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La culture et l’a-culture

La Maison de la culture et le festival culturel Musiqu’en Nous, à Gatineau: même combat – pour la culture, son rayonnement, sa diffusion, ses découvertes -, mais des armes inégales.

Faisons fi des querelles entre la Ville et l’entrepreneur général chargé des travaux: l’agrandissement de la Maison de la culture, dévoilé cette semaine, est à l’image de celles et ceux qui ont piloté le dossier – visionnaire, englobant, ouvert. Dans ce nouvel espace, cinq organismes : trois liés aux archives et à la généalogie, l’Académie de danse de l’Outaouais et l’École de musique de l’Outaouais… De l’envergure, donc, la Maison de la culture en propose, non seulement culturellement parlant, mais aussi "spatialement" (40 000 pieds carrés, trois paliers, jouxtant la salle de spectacles, la salle d’exposition Art-Image et la bibliothèque Bowater).

Ce qui arrive à la Maison de la culture était important pour la nouvelle Ville, qui assoit ainsi son intérêt pour la culture, tel que le maire Ducharme l’avait promis en campagne électorale (Voir avait alors commis deux textes en ce sens). Et l’état d’esprit qui sous-tend le tout est fort noble également: un centre unique au Québec, doté d’une "synergie" (quel horrible mot!) qui ne peut être que féconde. L’idée, également, selon laquelle la salle Odyssée offrirait une vitrine pour le talent régional est à souligner. Nous pouvons déjà affirmer que de nombreux efforts en ce sens sont faits, sans que ne soit mis ce qu’attend le "grand public" d’une salle de spectacles digne de ce nom.

De son côté, la tenue de l’événement Musiqu’en Nous serait remis en question, faute de financement adéquat. Présenté souvent comme l’événement-phare de la Petite Nation, Musiqu’en Nous est en fait bien plus que cela: c’est un événement-phare de la région de l’Outaouais dans son ensemble, reconnu au niveau de la province tout entière, tant par la qualité (et l’audace) de ses programmations, que par celle de son organisation: les Colocs, Michel Rivard, Offenbach, Jean Leloup, Kevin Parent, Isabelle Boulay, Éric Lapointe… tous se sont retrouvés un jour à St-André. Et, surtout, c’est la clairvoyance des organisateurs qui est frappante: déceler le talent, avant les autres, n’est pas qu’une affaire de gérants d’artistes. Comme la Maison de la culture le fait, Musiqu’en Nous a su, au fil des ans, déceler le talent dans un premier temps, puis le mettre en valeur.

Bien entendu, ce travail n’est pas aussi "tangible" que l’est un édifice de l’ampleur de la Maison de la culture, mais le festival culturel mériterait que les élus s’y arrêtent un peu plus férocement.

Stéréo-types, la suite

Pour faire suite à la chronique de la semaine dernière sur la télé-réalité, voici ce qu’écrit sur le sujet Frédéric Beigbeder, dans son tout dernier "roman auto-fictif", Windows on the World: "Pourquoi voulons-nous tous être des artistes? Je ne rencontre que des gens de mon âge qui écrivent, jouent, chantent, tournent, peignent, composent. Cherchent-ils la beauté ou la vérité? Ce n’est qu’un prétexte. Ils veulent être célèbres. Nous voulons être célèbres parce que nous voulons être aimés. (…) Nous voulons avoir un sens. Servir à quelque chose. Dire quelque chose. Laisser une trace. Ne plus mourir. Compenser l’absence de signification. Nous voulons cesser d’être absurdes. Faire des enfants ne nous suffit plus. Nous voulons être plus intéressants que le voisin. Et lui aussi veut passer à la télé. C’est la grande nouveauté: notre voisin aussi veut être plus intéressant que nous."

Sur son dernier cd, éponyme, France d’Amour chante Passer à la télé, des paroles de Jean-Jacques Goldman: "À force d’être aux pieds de mes téléviseurs / À force d’y abandonner ma cervelle et mes heures / À force de rester sur le pas de leur porte / Va falloir que je pousse, que je goûte à ces émotions fortes (…) Je ferai n’importe quoi pour qu’on parle de moi (…) / Mon tour est arrivé / Je vais enfin pouvoir exister, passer à la télé / Enfin exister, passer à la télé "