010, un immeuble multilogement s’est embrasé, jettant la majorité de ses habitants à la rue, la plupart d’entre eux n’ayant pas d’assurance pour couvrir un tel désastre. Le mardi 21 février, une poignée d’institutions du secteur (le Où…Quoi!, Le Troquet, le Café 4 jeudis, Le Petit Chicago) ouvriront leurs portes et prendront part au premier Carnaval insulaire du Vieux-Hull. S’inspirant tant du Carnaval de Québec que de celui de Rio, l’activité proposera des prestations d’artisans locaux: D-Track, Duo d’Hull, Guy Perrault, Almiros… Un Mardi gras hédoniste et 100% local. Les fonds amassés lors de la soirée seront versés aux Œuvres Isidore Ostiguy, qui se spécialisent dans les services offerts aux locataires à revenu faible et modeste. Vous trouverez l’info sur Facebook ou auprès des établissements participants.