Il y a des jours comme ça. Une nouvelle sort. Elle semble risible, sans importance. Des gens en rient, font de bonnes blagues.
Prenez, par exemple, ce sondage internet sur le « pire Canadien » de tous les temps. La très « sérieuse » revue canadienne-anglaise de la Société nationale d’histoire, The Beaver, donnait Pierre Trudeau bon gagnant.
Passée la minute de plaisir – qui n’aime pas ne pas aimer Trudeau dans ses temps libres? -, mon sang d’historienne et de politologue s’est figé en voyant la liste des 10 « gagnants ». Des anciens premiers ministres y côtoyaient les tueurs en série Clifford Olson, Paul Bernardo et Karla Homolka.
Et là, ce n’est plus drôle. Vraiment plus drôle. Qu’une revue d’histoire – pas CROC – fasse une telle chose m’a jetée en bas de ma chaise. Mettre des premiers ministres et des tueurs en série dans une même liste tient d’un relativisme moral qui laisse pantois.
Et qu’on ne me dise pas que TOUS les premiers ministres ont du sang sur les mains because ceci ou because cela…
Le message envoyé est dévastateur: tout est relatif, tout est égal, tout est pareil. Brian Mulroney ou Homolka, c’est aussi « pire », non? On s’en tord les boyaux tellement que c’est drôle.
En fait, d’après la liste, Homolka serait même « moins pire » que Mulroney, puisque son nom vient APRÈS celui de l’ancien premier ministre! Même Céline Dion est dans le même sac que Homolka. Le tout, pour un grand total de 6 Québécois sur 10. Mais, au moins, tant qu’à faire dans l’absurde, pas de Québécois chez les tueurs en série. Mince consolation.
C’est vrai que ces premiers ministres ont tué quelques grandes idées au cours de leur carrière, mais ils n’ont achevé personne de sang-froid.
Je sais bien que l’histoire n’a plus la cote – même les savants fous du ministère de l’Éducation en ont massacré l’enseignement depuis belle lurette -, mais comment une revue sérieuse peut-elle participer au même mouvement?
De telles listes épicées d’amalgames outranciers ne peuvent que contribuer à la méconnaissance de l’histoire, des faits et des acteurs. Cette méconnaissance contribue à la désinformation. Et la désinformation contribue à la dépolitisation d’une société.
PARLONS D’HISTOIRE
Plutôt que de jeter le tout à la poubelle (mais comme disent les Anglais, « there’s no bad publicity!« ), les rédacteurs de la revue ont fait appel à 10 historiens et auteurs pour dresser une liste parallèle plus crédible pour encourager les Canadiens à discuter d’histoire…
Eh bien, parlons-en. Un des noms dans cette deuxième liste est celui d’Adrien Arcand: un fédéraliste et un loyaliste québécois d’obédience nazie, qui a sévi ici dans les années 30 et 40 et s’est associé à des mouvements pro-nazis d’Ontario et des provinces de l’Ouest. Un choix qui se défend.
Personnellement, je choisirais William Lyon MacKenzie King, premier ministre canadien pendant 22 ans, dont avant, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale. Comme Arcand, c’était un antisémite notoire et un sympathisant d’Adolf Hitler. Mais à la différence cruciale près que MacKenzie King, lui, était au pouvoir et il était premier ministre.
Avec la complicité de plusieurs élites du pays, au Québec et au Canada anglais, il ferma presque totalement les portes du Canada aux réfugiés juifs qui fuyaient l’Allemagne nazie. En voilà un premier ministre aux mains tachées de sang.
Aux Archives nationales du Canada, on peut lire son journal personnel sur sa visite officielle à Berlin en 1937 (faut voir les jolies photos de King à des événements publics entouré d’officiers allemands faisant le salut hitlérien…). Suggestion: en faire une lecture obligatoire pour TOUS les Canadiens.
Après un échange de cadeaux qui l’a beaucoup ému, King raconte comment Hitler lui a donné une photo dédicacée de lui-même dans un beau cadre argenté. King le remercie pour un « tel signe d’amitié » et lui dit: « Je chérirai toujours ce cadeau. » Touchant, non?
King parle abondamment du « sourire » et de la « chaleur » d’Hitler. Il dit admirer son côté « autodidacte » et le décrit comme un homme « calme », « passif »(!) et « émotif ». King écrit que Hitler lui fait penser à Jeanne d’Arc, qu’il est un « mystique ». Pour King, même les discours d’Hitler sur la « race » sont inoffensifs, ne cherchant, pour citer ses mots, qu’à « préserver le sang pur du peuple »! Un détail…
Hitler, selon King, est aussi épris de beauté et aime les fleurs. Et voici le passage qui lève le plus le coeur: (Hitler) « m’a souri très gentiment et il y a en effet une sorte d’affection et d’attirance dans son regard. Mon évaluation de cet homme alors que j’étais assis et parlais avec lui est que c’est un homme qui aime vraiment son prochain et son pays, et qu’il ferait n’importe quel sacrifice pour eux. (…) C’est un homme d’une grande sincérité et un vrai patriote ».
MacKenzie King: le VRAI candidat parfait pour le titre du pire Canadien de l’histoire. Dommage qu’au Canada, on ne se souvienne pas beaucoup de tout cela…
Madame Legault, une fois encore, vous montez sur vos grands chevaux pour rien…vous dénoncez le sondage du pire canadien de The Beaver comme étant des listes épicées d’amalgames outranciers. Une de vos allégations de charabia favorites que vous avez l’habitude d’énoncer dans vos articles, telle une vierge offensée! Bien, au contraire, le sondage de The Beaver est une excellente leçon d’histoire qui, brillamment, met en lumière, les errements hétérodoxes d’hommes et de femmes, qui ont marqué l’histoire.Il n’y a rien de mal à mettre sur une même liste Trudeau et Céline Dion qui ont, ensemble, le point commun d’un égo démesuré et grotesque, pour la parade historique interplanétaire. Quelle est donc la différence, Madame Legault, entre vouloir prendre le pouvoir d’une nation, de la manière la plus démoniaque, et, celle de vouloir conquérir la planète, à n’importe quel prix, juste par des chansons d’amour, insignifiantes et abusivement répétitives. La liste établie est historique et, l’histoire, dans sa définition, compare et analyse les profondeurs et les noirceurs d’êtres qui ont marqué la société. Votre méconnaissance du fait historique, pour une journaliste, qui semble fière de l’être, est inacceptable! En étant devenus des hommes et des femmes publiques, par des moyens diversifiés, les personnalités de la liste appartiennent, automatiquement, à l’histoire et, ainsi, peuvent être jugés et classifiés, que cela vous déplaise ou non.
En 1937, rien ne laissait présager une guerre et tous les grands de la planète, même Churchill, ont défilé devant Hitler qui avait relevé l’Allemagne de la misère avec des mesures drastiques qui ressemblent étrangement à celles employées aujourd’hui par les gouvernements capitalistes du monde.
King ne pratiquait-il pas aussi le spiritisme pour communiquer avec les morts ?
Quand à Arcand, un ardent catholique, son influence fut mineure n’ayant jamais rassemblé plus d’une centaine de sympathisants au summum de sa « carrière ».
Merci.
Ce sondage absurde est tout à fait représentatif de nos sociétés dites « postmodernes » où la provocation et le kitsch le plus éclaté sont devenus les « valeurs suprêmes »! Dans un monde où la « culture » se mesure à « l’indice « you tube », des tirages et des cotes d’écoute, tout se vaut: le tueur est une vedette, l’athlète dopé acclamé, le lofteur, une célébrité et l’humoriste débile, un « maître à suivre »: « Que feriez-vous pour 100$?, pis quoi? c’est cool, genre… »!!!
Vous avez parfaitement résumé la situation et souligné le ridicule de cette revue prétentieuse. Peut-être ont-ils changé la direction et l’ont ils confiée à The Enquirer, l’hebdomadaire notoire américain peu sérieux qui nous parle sérieusemnt des ovnis et autres extraterrestres.
MacKenzie King a déjà été désigné comme le plus grand des Premiers ministres canadiens, par d’autres juges évidemment. Tout ce que vous avez dit à son sujet est indéniable puisque c’est dans son journal. C’est en effet, de ce point de vue, un bien triste sire.
Cette liste est du plus haut ridicule. Le seul reproche que je fais à Céline Dion est d’avoir habilement escamoté son accent aigü de crainte de déplaire aux étasuniens. Pourtant, les étasuniens aiment beaucoup les artistes français : Charles Boyer, Maurice Chevalier, Louis Jourdan, Charles Aznavour, pour ne citer que ceux-là.
Cette revue vient de se discréditer par son manque de sérieux en la matière.
Après le départ de Martineau j’étais déprimée. Mon chroniqueur préféré s’en était allé et son remplaçant dont j’ai oublié le nom m’était totalement illisible. Je veux aujourd’hui remercier Josée Legault d’être là, d’écrire des critiques intelligentes, humaines, respectueuses, tout à fait appropriées. Ses écrits me donnent espoir; y’en a qui restent critiques avec appuis et qui ne se gènent pas pour faire savoir qu’il y en a d’autres qui auraient peut-être intérêt à repenser leurs idées ou leurs actions. Un acte de civisme qui selon moi mériterait une médaille ou à tout le moins cette mention. Un gros merci Josée
J’avoue que je ne connaissais pas ce pan de l’histoire. Pas étonnant, au Canada toute l’histoire est camouflée dans le but de préserver une unité canadienne pour ne pas déstabilisé le Commonwealth. Ainsi, King était antisémite alors qu’au Québec on dénigrait la communauté italienne parce qu’une partie de l’Italie était sous le contrôle d’Hitler. C’est bien la preuve ultime que le Québec a une vision du monde diamétralement opposée à celle du ROC, et depuis longtemps. Le ROC était pro-nazi et le Québec anti-nazi, (il faut quand même désapprouver le fait qu’au Québec on ait pu persécuter un tant soit peu la communauté italienne) tout comme aujourd’hui le ROC est pro-sioniste et le Québec anti-sioniste (et désapprouvent les attaques de roquettes de quelques radicaux du Liban et de la bande de Gaza).
Simple, vrai, évident, non? Je ne me suis jamais senti canadien, je ne me sentirai jamais canadien et même si je tentais ne serait-ce qu’une année de me dire fier canadien, je serais probablement malade quotidiennement et je finirais par me tirer un balle dans la tête.
En fait, pour celles et ceux qui connaissent leur histoire, le Québec, C’EST le Canada!!!. En dehors des frontières Québécoises actuelles, c’est les Écossais, les Anglais, les Irlandais, les Acadiens à l’est, et les Italiens (utilisés par Ottawa pour construire le chemin de fer), les Irlandais, les Chinois, les Roumains, les Grecs, mais SURTOUT, les loyalistes britanniques qui sont montés au nord lors de la révolution américaine. Qu’est-ce que le peuple fondateur du Canada, les français, ont à voir avec le ghetto des persécutés de l’Empire britannique de l’est du Canada et les autres persécutés et victimes de guerres impériales, du communisme et les lèches-cul de la Reine d’Angleterre de l’ouest?
Tab***c de ka***e! rien, nada, nothing, niente… Les Canadiens-français sont des cri** de losers. Bien content d’avoir immigré en Suède! Vous êtes pas tannés de mourir bande de caves?
Merci Josée pour ces informations vraiment édifiantes.
On devrait débaptiser toutes les rues Mackenzie-King du Canada (il y en a une à Saint-Jean, à quelques coins de rue de chez moi).
Il n’y a pas de rue Pétain en France ni de rue Hitler en Allemagne… Mais nous, ici, on a des rues King, des rues Wolfe et autres noms d’humanistes notoires…
Faut croire que les Canadiens savent tout pardonner!
Bonjour, et merci pour cette incursion dans notre histoire pas si jolie par endroits. Votre texte sur le premier ministre King m’a bien surpris, car il me semblait qu’il faisait partie des bons gars. Du moins, c’est ce que mes cours d’histoire insinuaient. Fonctionnaire dévoué à politicien exemplaire, nous apprenions qu’il avait tenu les rênes de notre pays dans des moments difficiles, notamment la Grande Dépression et la 2e Guerre Mondiale. On avait commencé à l’haïr lorsqu’il avait brandi le spectre de la conscription, mais on a vite oublié cette erreur de parcours. Mais d’apprendre qu’il était copain copain avec le plus grand des tueurs en série que cette planète a connu m’a profondément bouleversé. Un vrai groupie naziste ! Je vois encore les photos ou on voyait King entouré de Churchill et de Roosevelt, à Québec, planifiant l’offensive pour détruire le 3 Reich. Comment se sentait-il de savoir que son pote Adolf allait en manger toute une, tout en arborant un grand sourire avec ces chefs de gouvernements qui, d’une certaine manière, étaient des ennemis ?
De nos jours, on crie au scandale lorsqu’un député change de parti et est tout d’un coup capable de réciter tous leurs mensonges comme s’il (elle) avait toujours été là. Comment pourrait-on qualifier le changement de cap de King? Fascinant et horrifiant à la fois. Je ne sais pas s’il serait le pire canadien de l’histoire, mais il est au moins dans le Top 5.
Juste un petit mot aussi sur ce palmarès farfelu de la revue « The Beaver ». Un autre bon exemple qu’il serait plus que temps que les historiens se trouvent une équipe de professionnels de marketing. Seuls, ils n’arrivent qu’à se caler d’avantage. Un tel exercice sent le renfermé des salons et bibliothèques ou ils se tiennent, sans jamais sortir prendre l’air. Oui, ils ont droit à leur opinion, mais un tel exercice n’apporte rien au moulin du savoir et détruit tous nos repères. Des cornichons, c’est bon, du yogourt, aussi. Mais ensemble…
Je trouve absurde et prématuré , comme par exemple, le premier ministre fédérale Stephen Harper, de juger des gens, surtout si ils sont toujours en poste. Parce que seule l’histoire pourra nous dire, la valeur réelle d’une personne.
En effet, Il est important que le travail d’une personnalité soit terminé pour ensuite être mise dans une perspective historique, sociale, culturelle et économique. Pour déterminer cela il doit y avoir un débat entre spécialistes pour savoir qui a fait réellement avancer le pays, dans son domaine respectif. Donc en conclusion, seul le temps peut nous dire la valeur réelle de l’accomplissement d’une personne.
Il n’y a pas que Adrien Arcand et MacKenzie King qui à l’époque était pro-nazi et antisémites.
Le mouvement nationaliste québecquois, la société St-Jean Baptiste, le clergé, Maurice Duplessis étaient tous des admirateurs d’Hitler. Duplessis expédiait chaque année ses voeux de bon anniversaire à plusieurs leaders fascistes européen. Duplessis est sûrement le pire québecquois de l’histoire.
Quand mon père a été combattre le nazisme en 1939-45, nos bons québecois lui disait que c’était la guerre des méchants anglos, et qu’il fallait laisser Hitler nous débarasser des anglais, des juifs et des communistes…Au USA aussi les mouvements pro-nazis et antisétimes étaient nombreux. Le grand père de G.W. Bush était un banquier qui fut au service des nazis.
Quand les journalistes de religion nationaliste ont crucifié Jean-Louis Roux qui n’avait que porté une croix gammée par bravade étudiante (il n’a jamais appartenu à un mouvement nationaliste pro nazi) c’était un exercice profondément hypocrite et dégeulasse. Ces journaleux ont perdu toute crédibilité professionnelle d’ailleurs. Seuls les adeptes de la même religion continuent de leur faire confiance,toute religion étant contre l’objectivité.
Les résultats du sondage reflète malheureusement une dure réalité : l’absence de connaissances historiques. Je ne serais pas étonnée de voir dans la liste de réponses à ce sondage le nom de personnes seulement connues par ceux qui ont voté. J’exagère à peine !
Mais sans excuser cette ignorance, dans un passé pas si lointain, j’aimerais seulement rappeler que les cours d’histoire au primaire comme au secondaire n’avaient pas pour but de provoquer un sens critique. Les adultes que sont devenus les enfants issus de cette école sont peut-être en bonne partie ceux qui ont participé au sondage: voter pour Céline Dion illustre parfaitement ce fait. De plus, choisir une Canadienne qui réussit dans le monde entier à cause de ses chansons dépasse mon entendement. À quoi ces gens-là ont pensé ? À rien.
Cependant, j’ai un espoir pour l’avenir. Par exemple, au primaire, le matériel scolaire en histoire du Québec et du Canada est plus riche aujourd’hui qu’il y a à peine dix ans. Je pense que le Ministère de l’Éducation a une responsabilité évidente au chapitre des connaissances à transmettre en histoire ; alors , dans quelques années, nous pourrons peut-être constater des résultats de sondage différents de ceux relatés dans la revue Beaver…
Céline Dion et Karla Homolka dans le même sac? Pour une provocation c’en est toute une! Evitons de grimper dans les rideaux. A ce que je sache Céline n’a jamais attenté à la vie de quelqu’un tandis que Karla, elle. Puis zut! Laissons passer la provocation pour ne s’arrêter que sur les vies édifiantes de King et Trudeau.
L’antisémitisme ne date pas d’hier. Avant qu’Abraham fut, il était. Dernièrement en lisant les notes d’un fondateur de paroisse, un curé de campagne parlait de Sa Grandeur Rodrigue Villeneuve qui incitait ses ouailles à prier pour la conversion des Juifs. Et dire que l’Eglise du Québec à touf fait pour étouffer la chose. Certains ont même réclamé qu’on rebaptise la station de métro Lionel-Groulx!
Qu’est-ce que l’Histoire retiendra de Trudeau? On en apprendra peut-être sur ses petits travers inconnus du grand public jusqu’à ce jour. Et dans cent ans la plupart d’entre nous serons disparus avec l’intérêt du personnage en même temps. Denys Arcand fait dire à l’un de ses personnages que les historiens ne parlent que des victoires des vainqueurs, jamais celles des vaincus. – Quelqu’un peut-il m’énumémer les hauts faits de Mackenzie King? Question: Comment se fait-il que Mackenzie King soit resté si longtemps au pouvoir avec un pouvoir aussi délétère? Je suggère à Madame Legault de nous en parler lors de sa prochaine chronique.
Personnellement je serais en faveur d’une relecture de l’Histoire en général. Il s’est écrit tant de choses sur des faits présumés alors que les faits rééels commencent à peine à surgir. Il faut détruire les mythes et les légendes qui entournent certains évènements. 50 ans minimum sont nécessaires avant de révéler des détails saugrenus dignes de grands romans à venir pour les futurs auteurs en puissance. Je pense à certains personages politiques du Québec et du Canada évidemment. « Mais nous, nous serons morts mon frère » de Raymond Lévesque. C’est sans doute la canicule qui freine notre envie sur la révélation du non dit…
J’apprécie votre papier. Je suis bien content de vous lire ici. Radio-Canada et les autres pourris de média ne vous laissent jamais le temps de dire ce que vous avez à dire. J’espère que d’autres journalistes comme vous feront le saut au Voir.
Comme d’habitude, Josée Legault nous livre une analyse juste et pertinente. Des journalistes intègres de la sorte, malheureusement, on n’en trouve pas beaucoup au Québec, dans un monde où la concentration des médias est révoltante. Pour Céline Dion, je trouve que c’est plutôt méprisant de la mettre dans un même classement que des meurtriers et des politiciens qui ont violé plusieurs lois. C’est pas parce qu’on est Québécois qu’on est obligés d’aimer ce qu’elle fait, mais on se doit d’être fier d’elle, quand même. Juste une chose à ajouter pour Mackenzie King, durant la Deuxième Guerre Mondiale, le président américain, Roosevelt, lui a écrit une lettre afin de régler le « problème canadien-français », soit les assimiler. Sur wikipédia, on trouve la lettre intégrale.
http://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_de_Franklin_D._Roosevelt_%C3%A0_Mackenzie_King
Je ne suis certainement pas de ceux pour qui Pierre Elliot Trudeau est un personnage politique qu’ils chérissent. Ce serait plutôt le contraire. Mais lorsque je le vois classifier à partir de critères qui ne peuvent être que racistes, je me pose des questions sur la valeur de ce classement qui le fait figurer parmi l’entourage de gens fort peu recommandables. Les échelles de valeurs qui se juxtaposent pour ce classement dans ce palmarès ne peuvent qu’emprunter des voies fort différentes, la voie de la morale publique dans un cas et celle du racisme grossier dans l’autre.
Si nous voyons que Brian Mulroney figurer lui aussi dans ce palmarès douteux, bien qu’il ne soit pas francophone, il nous vient tout de suite à l’idée de conclure que pour ceux qui ont fait ces jugements, le simple fait d’être réputés avoir contribué à la promotion de l’égalité entre francophones et anglophones demeure une faute grave dans leur esprit, soit celui de la majorité des anglophones. Il nous faut conclure à notre tour que les anglophones se comportent majoritairement comme des colonisateurs qui espèrent toujours voir disparaître en tant qu’ethnie distincte ces francophones qu’ils ont conquis par les armes à l’aide de mercenaires.
Cette conclusion qui nous fait voir à quel point ce racisme rampant est fort, nous la trouvons dans la présence de Céline Dion parmi ce palmarès. Que vient faire ici cette personne qui ne se mêle pas de politique à ce que je sache !
Les anglophones qui ont voté pour ce palmarès se sont discrédités aux yeux de quiconque conserve un minimum d’objectivité et ils ont de surcroît jeté l’anathème sur tous leurs semblables. Quand désormais ils relèveront le racisme des francophones, nous serons bien tentés d’en rire.
Je me fie très peu à ce genre de sondage. Ils sont, à mon avis, très peu scientifiques. Mais surtout, on demande aux gens de se prononcer sur des sujets qu’ils ne connaissent pas. Ainsi, on parle du « Pire canadien de tous les temps ». A-t-on pris le soin de définir ce que cela signifiait? En plus, comment se fait-il que tous les noms sortis soient ceux de contemporains. En fait, on n’a pas pris le temps de fournir, aux personnes sondées, une liste de candidats possibles avec un historique de ce qu’ils ont faits et qui justifierait leur nomination. En ce sens, au moins, le récent sondage sur les nouvelles merveilles du monde était beaucoup plus intéressant que celui-ci.
Puis il faut permettre aux gens de mettre en perspective les diverses possibilitées. Tout comme Josée Legault, je trouve tout à fait désolant que Pierre Trudeau soit dans la liste. On peut être contre ses idées politiques. Mais en quoi est-ce que cela en fait l’un des pires canadiens de tous les temps? Si jamais de tels résultats étaient publiés un peu partout dans le monde (peut-être est-ce le cas, je ne sais pas!), alors que Trudeau était extrêmement respecté en dehors du pays, nous aurions l’air fou… ça ne serait pas la première fois que ça arriverait, d’ailleurs.
Bref, je n’accorde aucune importance à ce sondage qui est bâclé et surtout, très peu représentatif de ce que des personnes sensées auraient répondu.
Madame Legault
Depuis plusieurs années j’apprécie vos commentaires pertinents et vos analyses justes. Par contre, dans votre dernière chronique je vous ai trouvé assez paradoxale. Vous déplorez le sondage sur « le pire Canadien de l’histoire » en invoquant votre « sang d’historienne ». Ce qui me laissait croire que vous faisiez alors référence à l’esprit critique souvent mis de l’avant par les historiens. Malheureusement, vous en faites cruellement défaut dans ce texte lorsque vous écrivez que « Je sais bien que l’histoire n’a plus la cote – même les savants fous du ministère de l’Éducation en ont massacré l’enseignement depuis belle lurette […] ». J’ignore sur quoi vous vous basez pour faire une telle affirmation digne d’un Mongrain ou d’un Proulx. Je sais qu’il est de bon ton de casser du sucre sur le dos du ministère de l’Éducation et que rien n’est plus drôle que de ridiculiser les gens qui y travaillent, mais venant de vous cela me surprend et me déçois énormément. En tant qu’enseignante en histoire au secondaire et ayant collaboré avec le ministère, je déplore ce discours sur l’enseignement de l’histoire que l’on clôt habituellement par une phrase assassine sur les pédagogues « fous, incompétents, staliniens, idiots » que l’on y associe. Je peux vous affirmer que au contraire, on y retrouve des enseignants passionnés de la discipline historique et convaincus qu’un jeune peut faire en cours d’histoire des apprentissages utiles sa vie durant. Que l’histoire peut lui permettre d’être critique face à ces formules chocs qu’il entend dans les médias et qui souvent ne servent qu’à vendre des copies. Que des expressions comme « massacré l’enseignement » ou « pédagogues fous » manquent cruellement de nuance et qu’il doit s’en méfier. Que son sang d’historien doit se figer devant une affirmation choc et qu’il doit chercher à en comprendre l’origine et non qu’il la répète à son tour sans se questionner à savoir si elle est fondée ou non. Ce que vous avez oublié de faire.
La soi-disant très sérieuse revue : The Beaver, nous concocté un royal tutti frutti, sans réelle saveur. Honnêtement, cela me fait penser, à des sondages, on en fait ce que l’on en veut. Rien plus. D’ailleurs sur quel fondement, cette revue s’est-elle donc basée? Combien de personnes, ont-ils proposées, ou suggérées? Et véritablement, combien d’individus ont-ils vraiment participé? Le résultat, est un amalgame diversifié, entre des politiciens, de sadiques tueurs en séries, et même une très célèbre chanteuse! Si, au moins, on avait eu la décence de comparer, des personnes de la même profession? Ou, de la même décennie? Mais non… C’est seulement, un coup d’éclat, tel un gros pétard mouillé! Sommes-nous vraiment touchés, par la réputation, de Pierre Trudeau? Ou, celle de Céline Dion? Laissons, au moins le temps… donner raison ou tard. Ce que l’histoire, peut se permettre de dire, pour l’instant me semble trop tôt, pour se permettre un jugement. Cela, c’est la Grande Histoire, qui aura le dernier mot, et sûrement pas une douteuse revue.
J’ai déjà trouvé le journal Croc drôle. Mais il y a des limites à la stupidité !
On a bien beau ne pas aimer une telle personne… ce n’est pas une raison pour la salir.
C’est facile d’écrire des conneries et de ce cacher derrière des assurances.
Jamais ces grandes gueules à la plume facile se montrent la face.
Ils auraient trop peur de s’en faire c… une !
C’est facile d’écrire des niaiseries pour Croc quand on est trop illetré pour la presse et pas asez comique pour être humoriste.
Croc c’est du passé. Il se fait mieux en 2007. Il y a des magasines droles et qui respectent leurs victimes.
Je ne suis pas toujours d’accord avec Jean Charest. Mais son travail est très difficile. Il ne peut pas plaire à tout le monde. C’est correct de le caricaturer et de l’imiter. Mais ce n’est pas une raison de le comparer à une personne qui a le quotient intellectuel de la gagne du magasine Croc.
Ma réplique à Madame Legault, Voir, 2 août, page 8
Dans sa colonne du 2 août, Josée Legault offre une critique bien étoffée sur le sondage ridicule, ou sondage bidon, qui prétendait identifier le plus mauvais Canadien de l’histoire. Elle a parfaitement raison. Cependant, un peu plus loin, elle nous annonce qu’elle aurait plutôt choisi l’ancien premier ministre William Lyon MacKenzie King comme le pire Canadien de l’histoire.
Pour ce, elle s’appuie sur des extraits du journal de ce dernier datant de 1937. Selon ce journal, suite à une rencontre avec Hitler, MacKenzie King exprimait son admiration pour ce dernier. Sans aller dans les détails, il est évident que King avait mal jugé Hitler. Mais il faut se rappeler qu’en 1937, Hitler était vénéré en Allemagne car il avait créé des millions d’emplois – pour fabriquer des armes dans une structure économique sans fondation, mais ça, c’est une autre histoire – et qu’il ne s’était pas encore déchaîné sur l’Europe. Madame Legault évite habilement de mentionner qu’après les prises de possession en Autriche et en Tchécoslovaquie en 1938 et ’39, et l’invasion de la Pologne en ’39, King a totalement changé son fusil d’épaule et a déclaré la guerre à l’Allemagne d’Hitler.
King avait bien ses qualités et ses défauts et n’était sans doute pas le meilleur Canadien, mais de nous le décrire que selon ses vues en 1937 et de négliger celles qui l’ont conduit jusqu’à la fin de sa vie est, pour utiliser un terme que madame Legault utilise elle-même, de la pure désinformation.
Même Dieu ne peut changer l’histoire, mais les historiens, eux, peuvent le faire……!
J’ai lu votre article dans Vigile.net juste après la lecture de deux autres articles de «Qwouibec bashing» du Globe&Mail et du The Independent. C’était rafraichissant et tout-à-fait délectable de vous lire.
Merci !!!
J’aime beaucoup Josée Legault. Vraiment. Mais comme toutes les passionnées, il lui arrive d’écrire avant de creuser son sujet comme elle le devrait.
Un Nazi, MacKenzie King? Et mère Theresa, elle était quoi? Terroriste?
C’est tellement ridicule, bon sang! On pourrait dresser une liste longue comme ça de chefs d’États et de dignitaires qui ont rencontré Hitler et en ont dit du bien avant qu’il ne sombre dans la folie de l’holocauste. Des hommes qui sont passé à l’histoire, pour ce que cela peut valoir. Walt Disney lui-même a échappé le prix Nobel de la paix de très peu durant la seconde guerre pour ses sympathies nazies, et ce alors que les trains roulaient déjà à toute bringue vers Auschwitz…
Oui, Mme Legault, ce sondage de la revue The Beaver est une abomination, tout comme d’ailleurs votre propre choix pour le titre de pire canadien de l’histoire.
Vous parliez de méconnaissance de l’histoire canadienne? De ceux qui ne s’intéressent en rien à leur passé et aux hommes politiques qui l’ont façonné? À ce que je sache, King n’a jamais prôné, du haut de sa fonction, les vertus de l’élimination des juifs. Par contre, il a:
Inventé l’assurance-chômage dont bénéficie des millions de personnes à travers le pays.
Instauré les allocations familiales sans lesquelles des millions de femmes auraient les plus grandes difficultés à boucler leur budget et à nourrir leur famille.
Et finalement, ce nazi que vous aimez à démolir a été le premier à nommer une femme au sénat, dix ans avant que celles-ci ne bénéficient du droit de vote au Québec…
Il y a des féministes qui vous lanceraient des tomates, ma chère dame…
Comme vous le disiez, il est facile de dire n’importe quoi, parfois…