Le 24 juillet 1967, le général de Gaulle lançait son "Vive le Québec libre!" du balcon de l'Hôtel de Ville de Montréal. Quarante ans plus tard, il ne s'y reconnaîtrait plus. <p>Sans faire dans le catastrophisme et, surtout, sans prétendre à ce que la chose dure pour l'éternité, le Québec semble aujourd'hui pris dans une espèce de vide existentiel. <p>L'anecdote nous occupe à temps plein – grand Dieu, que faire de tous ces viaducs vacillants? Et comme je l'ai déjà observé dans ces pages, la quotidienneté, la p'tite vie fascinent tant nos politiciens qu'ils en font maintenant le centre de leurs préoccupations. On troque les chefs d'État pour des gérants de boutique.<p>On reverrait <i>Le confort et l'indifférence</i> de Denys Arcand – une réflexion brillante sur la déprime de l'après-référendum de 1980 – qu'on se croirait en 2007. À la différence près que la déprime actuelle est moins spectaculaire, mais semble plus profonde. <p>Pour ce qui est de ce qui devait être la locomotive du mouvement souverainiste, le Parti québécois, il s'est mis à la remorque des <i>focus groups</i>. L'heure est à l'air du temps. D'où une déception sourde qui continue à gagner du terrain, même chez les plus ardents.<p>Au point où la possible création d'un autre parti souverainiste se discute tranquillement. Ce qui demeure une intention chez des gens qui, dans les faits, ont peu de moyens concrets pour le faire.<p><b>PAS DE MON VIVANT</b><p>Yvon Deschamps exprimait un peu tout cela dans <i>Le Devoir</i> du 7 juillet. Comme d'autres Québécois de plus de 60 ans, il ne se censure plus et dit le fond de sa pensée: "Maintenant, je sais que je ne verrai pas le pays du Québec de mon vivant."<p>Mais attention. Pas de prétention baby-boomeresque chez lui, du genre "après nous, le déluge"! Le constat est là, tout simplement. Ce vide existentiel, il le voit aussi: "Nous sommes dans un vacuum où tout le monde est perdu." Sans complaisance ni hargne, il voit le PQ tel qu'il est devenu au fil des ans: obnubilé par le pouvoir. <p>Deschamps met le doigt sur un gros bobo: le PQ "voulait trop le pouvoir et n'a pas voulu prendre le risque de faire des choses qui auraient pu le lui faire perdre pendant un boutte."<p>Aujourd'hui, plus loin que jamais de ce pouvoir, on le sent prêt à n'importe quoi, ou presque, pour y retourner. Surtout, ne pas déranger la visite avec le méchant référendum.<p>Pas de surprise donc à ce qu'il y en ait au PQ qui jonglent avec toutes sortes de formules pour éviter cette question à la prochaine élection. L'idée la plus saugrenue qui circule en ce moment est paradoxalement celle qui pourrait séduire par son apparence faussement vertueuse: la "consultation d'initiative populaire". <p>C'est que des péquistes cherchent un moyen d'appliquer l'idée de Madame Marois voulant que même si elle prenait le pouvoir, elle attendrait que les gens lui disent de tenir un référendum. <p><b>UNE ABSURDITÉ</b><p>Et quelle est cette étrange bibitte? La "consultation d'initiative populaire" veut que le "peuple" puisse signer un registre pour demander un référendum sur la souveraineté. Un mini-référendum pour tenir un référendum!<p>Pouff! Par magie, le PQ n'aurait plus à s'engager. Le "bon" peuple le ferait pour lui. Quelques dizaines de milliers de signatures – on ne sait trop -, et le gouvernement serait obligé d'en tenir un. Allons enfants de la patrie, le jour du registre est arrivé!<p>Comme disait ma grand-mère, "quand c'est trop beau pour être vrai"…<p>La réalité est que ce serait plutôt une recette parfaite pour la déresponsabilisation finale du PQ. Le moyen d'exprimer cette volonté existe pourtant déjà. Ça s'appelle une élection accompagnée d'un mandat clair. Mais cela supposerait que le PQ ne retournerait au pouvoir que le jour où l'électorat le voudrait en toute connaissance de cause, sachant, comme en 1994, qu'il tiendrait un référendum. Ce qui pourrait reporter le retour au pouvoir d'un mandat ou plus. <p>Dans le contexte politique québécois, la consultation d'initiative populaire est aussi un piège monumental. Comment limiter ce registre à un seul sujet? Que faire, par exemple, si des parents anglophones et francophones s'unissent pour demander un référendum sur le retour au libre choix de la langue d'enseignement – une position populaire au Québec même si elle est suicidaire? Que faire si le registre se remplit pour la privatisation du système de santé – aussi une position appuyée par une majorité? <p>Même si c'est pour tenir un référendum sur la souveraineté, qui empêcherait des citoyens fédéralistes d'ouvrir un registre pour en demander un dans un moment où les appuis du OUI seraient à leur plus bas, question de "régler" le problème? <p>On ne peut continuellement chercher à réinventer la roue. En démocratie, rien ne remplace un mandat électoral clair pour donner la légitimité de faire quelque chose. <p>Si le général de Gaulle revivait et revenait ici 40 ans après son discours et qu'il entendait parler de cette idée de "consultation d'initiative populaire", cette fois-ci, il passerait peut-être son chemin.
Le discours symbolique de De Gaulle a été une étape importante dans l’histoire du Québec contemporaine et, tout aurait pu se réaliser, sans le scandale des commandites , lors du référendum de 1995. En 2007, le discours de De Gaulle est dépassé et nostalgique, comme ces vieux films des années 40. Le Québec d’aujourd’hui est malade, en phase de maladie dégénérative, voué à un futur compromis, vicié par mille et un maux incurables! A qui la faute? A des politiciens incompétents? à une démocratie fragile et frivole? A la disparition de modèles intellectuels? Pour Pauline Marois et le P.Q, les carottes sont cuites et reste peu d’espoir de survie politique. Le pacte référendaire est un squelette du passé et ne peut revivre, en dépit de tous les efforts déployés pour le faire réssusciter. Aujourd’hui, la parole et les débats sont entre les mains d’une société d’humoristes et d’artistes qui mobilisent la population autour de shows futiles sur un fond de tapis rouge…Les gens blasés ne demandent pas mieux que de rire des situations dramatiques dans laquelle la société québécoise est plongée. On rit de tout et de rien pour oublier. Nous sommes devenus des amnésiques qui apprennent à vivre dans l’opulence, le rire et la dérision, sans se préoccuper des lendemains qui seront difficiles. Notre société est décadente et craque de partout, comme les viaducs, dans la plus grande indifférence de tous….
L’idée de la souveraineté pour la nation québécoise n’est pas morte. Le problème, c’est qu’il n’y a juste pas assez de Québécois et de Québécoises pour un 50% + 1 voix lors d’un « de-toute-façon » impossible futur référendum.
Ce n’est pas compliqué à comprendre. Ça fera bientôt 13 ans depuis le référendum de 1995. Et oui, c’est le confort de l’indifférence qui s’est établi et le moral de la nation québécoise est en chute libre. C’est la vie!
Apprenez bien l’anglais, bien le français, une troisième langue, même une quatrième, voyagez beaucoup, car le voyage est la seule façon de ne pas se résigner face au destin… et dieu sait que celui des souverainistes est triste en tabarnac.
Chose certaine, je ne crois pas que les souverainistes, même s’ils abdiquent face à la médiocrité et au néant de courage des Canadiens-français du Québec, vont pour autant se sentir « Canadiens » du jour au lendemain, et je ne crois pas non plus qu’ils ont envi de se donner, de participer, de s’investir dans un Québec dans le Canada. Sans les souverainistes, sans cette passion, cet idéal, le Québec est selon moi certainement voué à un vide, un manque d’intérêt, à une montée de la droite, de l’individualisme, etc… Et la raison principale pour ne pas s’investir est que le Canada est dans un processus d’auto-aliénation. voir http://www.spp-psp.gc.ca/menu-fr.aspx (Le Québec sera bientôt qu’une petite nation pas de colonne dans une grande Amérique unifiée. Vous aurez encore moins de pouvoir décisionnel, et il ne sera même plus à Ottawa, il sera aux États-Unis. Somme-nous pas dans la m….?
Autre chose dont je suis certain, c’est que les Canadiens-français du Québec, dans quelques années, vont vraiment s’ennuyer des « séparatistes ». En plus, les Canadiens anglais vont aussi s’en ennuyer, principalement parce que cette déprime que vit le Québec sera aussi ressentie dans le ROC comme un infartus aigu de l’oreillette sourde et amère.
La bande de caves est bien morte!
On dirait que, depuis quelques années, la politique est redevenue ce qu’elle a été pendant tant de décennies, c’est à dire aux affaires, dans le sens d’entreprises privées. Alors que dans les années 1960 et 1970, puis un peu au milieu des années 1990, la politique semblait aussi s’intéresser aux idées et aux gens. Il semble maintenant que l’État ne représente plus qu’une entreprise comme une autre pour nos politiciens comme pour les dirigeants d’entreprises. Nous n’élisons plus ni députés, ni ministres, ni premiers ministres: nous votons maintenant pour nommer des membres d’un conseil d’administration. On ne gouverne plus un pays pour une population de personnes, mais on gère une entreprise qui fournit beaucoup de services à de nombreux types de clientèles. Où est rendu l’être humain, dans cette nouvelle notion d’État et de gouvernement?
Comme quand on magasine, on veut tout avoir sans payer, sinon en payant le moins cher possible. On n’est guère mieux vis-à-vis la politique. Je suis obligé d’être d’accord avec cet adage qui dit que nous avons les politiciens que nous avons.
Quand aurons-nous de nouveau du coeur? Quand ce temps reviendra, la politque redeviendra intéressante et les politiciens seront des personnes passionnées. N’attendons pas trop longtemps!
1967, la plus belle année pour moi à tous les points de vue. La cerise sur le sunday aurait pu être le « Vive le Québec libre », mais j’étais trop naïf dans mon extase pour en saisir le message. Et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Si j’ai gagné un peu dans la nuance, j’ai focussé vers le prêt-à-porter radicaliste du RIN. Et l’eau a encore coulé.
Ce fut le branle-bas de combat ce jour-là. Rien n’avait été prévu pour une déclaration de ce genre ni à Québec, ni à Ottawa et encore moins à mairie de Montréal. Jean Drapeau fut lui-même débordé, habitué qu’il était à ses idées de mégalomane; c’était un coup au-dessus de ses prédictions de grandeur. En haut lieu, il fut décidé que Charles de Gaulle retourne subito presto vers la France. Coups sismiques provincial et national, Montréal allait être enfin sur la map, le monde entier parlerait du Québec!
On a tout dit, écrit et supputé. Ajouter mon grain de sel serait vain. Qui est-ce que je suis pour émettre une opinion sur une hérésie pareille? C’était le début de la prétendue fierté québécoise exaltée à son paroxysme. Les artites en tête, tout le monde ne jurait que par le Québec aux québécois. Mais on a raté la track par deux fois! Deux fois, où pleinement conscients et avec l’idée de René Lévesque, nous québécois avons refusé la chance de se faire une place au soleil!
Maintenant c’est devenu loufoque, à la limite presque du burlesque. Gilles Latulipe a déjà dit qu’il n’y a plus de relève pour la scène du burlesque. Il se trompe le pauvre! Beaucoup de québécois peuvent monter sur scène et faire toutes les grimaces qu’ils veulent. Il s’en trouvera toujours pour les ovationner debout! Vous êtes pas tannés bande de caves!
Je n’ai plus d’illusions, je ne rêve plus en couleurs sur une féérie qui n’a jamais existé. J’ai jeté aux orties mes guenilles d' »utopien » que j’ai été. Mondialisation oblige et terrorisme international prennent à présent toute la place.
Politiquement, le Québec a les reins cassés.
Existe-t-il encore ce petit quelque chose qui nous fait vibrer, pleurer, rire, sourire, avoir la chair de poule, espérer? C’est un peu tout cela qui a fait tourner le moteur de la machine souverainiste. Ce déclencheur, c’était aussi le moment, celui de l’arrogance des uns, un certain Trudeau entre autres, de l’ignorance, l’indifférence, la méfiance. Celui du temps des grands projets, Baie James, Olympiques, après Expo 67. Celui des compagnies en pleines expansions,
Bombardier, Lavallin, et autres… Le temps d’une langue en danger de s’éteindre. Le temps des promesses rompues, »Le Canada va changer..! »(PET après réf. 1980)
Il y a bien des conditions de l’époque qui existe toujours, ne manque que bien peu de choses, ah oui, bien sûr, le leader charismatique…
Mais autre chose s’est installé dans la tête des gens, l’écoeurite aigu. On a tellement répété les mots, les idées, les raisons, que le petit hamster qui court dans notre ciboulot a suscité d’autres question du genre: »de quessé..? Dans quoi au juste, veut-on m’embarquer? » Un pays, quel pays, un pays comme les autres, 4 trente sous pour une piastre, du pareil au même…
Il faut que ce pays se définisse, qu’on en sache plus, qu’il soit plus simple, qu’on puisse en prendre le controle. Que l’appareil de l’état soit plus petit, moins onéreux. Que le vote qu’on donne à des individus soit significatif.
Et en plus de tout ce qui manque, de toutes les questions qui restent sans réponses, il est un autre remède qui calme le jeu, un certain Stephen Harper. Il fait les choses comme elles auraient dû être faites depuis belle lurette, en respectant les champs de compétences, en montrant de l’intérêt à nos préoccupations, en apprenant lui-même le français, en étant présent à nos fêtes. Je suis souverainiste depuis la première heure, et n’ai voté au fédéral que pour le NPD, du temps de Trudeau, le PC et Mulroney et le Bloc depuis sa création. Mais ce type est aprés me tenter de l’appuyer.
L’enthousiasme est là…
Que reste-t-il de nos amours?
Peut-être Françoise?
Je trouve la voix publique plutôt muette…
Vous avez dit, à la prochaine fois. (René Lévesque) Une autre déclaration qui a marqué notre parcours identitaire et a su nous toucher. Tout comme de Gaulle, la vague visant la libération du Québec a caressé un nouveau rêve, qui répondait à un besoin maintenant dépassé. La société de consommation laisse peu de place aux grandes idées et encourage plutôt la prise de possession immédiate, suivie par la poubelle pour tous ces mauvais choix faits si rapidement et de façon insensée.
Les deux référendums avaient aussi leur différence, l’un de coeur (1980) et l’autre économique (1995). D’abord pour la reconnaissance de notre culture, puis celle de nos acquis, les valeurs ont changé et la culture se prononce en faveur du pain avant l’amour.
René Lévesque possédait un charisme que ses descendants n’ont pas su rencontrer. À sa mort, on a enterré avec lui une page de notre histoire. Malgré l’éveil provoqué par son passage, l’identité québécoise a été mise de côté. Avec la venue de la mondialisation, les grands pays ont repris de la force et sont devenus plus valorisés de par ce nouveau courant.
Un autre élément à considérer, que deviendrait le bilinguisme au Canada, sans le Québec? On peut supposer que l’ensemble des peuples francophones, à travers le pays, serait mis en danger par le retrait de son pilier. Plus que minoritaire, la francophonie n’aurait plus son importance au Canada.
Mais enfin, on verra bien ce que les générations à venir voudront développer comme valeurs fondamentales et nécessaires. À considérer le haut taux de suicide dans notre province, un des plus élevé au monde, on peut croire que nos valeurs actuelles manquent de profondeur, puisqu’elle ne savent pas garder l’intérêt pour la vie.
Madame Legault,
De dire que « le Québec semble aujourd’hui pris dans un espèce de vide existentiel » demeure, à mon avis, une analyse fragmentaire en ne l’étudiant que sous l’angle du manque de « vigueur » de l’option souverainiste qui, comme le « rabâche » inlassablement les « inconditionnels » à tout crin, serait l’alpha et l’oméga de la « survie » du Québec! « Indépendant » ou non, je crois, à l’instar de Jacques Godbout lors de son entretien avec Michel Vastel dans L’actualité de septembre 2006, que « sa culture disparaît peu à peu » et qu’espérer, alors que l’on approche de l’an 2010, « recréer » une « ferveur » équivalente à celle de la fin des années ’60 et ’70 relève d’une « douce utopie »! On se doit parfois de réaliser que « la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil » (dixit René Char) et que, peu importe la déliquescence du P.Q. (« remplacé » éventuellement par Québec Solidaire ou « whatever »), la « nation québécoise tricotée serrée » ou non… « mamaaannn, c’est fini…sinon, en voie de l’être progressivement! Est-il permis parfois au-delà du sempiternel radotage des « pour le oui » et des « pour le non » sur « exactement quoi, les prochains sondages nous le diront »(!), s’en tenir (« oh boy »!) aux FAITS CONCRETS bien réels tels que la DENATALITE, la DEPERDITION DE NOTRE CULTURE ET DE NOTRE LANGUE DEVANT L’AMERICANISATION GALOPANTE DE NOTRE SOCIETE ET L’IMMIGRATION « NON INTEGREE »
sans être inévitablement « considéré » comme un « indécrottable fédéraste »? « C’est justement pourquoi ça urge! », répliqueront les « purs et durs »! Parce que, j’imagine que dans un « Québec indépendant » (de qui et de quoi au juste face à « l’américanisation globale », mieux connue sous le vocable de « mondialisation »?), avec « tous nos pouvoirs récupérés » (allo!!!), nous serions « LIBRES » de notre avenir en « implantant une société qui nous ressemble, enfin! » Dites-moi, actuellement et pour un « joyeux bail », quand prévoyez-vous la « mise-en-marche » de cette « indépendance-là???
En 1980, les Québécois avaient le choix entre un premier ministre provincial et un premier ministre national. Tous les deux étaient canadien-français, et de surplus, québécois. L’un était sympathique, l’autre fendant. L’un parlait avec son coeur et sa tête, l’autre parlait avec sa tête uniquement. L’oeuf ou l’enveloppe? On connait la suite.
Le PQ avait organisé un référendum avec la ceinture et les bretelles, on ne pouvait perdre en votant » Oui » tellement il y avait de garanties. Le premier ministre national, fin renard, affirmait que voter » Non » c’était comme voter oui, alors pourquoi lui faire de la peine en votant oui? Faites-moi confiance a-t-il dit. Vous voulez une nouvelle constitution? Je vais vous en donner une, moi. Votez non et vous ne serez pas déçus. Nous le fîmes et nous le fûmes. Ah! la belle leçon d’histoire.
Les québécois firent confiance au premier ministre national parce que ce poste est plus imposant que celui de simple premier ministre provincial. Erreur funeste. Comme ils ignoraient la vraie nature de la bête, ils furent roulés dans la farine. Yvon Deschamps a malheureusement raison. Nous sommes de la même génération, lui et moi, et tout comme lui, je crains bien ne jamais voir ce pays de rêve, pourtant raisonnable.
Comme l’a dit Félix Leclerc, nous avons raté le coche.
Dies irae…
… beau, fier et fort.
Puis, je me suis réveillé.
J’ai ai vu une province ou:
-Les viaducs tombent tout seuls.
-Les écoles sont en décrépitude.
-43% de ses citoyens ne paient pas d’impôt, bref, où 43% des citoyens sont pauvres…
-Une loi régit la couleur de la margarine.
-L’État vend de l’alcool.
-On va à Ottawa pour quêter de l’argent.
-La fonction publique est tout sauf efficace.
-On rentre a l’hôpital avec un bobo pour en ressortir… mort.
-Un individu fraude pour près de $150M et est toujours en liberté.
-On peut donner un peu d’alcool à un enfant dans une garderie sans risquer de perdre son emploi.
-On subventionne un milliardaire pour produire une émission de télé « culturelle ».
-Les médecins spécialistes seraient mieux d’aller ailleurs.
-Les impôts y sont les plus élevés en Amérique du Nord.
-On promet une baisse d’impôt pour finalement hausser l’électricité, les assurances automobiles, etc.
-Les fonctionnaires du revenu prennent en moyenne 16.5 journées de maladie par année.
-Un criminel de la route est mieux traité que ses victimes.
-Plus rien ne se passe finalement. Parce qu’à chaque projet, un petit groupe se lève et fait avorter le tout (Casino, Rabaska, etc…)
J’ai vu cette province et je me suis dit, peut-on vraiment espérer la transformer en pays? Est-ce une bonne affaire? Comment se fait-il que les principaux intéressés ne s’en rendent pas compte???
Tant de questions, si peu de réponses.
Oui, vive le Québec libre.
Libre de cette bêtise.
Et, s’il vous plait, protégez-nous de Françoise!!!!
Dans L’Ère du vide, publié en 1983, Gilles Lipovetsky, philosophe et sociologue, dressait un portrait de la société postmoderne. Celle qui voyait simultanément s’écrouler les grandes idéologies et le développement de l’individualisme.
Ce nouveau modèle de société basé sur l’émergence de la consommation de masse qui déferla sur l’Occident dans les années 60, et jusque dans les années 80, alla évacuer les valeurs traditionnelles au détriment de l’esprit de solidarité et du sentiment d’appartenance.
Enivré par la réalisation de ses désirs immédiats sous l’effritement des freins institutionnels qui contrecarraient l’émancipation individuelle, apparaît alors Narcisse, figure de proue de l’ère du vide. Une phase d’enthousiasme et d’euphorie adolescentes qui animèrent l’individu épris de liberté et ouvrit grande la voie à la perte du sens collectif de l’existence.
Dans son dernier ouvrage, Les temps hypermodernes, Lipovetsky introduit la notion de doute et d’angoisse, voire de peur, qui caractérise l’individu sans repères dans une société tributaires des modes. Incapable d’assumer l’âge adulte.
Ce tableau ne correspond-il pas au désenchantement qui affecte la société québécoise ? Laissé à lui-même, sans discours idéologique inspirant, Narcisse, inquiet, s’effondre. Il n’a plus d’opinions affirmées, s’interroge et remet en question les anciennes certitudes. Il suit les modes.
Les politiciens le savent qui soumettent leurs moindres gestes à cette opinion fluctuante. Obnubilé par le pouvoir, au lieu de donner un sens à sa raison d’être, le Parti Québécois, lui aussi aspiré par la spirale néolibérale, édulcore sa raison d’être dans des «focus groups».
Il s’est créé un parti souverainiste dont la recherche du bien commun le distingue. À l’instar d’Yvon Deschamps, Québec Solidaire devrait faire réfléchir les Québécois à la recherche d’un nouveau sens à la réalité politique québécoise actuelle. Celui de la maturité. Car l’ère du pouvoir a échoué.
Demander que des chefs charismatiques soient les moteurs des changements politiques est une attitude qui possède des connotations qu’il ne faut pas ignorer. C’est sur cette pente savonneuse que se sont avancées avant nous des peuples qui furent ensuite entraînés bien au-delà des paroles des discours dans des comportements que l’histoire a par la suite lourdement sanctionnés. Les leaders de ce type, qu’ils soient à l’un ou l’autre des deux extrémités du spectre politique, à gauche ou à droite, sont devenus les fossoyeurs de leur peuple bien plus que leurs libérateurs. Il est normal que nous comptions en temps de crise, ou pour les étapes importantes dans la vie d’un peuple, sur des leaders qui savent clairement marquer les enjeux
Pourtant, rien ne remplacera jamais la nécessaire conscience des citoyens pour donner des lignes à suivre à ceux des leurs qu’ils considèrent comme étant leurs leaders en politique. Le nationalisme n’échappe pas à cette règle et je dirais même encore moins du fait que laisser à lui seul, cette coquille a vite fait de se remplir des contenus les moins avouables, le racisme, l’intolérance quand ce ne sont pas d’autres valeurs tout aussi inadéquates. Le traditionalisme étroit pavant parfois la voie au fascisme y a fait sa litière.
Il ne saurait donc pas du tout opportun de ne privilégier ce concept étroit de nationalisme pour mobiliser les citoyens sans l’assortir d’un contenu qui montrerait qu’il s’agit d’un programme de libération et non de celui d’une servitude pour des intérêts encore plus restreints que ceux qu’il estime combattre.
Les paramètres de ces choix fondamentaux sont déjà présents dans le paysage politique québécois. Seul celui inclinant vers des abîmes à sa droite y est absent et cela est tant mieux.
Nous voudrions des politiciens différents, des leaders qui amèneraient le peuple vers la terre promise. Pourquoi demander à ces hommes et femmes d’être en état de grâce alors que nous nous contentons d’être des consommateurs passifs? Nous consommons passivement de la politique comme nous consommons quotidiennement sans trop se poser de questions.
Il faudrait un De Gaulle. Mais, y-a-t-il un De Gaulle dans les pays occidentaux? Bush, Sarkosy, Blair et Harper ne représentent-ils pas le type de leader que nous élisons? Ce sont des politiciens, à courte vue, qui gèrent à la petite semaine. Ils assurent que l’intérêt de l’électeur moyen préside à leurs choix politiques et nous feignons de les croire.
Faut-il désespérer de tout cela? Non, au contraire, des retournements de situation en politique sont fréquents. Le Canada anglais s’opposera toujours à une réelle reconnaissance du peuple québécois. Dès lors, il faut continuer dans nos milieux respectifs à mettre de l’avant l’idée de l’indépendance comme seule solution à long terme. La nostalgie n’est pas le socle sur lequel il faut bâtir. Laissons ce sentiment qui nous assomme et vivons d’espérances.
En 1967 tout était beau:
-le français était affiché dans l’Est et presque invisible dans l’Ouest
-les »maudites grosses anglaises » étaient en majorité chez Eaton, Morgan, Simpson
-les Canadiens-français étaient bilingues, les anglos unilingues
-le monde des affaires fonctionnait en anglais à 98%
-Walter Gordon, président du CNR disait qu’il ne trouvait pas de Canadiens-français compétents pour justifier l’unilinguisme de sa société d’état
-la fonction publique fédérale était English only et s’appelait encore le service civil (sic)
-Air Canada s’appelait Trans Canada Airlines
-les Italiens de St-Léonard ont exigé et reçu le droit de s’angliciser par l’école
-98% des immigrants s’assimilait à la minorité anglophone
-le maire Jones refusait de bilinguiser la ville de Moncton, pourtant majoritairement francophone
-la pizza et le egg roll étaient les deux seuls mets ethniques connus
-les francophones étaient les moins instruits au Canada et occupaient le bas de l’échelle socio-économique
etc etc…
Depuis, 90% du programme initial du PQ a été réalisé, il manque juste le passeport et encore. Ne vous surprenez pas que l’idée de la souveraineté ait perdu son attirance.