Ce n’est plus un secret pour personne: Stephen Harper est un control freak. Harper a beau être à la tête d’un gouvernement conservateur minoritaire, Monsieur a de toute évidence décidé de se comporter en premier ministre d’un gouvernement majoritaire.
Pas question pour lui de filer doux.
Et voici le plus récent épisode de la série Harper: Contrôle 101. La semaine dernière, le National Post a mis la main sur un "guide secret", probablement préparé par les sbires de Harper, remis aux présidents conservateurs de comités parlementaires.
On y trouvait tous les coups bas possibles pour paralyser ou "paqueter" les comités de témoins conservateurs. Rien de moins.
On en a déjà vu quelques résultats troublants, dont le plus gros: la paralysie du comité des langues officielles parce que les conservateurs ont sciemment refusé de nommer un nouveau président après que l’ancien eut perdu la confiance des membres de ce comité.
Résultat: les partis d’opposition ont été réduits à créer leur propre comité parallèle. Ça n’a AUCUN bon sens.
Vous me direz peut-être qu’on s’en fout de ces comités, alors que dans les faits, ils sont un rouage ESSENTIEL de la démocratie parlementaire d’ici. Un parti qui agit volontairement – guide secret à l’appui – pour en paralyser ou en contrôler complètement le déroulement commet un crime de lèse-démocratie.
CRÉER LA NOUVELLE
Et tant qu’à tenter de tout contrôler, Harper ne fait pas dans la dentelle. Alors que tous les médias parlaient encore de son petit guide secret, le voilà qui apparaît ce mardi matin, comme par magie, à Kaboul.
Tiens, tiens, pour la deuxième fois seulement depuis son élection, Harper fait une petite "visite-surprise" de deux jours en Afghanistan, comme ça, un peu pour rien, pour passer le temps. Tous les goûts sont dans la nature…
On appelle cela tenter de "créer la nouvelle" pour mieux faire diversion par rapport à des choses, disons, moins agréables pour un gouvernement.
La réalité est que Stéphane Dion a beau avoir des problèmes de leadership, Harper surnage quand même dans les sondages, qui ne lui donnent toujours pas de majorité. Quant à la présence de l’armée canadienne en Afghanistan pour "combattre le terrorisme international", elle demeure impopulaire et scandaleusement dispendieuse pour de piètres résultats.
L’appui à cette mission a probablement encore diminué à la suite de l’histoire surréaliste des prisonniers afghans remis aux autorités afghanes par les Canadiens, puis torturés. Une histoire qui a amené le gouvernement Harper à cumuler les déclarations contradictoires: c’est vrai, non ce n’est pas vrai, on ne pouvait pas les visiter, oui on pouvait les visiter, etc.
Avec sa petite "visite-surprise", où il a oublié les combats pour parler plutôt de "reconstruction", Harper tente surtout de reprendre le dessus sur une opinion publique qui, malgré toutes ses tentatives pour la contrôler, lui échappe de plus en plus. Sur cette question, comme sur d’autres.
Harper aura beau avoir déclaré à Kaboul cette semaine que le Canada y est non pour les sondages, mais "parce que c’est la chose correcte à faire", les sondages montrent clairement que beaucoup d’électeurs, eux, pensent autrement.
Comme quoi – et voici la morale plus optimiste de l’histoire -, bien que Harper puisse déployer sa phobie du contrôle dans toute sa gloire, même en situation minoritaire, il y a suffisamment d’électeurs au pays qui lui tiennent tête pour que son rêve d’un gouvernement majoritaire continue, pour le moment, à lui échapper.
SUR UNE NOTE NETTEMENT PLUS LÉGÈRE
Sous une autre rubrique "101", celle-là enfantée par la loi 101, quelques poignées d’anglos chroniquement en colère contre à peu près tout ce qui se passe au Québec ont annoncé la création possible d’un nouveau parti qu’ils appellent "Affiliation Québec".
Youpi! On se croirait en pleine répétition du festival Just for Laughs.
On se souviendra du Parti Égalité, créé en 1989 en réaction à l’accord du lac Meech et aux lois linguistiques de Robert Bourassa. Mort de sa belle mort depuis, ce n’était qu’une question de temps avant que certains de ses restants, assaisonnés de quelques vieux partitionnistes, tentent de remettre cela une autre fois.
Comme c’était le cas lors de la création du Parti Égalité, le géniteur actuel d’Affiliation Québec jure la main sur le coeur que même s’il se plaint de la nomination par Jean Charest d’une seule ministre anglophone, de l’effet des fusions sur les villes anglos, des limites imposées à l’anglais dans l’affichage commercial, etc., Affiliation Québec ne serait pas un parti d’anglos, mais un parti pour défendre les "droits des minorités". Yeah. Sure.
Ce n’est pas gentil de prendre les gens pour des valises…
Mais merci quand même pour le facteur "divertissement", question, au moins, de nous faire rire un peu. Par les temps qui courent, on en a bien besoin…