Devant moi, Céline, l’affable directrice des ventes. Yeux nerveux, rire exponentiel, cœur immense de générosité. À mes côtés, les boys Travis et Brad, deux hommes charismatiques et sincères dont j’ai pu faire la connaissance au fil des derniers mois. À ce quatuor vient s’ajouter Alex, bonhomme à l’énergie contagieuse et au travail hors pair.
Nous sommes réunis pour un dernier lunch dans notre resto favori du Chinatown, en face des bureaux qui abritaient Voir Gatineau-Ottawa et Ottawa XPress, jusqu’à vendredi dernier. Ottawa XPress, publication que je dirigeais avec la même passion que je livre chaque semaine dans Voir Gatineau-Ottawa, vient de s’éteindre. Le journal du 17 mai, mettant en vedette mes chouchous Fevers, formation électro-pop locale bourrée de talent, aura été son chant du cygne.
Je lève mon chapeau de rédacteur en chef de l’Ottawa XPress pour saluer les collègues susmentionnés qui se sont battus bec et ongles pour rendre viable cette publication qui avait cessé de l’être depuis fort longtemps. Idem pour ses collaborateurs (Cormac, Ben, Joseph, Ella Jane, Laura, John, Hilary, Colleen, Jean-Thomas, Thomasina), qui ont partagé cette même passion pour le journalisme culturel non prémâché et au format audacieux, jusqu’à ce que l’on ait dû baisser les armes et se rendre compte que l’on se battait sans doute tout seuls. Jusqu’à ce que l’on réalise que la partie venait d’être perdue.
La conjoncture économique n’est pas évidente, se charge-t-on de nous rappeler; le fait que l’XPress ait survécu autant d’années relève du mécénat pur et simple, j’en conviens. Le journalisme est dans tous ses états.
Il ne me reste qu’à me tourner vers ces pages et vers vous pour me rappeler que si je me tue à la tâche, c’est parce que la vie culturelle de Gatineau, d’Ottawa et de sa grande région a le mérite qu’un média y voue toute son attention.
Je ne souhaite en aucun cas sonner l’alarme, puisque Voir Gatineau-Ottawa continuera de publier son journal chaque jeudi, jusqu’à ce qu’on nous prouve hors de tout doute qu’un média comme le nôtre, le vôtre, n’a pas sa raison d’être ici.
S’il existe un moment idéal pour nous soutenir, le voilà arrivé.
Et peu importe qui nous a quittés, peu importe ces batailles qui nous auront sans doute esquintés, laissez-moi renouveler sur-le-champ ces vœux qui tissent une alliance tacite entre vous, notre culture et moi. Je réitère mon intérêt pour le sujet, parce qu’il a le mérite d’être enthousiasmant, façonné par des hommes et des femmes aux histoires qui méritent d’être racontées. À nouveau, j’affirme me vouer à la cause de la promotion de notre art, celui qui nous représente et qui nous fait vibrer jusqu’à la moelle épinière.
Je vous dis oui, encore une fois.
Pour toujours, je l’espère.