Un jour, alors que j’avais huit ou neuf ans, mes parents nous ont fait part, à moi et à mes trois autres frères et sœurs, de la possibilité de la vente de notre maison. Panique. Pleurs. Nous étions attachés à cette petite habitation canadienne en briques beiges, coin Rimbaud et Calais, dans laquelle trop de voyages au pays des Calinours avaient été entamés pour que nous puissions même évoquer des adieux. Et ce, même si les arguments de mes parents semblaient plus que raisonnables: «Nous allons emménager dans une maison plus grande. Vous auriez tous une chambre.»
Mais non. Quatre enfants attachés à leur quartier, à leur école primaire, à leurs habitudes ont fait le poids. C’est à partir de ce moment que mes parents se sont tués à la tâche: faire de ces quelques pieds d’habitation un endroit dans lequel chaque enfant-futur-ado pourrait s’épanouir.
Ils ont agrandi de l’intérieur.
Ainsi, le sous-sol s’est métamorphosé en chambres à coucher, le bureau de ma mère a pris la forme d’une remise… Chaque saison était prétexte à rénovations, réaménagements et redéco. Ma mère «callait» les shots, que mon père, bon joueur, exécutait au mieux de ses connaissances d’autodidacte. Quand on pensait que ses pentures allaient céder sous le poids de ses résidents, ma maison trouvait toujours le moyen de se renouveler.
Il y a quelques jours, je suis repassé par la rue de mon enfance, question de me remémorer l’endroit qui m’a vu apprendre à compter sur un boulier, m’appliquer à écrire en cursives et surtout, chanter un peu trop fort Tourne la page de René et Nathalie. Je suis passé devant cette maison qui, malgré la décennie qui désormais nous sépare, me raconte toujours autant de folles histoires.
C’est la pensée qui m’est venue alors qu’on prenait la décision de sabrer dans l’espace réservé aux calendriers à la fin de ce journal. Décret qui se justifie par le régime minceur auquel cette publication a été sujette au cours des derniers mois.
Croyez-le ou non, ce calendrier occupait tout près de deux pages d’espace éditorial. Cet espace sera désormais occupé par des textes. Du contenu supplémentaire. Yéé!
Je suis le premier à utiliser mon application ciné pour trouver l’heure à laquelle joue le récent blockbuster, je suis aussi enclin à faire une recherche sur mon logiciel GPS question de trouver l’adresse d’un diffuseur culturel en particulier.
Donc, les calendriers étaient devenus obsolètes.
C’est comme ça que nous entendons rénover le journal de l’intérieur. Faire de la place à une section Société qui prendra forme au fil des prochains numéros, ramener du contenu lifestyle et resto dans la section Vie, assurer une couverture culturelle plus importante. Jamais votre 12 pages n’aura été aussi complet, je vous le promets.
D’ici là, prenez ces pages en vos mains, et rappelez-vous que ce petit journal relève du miracle en ces jours d’incertitude économique et de cataclysmes politiques quotidiens. Et je suis toujours on ne peut plus fier d’en faire partie.