Il fait 32 degrés dans mon bureau, au moment d’écrire ces lignes. Bon, j’exagère un peu. Mais pas tant. Les mollets découverts, gougounes aux pieds… ces derniers jours se sont faits exceptionnels. Loin de ma volonté l’idée de me vautrer dans une chronique toute de lieux communs tricotée – «y fait-tu pas beau, tsé?» -, mais il appert que de telles mouvances de notre climat deviendront de plus en plus communes.
Alors que je prenais un bain de soleil (avant de me faire attaquer sauvagement par une abeille renégate qui s’est plantée dans ma cuisse), le sort du Festival canadien des tulipes m’a traversé l’esprit. Il y a deux ans, au terme d’un hiver particulièrement doux, les milliers de bulbes plantés en vue d’une éclosion lors des célébrations du début mai se sont plutôt fait dorer la couenne sous le soleil d’avril, laissant aux dizaines de milliers de touristes botanophiles le plaisir de parcourir des kilomètres de platebandes brunes et vertes.
Or, voilà que l’équipe du Festival dévoilait que son entente de partenariat avec la Commission de la capitale nationale prenait fin cette année et qu’elle entendait déménager ses pénates des parcs Major et des Commissaires vers des terrains à vocation communautaire.
Et la raison de ce coup de théâtre? Le gros cash, semble-t-il. La location des terrains pour la tenue du Festival était devenue trop onéreuse selon David Luxton, le trésorier de l’événement, qui ne s’est pas fait attendre pour décrier la situation sur toutes les tribunes au début du mois. À la CCN, on se dit surpris d’une telle volte-face.
Les couleurs du Festival étaient dans le passé dévoilées début mars, question de mettre en appétit les 500 000 visiteurs qui prennent part à l’une ou l’autre des activités. Selon son site Web, le Festival se tiendra cette année du 4 au 21 mai. Mais c’est toujours le silence complet quant à la programmation. On peut d’ores et déjà tenir pour acquis que les récents événements auront des conséquences néfastes sur la tenue de ses activités. Quoiqu’on peut toujours être surpris.
Quant à la CCN, elle soutient qu’elle continuera de planter des centaines de milliers de bulbes comme elle le fait depuis des dizaines d’années, aux abords du lac Dow et dans les parcs environnant la colline du Parlement. Elle déplore la situation tout en montrant patte blanche.
Je m’interroge toutefois quant au quelconque monopole que la Commission exerce sur la capitale nationale. Ce n’est pas la première fois qu’un organisme s’insurge devant cette situation. Avec la mise en branle du Plan d’action renouvelé pour les arts, le patrimoine et la culture à Ottawa, serait-il sain de repenser les règles du jeu, ou du moins, d’émettre des questions quant à l’omniprésence d’un seul joueur sur l’échiquier?